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(a.8)
d'Attale et d'Antiochide. C'est lui qui fut le premier proclamé roi, après une grande
victoire qu'il remporta sur les Galates (1). Il fut l'allié du peuple romain, et l'ennemi de
Philippe. Ce dernier dirigea un corps d'armée contre Attale, et tenta de s'emparer de
Pergame; tous ses efforts dans l'attaque de cette ville ayant été inutiles, il tourna sa rage
contre les dieux, et, ne se contentant pas de brûler leurs temples, il brisait leurs statues,
renversait les autels, et arrachait les pierres jusque dans les fondements. Avec l'appui
des Romains, Attale s'était rendu maître de toute l'Asie Mineure, depuis le mont Taurus
jusqu'à l'Hellespont. Il mourut à l'âge de soixante et douze ans, il en avait régné qua-
rante-quatre (2). II laissa quatre fils, Eumène, Attale, Philétère et Athénée, tous nés
d'Apollonis de Cyzique, sa femme.

Eumène succéda à son père; il fut l'allié des Romains dans la guerre contre Antio-
chns et contre Persée, et à chaque victoire il recevait du peuple romain un accroisse-
ment de territoire. Il reçut de plus d'Antiochus la somme de quatre cents talents, tant
pour ce qui lui était dû que pour le blé que son père avait fourni au roi de Syrie. Ce-
pendant des soupçons s'étant élevés contre lui, les Romains étaient plutôt disposés à le
ranger parmi leurs ennemis que parmi les alliés sincères; mais comme on n'avait au-
cune preuve certaine, on envoya Tib. Gracchus en Asie comme commissaire, pour exa-
miner la conduite de ce prince, et, sur le témoignage qu'il en donna, les Romains ren-
dirent à Eumène, leur amitié. Les ambassadeurs du peuple romain étant venus débarquer
au port d'Elée, se rendirent à Pergame, près du roi Eumène, pour demander la statue
de la grande déesse de Pessinunte (3).

La ville de Pergame dut à Eumène des accroissements considérables; il répara les
ravages des dernières guerres, construisit des monuments magnifiques qui existaient en-
core lorsque Strabon écrivait (4). C'est ce prince qui fut le fondateur de celte bibliothèque
célèbre dont la perte est regrettée depuis tant de siècles. Afin de donner aux copistes
les moyens les plus faciles pour reproduire les œuvres littéraires, il créa des fabriques
de peaux préparées pour recevoir l'écriture, et qui depuis ce temps-là ont conservé le
nom de la ville où cette industrie avait pris naissance, Pergamenœ chartœ, dont nous avons
fait le mot parchemin. La difficulté de se procurer les tablettes, de quelque nature
qu'elles soient, destinées à recevoir l'écriture, a plus arrêté l'essor de la reproduction des
livres que la nécessité de les copier à la main. Les préparations du papvrus étaient lon-
gues, le produit très-limité et très-imparfait: aussi l'exportation de ce papier fut-elle
prohibée par les rois d'Egypte; ce qui porta les Attales à favoriser les fabriques de par-
chemin. La ville de Pergame se distingue encore par l'habileté de ses maroquiniers; les
bords duSelinus sont couverts de fabriques de tanneries et de mégisseries, et cette mo-
deste industrie, qui dans son principe fut si utile aux lettres, pourrait plus qu'aucune
autre réclamer des titres de noblesse, eu égard à l'antiquité de son origine et à un exer-
cice non interrompu pendant plus de vingt siècles.

Rien ne peut mieux donner une idée de l'organisation du corps des copistes dans l'anti-
quité, que la corporation des copistes turcs de Constantinople. On se rend facilement
compte , en les voyant à l'œuvre, de la facilité avec laquelle un ouvrage pouvait se repro-
duire. Tout livre en renom, et le Coran est plus qu'aucun autre dans cette catégorie,
a une légion de copistes qui ne s'occupent que de sa transcription. Ils sont tellement ha-
bitués à leur caractère, à leur format, que pas une ligne, pas un mot ne dépasse la page;

(I) Voy. Phrygie, Galatie, tom. I, p. 86. (0 Tite-Live, liv. IX, c!i. 2.

<« Polybe, XVIII, 24. Strabon, liv. XIII , (Ja/j. (4) XIII, G24.
 
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