DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.4676#0219
P ERG A ME.
—— —"~
D'après la tradition rapportée par Pausanias (l), Pergame a été fondée par le héros
fils d'Andromaque, nommé Pergamus; et la veuve d'Hector retrouva dans ce nom
un souvenir de la citadelle troyenne. Les premiers siècles de l'existence de Pergame se
perdent dans les ténèbres de l'antiquité. La première mention qui remonte aux temps
historiques se trouve consignée dans le récit de Xénophon (2). Ce général trouva chez
les frères Gorgion et Gongyle une généreuse hospitalité, et partit de Pergame pour faire
quelques excursions contre les Perses, maîtres de la contrée.
La position formidable du château de Pergame avait été remarquée par Lysimaque,
qui le choisit pour y déposer ses trésors, estimés 9000 talents, ou 47?ooo,ooo de fr. Il
en confia la garde à Philétère de Tyane, en Cappadoce. Ce personnage, qui d'un poste su-
balterne devait bientôt s'élever à la souveraine puissance, était eunuque, par suite d'un
accident qu'il avait éprouvé dans son enfance; il avait eu pour maître Docime, offi-
cier de l'armée d'Antigone. Docime, étant passé au service de Lysimaque, emmena avec
lui Philétère, qui captiva Lysimaque par son esprit d'ordre et d'économie : aussi Lysima-
que le choisit-il pour son trésorier, et lui donna le commandement du château de Per-
game, où était renfermé le précieux dépôt. Le prince grec n'eut qu'à se louer de la fidélité
de son grand trésorier; mais celui-ci, menacé d'une disgrâce prochaine, par suite des in-
trigues d'Arsinoé, femme de Lysimaque, n'imagina d'autre moyen de se sauver que de se
déclarer indépendant. Tout dessein de ce genre trouvait infailliblement un appui parmi
les princes grecs tous rivaux ou jaloux les uns des autres. Séleucus fournit à Philétère les
moyens de se rendre maître de Pergame, et après la mort de ce prince, le banquier se
vit en possession du rang suprême, sans combattre ses ennemis autrement que par le
moyen d'intrigues habilement ourdies, et qui lui permirent de jouir pendant vingt ans
d'un pouvoir peu contesté.
Il est à remarquer que, dans l'antiquité, on voit plusieurs exemples d'eunuques qui,
sortis d'une condition obscure, finissent par arriver au premier rang ; et, dans les temps
modernes, l'Orient en fournirait de non moins nombreux. Agha Mohamed Khan ne fut-il
pas le fondateur de la dynastie des Khadjars, qui régnent en Perse?
Plus heureux qu'Hermias, le maître d'Assos, Philétère, légua le gouvernement de Pergame
à son neveu Eumène, et ce prince, qui brillait par des qualités solides, sut défendre glorieuse-
ment l'héritage qu'il venait d'acquérir. Les attaques dont il fut l'objet de la part d'Antiochus
Soter n'eurent pour résultat que d'augmenter sa puissance. Eumène remporta, près de
Sardes, une grande victoire qui le rendit paisible possesseur du pays. Il gouverna pendant
vingt-deux ans (mort 224 ans avant J.-C). Attale, son successeur et son cousin, était fils
,! Locp citato, nage 2|6, note i. (2) Anabasis, VII', 8,4-
55
lOMB II.
—— —"~
D'après la tradition rapportée par Pausanias (l), Pergame a été fondée par le héros
fils d'Andromaque, nommé Pergamus; et la veuve d'Hector retrouva dans ce nom
un souvenir de la citadelle troyenne. Les premiers siècles de l'existence de Pergame se
perdent dans les ténèbres de l'antiquité. La première mention qui remonte aux temps
historiques se trouve consignée dans le récit de Xénophon (2). Ce général trouva chez
les frères Gorgion et Gongyle une généreuse hospitalité, et partit de Pergame pour faire
quelques excursions contre les Perses, maîtres de la contrée.
La position formidable du château de Pergame avait été remarquée par Lysimaque,
qui le choisit pour y déposer ses trésors, estimés 9000 talents, ou 47?ooo,ooo de fr. Il
en confia la garde à Philétère de Tyane, en Cappadoce. Ce personnage, qui d'un poste su-
balterne devait bientôt s'élever à la souveraine puissance, était eunuque, par suite d'un
accident qu'il avait éprouvé dans son enfance; il avait eu pour maître Docime, offi-
cier de l'armée d'Antigone. Docime, étant passé au service de Lysimaque, emmena avec
lui Philétère, qui captiva Lysimaque par son esprit d'ordre et d'économie : aussi Lysima-
que le choisit-il pour son trésorier, et lui donna le commandement du château de Per-
game, où était renfermé le précieux dépôt. Le prince grec n'eut qu'à se louer de la fidélité
de son grand trésorier; mais celui-ci, menacé d'une disgrâce prochaine, par suite des in-
trigues d'Arsinoé, femme de Lysimaque, n'imagina d'autre moyen de se sauver que de se
déclarer indépendant. Tout dessein de ce genre trouvait infailliblement un appui parmi
les princes grecs tous rivaux ou jaloux les uns des autres. Séleucus fournit à Philétère les
moyens de se rendre maître de Pergame, et après la mort de ce prince, le banquier se
vit en possession du rang suprême, sans combattre ses ennemis autrement que par le
moyen d'intrigues habilement ourdies, et qui lui permirent de jouir pendant vingt ans
d'un pouvoir peu contesté.
Il est à remarquer que, dans l'antiquité, on voit plusieurs exemples d'eunuques qui,
sortis d'une condition obscure, finissent par arriver au premier rang ; et, dans les temps
modernes, l'Orient en fournirait de non moins nombreux. Agha Mohamed Khan ne fut-il
pas le fondateur de la dynastie des Khadjars, qui régnent en Perse?
Plus heureux qu'Hermias, le maître d'Assos, Philétère, légua le gouvernement de Pergame
à son neveu Eumène, et ce prince, qui brillait par des qualités solides, sut défendre glorieuse-
ment l'héritage qu'il venait d'acquérir. Les attaques dont il fut l'objet de la part d'Antiochus
Soter n'eurent pour résultat que d'augmenter sa puissance. Eumène remporta, près de
Sardes, une grande victoire qui le rendit paisible possesseur du pays. Il gouverna pendant
vingt-deux ans (mort 224 ans avant J.-C). Attale, son successeur et son cousin, était fils
,! Locp citato, nage 2|6, note i. (2) Anabasis, VII', 8,4-
55
lOMB II.