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( n3 )
trées qu'elles habitent; personne n'élève la voix pour les défendre, et cet état est telle-
ment passé en habitude, qu'il faut longtemps questionner un Turc pour en tirer quel-
ques plaintes; il n'a pas l'idée d'un gouvernement qui ne serait occupé qu'à veiller
aux intérêts de la population; quand je racontais à l'agha de Tyane ce qu'on enlend
par gouvernement, en Europe, il lui semblait que mon imagination faisait tous les
frais du récit.

C'est dans cette zone que Ton commence à observer une certaine modification dans
les races musulmanes. Plus on avance vers le sud, plus le sang arabe se trouve influer
sur le caractère des races. Les chrétiens qui habitent les pentes du Taurus, quoique
divisés en deux communions, l'arménienne et la grecque, sont tous de race arménienne.
Le type des Grecs de l'Ionie et des provinces occidentales s'efface longtemps avant qu'on
arrive dans ces districts. Il faut lire ces caractères sur les traits des habitants ; car on
ne saurait compter trouver chez aucun d'eux les moindres traces d'une généalogie. Le
passé est, en effet, si triste pour ces pauvres gens, qu'ils trouvent une grande consola-
tion à l'oublier, et à se forger pour l'avenir des espérances que l'état actuel de l'Europe
éloigne pour bien longtemps.

Méhémet-Ali occupait alors (septembre 1834) toute 1* Gilicie et les versants méri-
dionaux du Taurus. Les nomades de ces contrées avaient été incorporés dans l'armée
régulière, et l'on commençait à fortifier d'une manière redoutable le passage du Taurus
qui conduit de la Gilicie en Gappadoce.

C'est à ce lieu qu'aboutirent toutes les marches des croisés dans l'Asie Mineure.
Avant eux, toutes les armées qui avaient combattu en Orient, l'expédition du jeune
Cyrus, comme celle d'Alexandre, avaient franchi ces défilés, que les anciens ont appelés
les Portes de la Gilicie. Toute armée maîtresse de ce passage domine en même temps
les deux pays; aussi, toute la politique du vice-roi d'Egypte tendait-elle à s'en emparer,
et déjà des reconnaissances étaient faites par des ingénieurs européens, pour y établir
des fortifications sur les ruines de celles que les anciens avaient élevées dans ces parages.
INous nous arrêtons sur les crêtes élevées du Taurus. Tout le pays situé au delà fait
partie de la Gilicie.

La route de Tyane à Caraman, capitale actuelle de la province, est tracée au milieu
de contrées incultes et arides. Toute l'industrie des habitants, qui y sont temporaire-
ment établis, consiste dans la récolte du nitrate de potasse, qui abonde dans les terrains.
La ville d'Erégli est sur la lisière du pays cultivable; les nombreux ruisseaux qui l'ar-
rosent changent tout à coup la face du paysage. S'il faut chercher à identifier cette petite
place avec une station antique, il suffit de rappeler que les géographes sont assez d'accord
pour la regarder comme occupant l'emplacement de Herculis Vicus, mentionné par Cedre-
nus; mais, aujourd'hui, il ne reste aucun vestige d'antiquité, et les monuments de l'école
arabe sont dans un état complet de délabrement(1). Les jardins qui entourent la ville ne
s'étendent pas à plus d'un mille de ses murailles. Tant que l'irrigation peut alimenter
la végétation, le sol paraît d'une fertilité extrême, et les habitants croient que la nature
saline du terrain, loin de nuire à la production, lui est, au contraire, favorable.

Toutes les eaux qui entourent la ville se réunissent, ainsi que je l'ai dit, dans un
petit lac, qui n'a pendant l'été qu'une médiocre étendue (on l'appelle Ak-Gheul):
mais au printemps, quand la fonte des neiges vient apporter un nouveau tribut aux
terres déjà saturées par les pluies d'automne, alors les eaux s'étendent indéfiniment sur

(l) Voyez ci-dessus, page v.8.

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