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https://doi.org/10.11588/diglit.4676#0066
(64)
LE MÊLAS.
OBSERVATIONS DES GÉOGRAPHES MODERNES.
La question géographique soulevée sur le cours du Mêlas, et l'importance d'une solu-
tion claire et absolue d'un problème qui était resté inexpliqué jusqu'à ces derniers temps,
avaient vivement intéressé les savants de l'Europe. M. le capitaine Callier, qui m'avait pré-
cédé en Cappadoce, et M. Hamilton, qui parcourait la contrée deux ans après moi,
étaient tombés d'accord pour regarder le Kara-Sou comme communiquant directement
avec Kizil-Irmak. Cependant les sources du Tokma-Sou, qui se jette dans l'Euphrate
près Malathia, n'étaient pas encore connues ; aussi la Société géographique de Paris
s'empressa-t-elle de donner des instructions aux voyageurs qui se dirigeaient vers ces con-
trées, pour lever toute espèce de doute à ce sujet.
Le capitaine Callier rédigea pour M. Ainsworth des instructions que cet habile géo-
graphe suivit en tout point, et aujourd'hui il n'y a plus moyen de douter que le texte
de Strabon ne renferme une erreur capitale, et dans laquelle sont tombés tous les géo-
graphes qui, jusqu'à ces derniers temps, ont parlé de l'hydrographie de cette partie
de l'Asie.
J'avais dit qu'à l'époque de l'année où je visitais la Cappadoce, le grand marais du
Kara-Sou était presque entièrement à sec, et que j'avais cru reconnaître un canal fait de
main d'homme, qui conduisait les eaux vers un défilé (qui a été reconnu depuis comme
le défilé bouché par Ariarathe) ; mais les renseignements que je pris sur les lieux ne
m'éclairèrent point sur l'état de la question. J'avais d'ailleurs reconnu tant d'exactitude
dans les renseignements géographiques donnés par Strabon, que j'aurais plutôt ajouté
foi à un changement dans le cours de cette petite rivière ; changement d'autant plus
facile à supposer, que le pays a été de tout temps sujet à des éruptions volcaniques et à
des tremblements de terre assez fréquents. Ce fait n'est pas d'ailleurs inouï en géo-
graphie; le Pyramus a changé de cours, et son embouchure dans la Méditerranée est à
plus de huit lieues de l'ancienne (1). Il n'est pas nécessaire de citer ici le cours de l'Oxus
et celui du fleuve Jaune.
Sur ces entrefaites, M. le comte Durfort de Civrac partit aussi pour l'Asie; la Société
de géographie le mit également au fait de la question, et il envoya de Bagdad le résultat
de ses observations. Les rapports de ces deux voyageurs ont été publiés par M. Callier
dans le Bulletin de la Société de géographie; ils complètent la connaissance de la plaine
de Cappadoce, et résolvent définitivement une question qui était restée en suspens jus-
qu'à ce jour. Mais aujourd'hui il me reste un doute que je voudrais être à même
d'éclaircir, et qui touche le cours du Carmalas ; je laisse aux voyageurs futurs le soin
pe résoudre la question de savoir si, en effet, le Carmalas est un affluent de l'Eu-
:i) Voyez la carte de Hamilton.
LE MÊLAS.
OBSERVATIONS DES GÉOGRAPHES MODERNES.
La question géographique soulevée sur le cours du Mêlas, et l'importance d'une solu-
tion claire et absolue d'un problème qui était resté inexpliqué jusqu'à ces derniers temps,
avaient vivement intéressé les savants de l'Europe. M. le capitaine Callier, qui m'avait pré-
cédé en Cappadoce, et M. Hamilton, qui parcourait la contrée deux ans après moi,
étaient tombés d'accord pour regarder le Kara-Sou comme communiquant directement
avec Kizil-Irmak. Cependant les sources du Tokma-Sou, qui se jette dans l'Euphrate
près Malathia, n'étaient pas encore connues ; aussi la Société géographique de Paris
s'empressa-t-elle de donner des instructions aux voyageurs qui se dirigeaient vers ces con-
trées, pour lever toute espèce de doute à ce sujet.
Le capitaine Callier rédigea pour M. Ainsworth des instructions que cet habile géo-
graphe suivit en tout point, et aujourd'hui il n'y a plus moyen de douter que le texte
de Strabon ne renferme une erreur capitale, et dans laquelle sont tombés tous les géo-
graphes qui, jusqu'à ces derniers temps, ont parlé de l'hydrographie de cette partie
de l'Asie.
J'avais dit qu'à l'époque de l'année où je visitais la Cappadoce, le grand marais du
Kara-Sou était presque entièrement à sec, et que j'avais cru reconnaître un canal fait de
main d'homme, qui conduisait les eaux vers un défilé (qui a été reconnu depuis comme
le défilé bouché par Ariarathe) ; mais les renseignements que je pris sur les lieux ne
m'éclairèrent point sur l'état de la question. J'avais d'ailleurs reconnu tant d'exactitude
dans les renseignements géographiques donnés par Strabon, que j'aurais plutôt ajouté
foi à un changement dans le cours de cette petite rivière ; changement d'autant plus
facile à supposer, que le pays a été de tout temps sujet à des éruptions volcaniques et à
des tremblements de terre assez fréquents. Ce fait n'est pas d'ailleurs inouï en géo-
graphie; le Pyramus a changé de cours, et son embouchure dans la Méditerranée est à
plus de huit lieues de l'ancienne (1). Il n'est pas nécessaire de citer ici le cours de l'Oxus
et celui du fleuve Jaune.
Sur ces entrefaites, M. le comte Durfort de Civrac partit aussi pour l'Asie; la Société
de géographie le mit également au fait de la question, et il envoya de Bagdad le résultat
de ses observations. Les rapports de ces deux voyageurs ont été publiés par M. Callier
dans le Bulletin de la Société de géographie; ils complètent la connaissance de la plaine
de Cappadoce, et résolvent définitivement une question qui était restée en suspens jus-
qu'à ce jour. Mais aujourd'hui il me reste un doute que je voudrais être à même
d'éclaircir, et qui touche le cours du Carmalas ; je laisse aux voyageurs futurs le soin
pe résoudre la question de savoir si, en effet, le Carmalas est un affluent de l'Eu-
:i) Voyez la carte de Hamilton.