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( 1(J7 )

La révolte des pachas résidant aux extrémités de l'empire ne se manifeste jamais par
des actes d'une hostilité ouverte; ils cherchent d'abord à se créer des partisans parmi
les délégués de la Porte qui exercent des fonctions autour d'eux, retiennent une partie
des impôts, sous prétexte de les employer à des ouvrages indispensables, et peu à peu
lèvent des troupes, fabriquent des armes; c'est alors que la Porte commence à soupçon-
ner l'esprit de rébellion. Les fonctionnaires étant soumis directement au pacha , qui
exerce un pouvoir militaire et civil, toute espèce de contrôle est impossible au gou-
vernement delà Porte; dans le cas de non obéissance, il est obligé d'envoyer des délé-
gués qui arrivent rarement, et pour cause, ou qui finissent par entrer dans les intérêts
du pacha. Les guerres des émirs n'avaient pas d'autre motif qu'un refus d'impôt;
aussi voyons-nous dans l'histoire ottomane un grand nombre de pachas révoltés pen-
dant plusieurs années, faire leur soumission à la Porte, et vivre ensuite tranquille-
ment, soit dans leur gouvernement, soit paisibles ridjals à Constantinople. La révolte
de Daoud, pacha de Bagdad, en 1825, et celle de Mohammed, pacha de Mossoul, en
1840, se sont terminées de la manière la plus pacifique. Le premier s'était cependant
arrogé un des droits dont les sultans sont le plus jaloux : celui de faire battre monnaie.
Chez les princes seldjoukides, chez les sultans mamelouks et turcs, c'est le signe im-
prescriptible de leur souveraineté. Il fut exercé par quelques princes de la Caramanie,
qui s'en prévalurent comme d'un droit héréditaire.

La défaite du sultan Bayazid, vaincu par Timour, avait, pour ainsi dire, rendu la liberté
à tous ces petits princes, issus du démembrement de l'empire seldjoukide. Nigdé, éloignée
de toutes les grandes villes, resta comme la capitale de ce district, et les monuments mu-
sulmans qu'elle renferme indiquent que les sciences y furent cultivées; car les médrécés, à
cette époque florissante de l'islamisme, n'étaient pas de pauvres établissements, dont les
écoliers, dotés de 20 paras par jour (12 centimes et demi), vont épeler le Coran, pour
le redire ensuite sur les tombes des grands, seule fonction dont la plupart des softas soient
aujourd'hui capables. Les plus savants d'entre les docteurs étaient appelés des extré-
mités de rislam; Bokara, Kachan , Bagdad, envoyaient dans les provinces occidentales
des oulémas qui venaient expliquer la loi. et dont la parole ardente savait prédire
la victoire. Aujourd'hui, dans tout l'empire ottoman, on ne cite pas un seul homme
auquel la science donne la moindre autorité. Le corps des oulémas, sapé par le sultan
Mahmoud, ne se maintient plus que par cette force d'inertie qui soutient toute ruine.
C'est sa destruction complète qui peut seule ouvrir une voie nouvelle à VOrient, par le
commerce plus intime avec les nations européennes; relations qui ne peuvent s'établir
que le jour où l'Européen pourra devenir en Turquie propriétaire foncier. Ce sont les
oulémas qui seront toujours le plus grand obstacle à cette innovation, jaloux qu'ils
sont d'acquérir par le moyen des vakoufs la totalité de la terre cultivable.

Aujourd'hui Nigdé est sous la dépendance d'un simple mutzellim, soumis au pacha de
Césarée. La distance entre ces deux villes est de cinquante -quatre heures de caravane.
De tous les monuments que renferme le village de Kaïa-Bachi, celui qui attire le plus
l'attention a reçu, selon l'opinion des habitants, les cendres d'une fille du sultan
Achmet Ier, qui mourut en cette ville vers l'an 1610, pendant le pèlerinage de la
Mecque qu'elle accomplissait, se rendant à Selefké, dans le but de s'embarquer pour
la Syrie. Cette princesse était très-superstitieuse; il existe à la Bibliothèque royale, au
supplément arabe de Saint-Germain des Prés, un manuscrit contenant des instructions
de magie et de chiromancie, avec des figures coloriées, qui faisait partie de sa biblio-
thèque.
 
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