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( 'S* )
a établi, par une esquisse topographique, la surface des atterrissenients qui ont pu se
former depuis trente siècles.

Les deux caps qui formaient les extrémités du golfe ont été appelés par les Grecs
cap Sigée et cap Rhcetée ('Poitswv), des deux villes qui furent fondées plus tard dans leur

voisinage.

Ce lieu est désigné par les auteurs grecs sous le nom de Naustathmus (1). Lechevalier
a reconnu que la distance entre ces deux caps était de six mille mètres ou trente-deux
stades, mesure conforme au texte de Pline, mais qui est double dans Strabon. C'est une
erreur du géographe. Déjà les atterrissements étaient sensibles du temps d'Hérodote,
car il les compare à ceux du Delta d'Egypte. « La majeure partie du Delta est une con-
quête que les Égyptiens ont faite sur les eaux. L'espace entre les montagnes qui dominent
Memphis paraît avoir été un golfe de la mer, à peu près comme a pu l'être le pays qui
existe entre Ilium, Teuthrania, Éphèse et les campagnes du Méandre (2). »

A la pointe sud de l'embouchure de l'Hellespont, dans la mer Egée, s'élève un cap
qui fut dans l'antiquité occupé par la ville de Sigée, cité aeolienne fondée après la ruine
de Troie par Archaeanax de Mitylène. Les nouveaux colons prirent les pierres de l'an-
cienne Troie pour construire leur ville, et allèrent chercher leur marbre dans l'île de
Proconnèse, qui était déjà peuplée et puissante- Peu de temps après leur établissement,
les Mytiléniens furent chassés par les Athéniens conduits par Phrynon. Les Sigéens étaient
commandés par Pittacus, l'un des sept sages de la Grèce. Les deux peuples terminèrent
la guerre en prenant pour arbitre Périandre de Corinthe (3). Les Athéniens s'étant de
nouveau emparés de Sigée, Pisistrate en donna le gouvernement à son fils Hégésistrate.
Cette ville était célèbre par un temple de Minerve qui subsista longtemps, quoiqu'elle
eût été abandonnée de ses habitants : In promontorio quondam Sigeum oppidum (4). Il est
à croire que cette destruction doit se rapporter au temps de Lysimaque, qui voulut
donner à la nouvelle Ilium une population nombreuse.

Les voyageurs Chandler et Revett trouvèrent encore à Sigée de nombreux débris du
temple, et copièrent l'inscription du pilastre (5), qui passe pour un des plus anciens mo-
numents épigraphiques de la langue grecque. Aujourd'hui tous ces débris sont disper-
sés, et il est difficile de reconnaître même l'emplacement du temple.

La ville d'Achilleum était située dans le voisinage de Sigée, et non loin sans doute
du lieu où fut enterré le héros qui lui donna son nom.

Le tombeau d'Achille, ou plutôt le tertre que d'un commun accord les anciens ont
regardé comme tel, s'élève sur les bords de l'Hellespont, à l'endroit indiqué par Homère;
mais l'opinion la plus accréditée parmi les antiquaires tend à placer ce monument au nom-
bre des constructions œoliennes (6).

L'embouchure du Simoïs, qui forme aujourd'hui une lagune marécageuse, séparait
autrefois le golfe en deux parties. Dix stades environ avant d'arriver à la mer, ce petit
fleuve recevait les eaux du Scamandre, dont les sources étaient voisines des portes de
la ville.

Les traits bien accentués de cette topographie n'ont pas suffi pour conserver intacts
les souvenirs des lieux. Le cours du Scamandre a été détourné, et ses eaux vont aujour-

(,) Strabon, XHI, 595.
m Hérodote, liv. II, chap. X.
{3) Strabon, liv. XII, 599.
<« Pline, liv. V, chap. XXX.

(5) Chishull, Inscriptiones antiquae.

(6) Voyez Lechevalier, tome II; Ghoiseul Gouffier,
Voyage de la Grèce, tome II.
 
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