SOLIDE.
Si l'on pouvait suivre le fil de l'histoire dans les ténèbres des temps archaïques, on
reconnaîtrait sans doute que, bien avant la guerre de Troie, il s'était déjà établi un mou-
vement de population d'Asie en Europe ou d'Europe en Asie. Les Phrygiens venus de
Troie avaient chassé les fils de Tantale du royaume qu'ils occupaient sur les confins de
l'Asie Mineure. Leur migration en Grèce avait appris aux peuplades du Péloponèse qu'il
existait non loin de leurs côtes un pays accessible aux tribus aventurières. Les compa-
gnons d'Agamemnon n'étaient pas tous retournés en Grèce. Après la ruine de Troie,
quelques-uns d'entre eux avaient fondé des villes, et nous avons vu que Mnesthée et les
Athéniens qui l'avaient suivi sur la côte d'Asie avaient fondé le port et la ville d'Elée.
Les iËoliens, chassés de leur pays par les Thessaliens venus de Thesprotie, n'arrivaient
donc pas dans un pays inconnu. Leur première migration remonte à soixante ans après
la guerre de Troie; elle est contemporaine du retour des Héraclides dans le Pélopo-
nèse. Les premières familles avaient remonté l'Hellespont, et s'étaient arrêtées sur les
bords du Rhyndacus, dans le territoire de Cyzique. Quelques-unes s'étaient fixées dans
les îles notamment à Ténédos et dans la grande Hécatonnèse (1). Mais ce fut surtout
l'île de Lesbos qui devint le siège de la puissance ajolienne. Elle étendait sa protection
sur les différents centres de population jetés sur la côte d'Asie, sans avoir rien à redou-
ter des peuplades barbares et inhabiles à la navigation, qui infestaient ces rivages, les
Trères et les Lélè<yes. Mais, à la faveur d'une communauté d'origine (2), les nouveaux co-
lons obtinrent de la nation pélasge quelques districts situés entre le Caïque et l'Hermus.
Ces derniers possédaient des châteaux et des villes fortifiés, notamment Larissa; mais
ils avaient été fort affaiblis par la guerre de Troie (3\ et les Grecs parvinrent à les domi-
ner, et les incorporèrent dans leurs nouveaux centres de population. Les écrivains grecs
remarquent que le peuple pélasge finit par disparaître à l'époque où les Ioniens et les
vEoliens vinrent s'établir en Asie. Nous devons conclure qu'il s'opéra une fusion entre
ces peuples de même race, tandis que les Trères et les Lélèges furent exterminés par
les Grecs.
Les premiers ^oliens qui s'aventurèrent sur la côte d'Asie étaient conduits par Pen-
thile, fils d'Oreste, roi d'Ar-os. Ils vinrent s'emparer de l'île de Lesbos (4). Les autres Grecs
"> Hérodote, liv. I, chap. CLI. W Strabon, liv. XIII, p. 52a.
w Hérodote, liv. VIT, eh. (XXXVI. - Strabon, w Strabon, liv. XIII, p. GiG. — Pausanias, liv. V,
liv XIII, p. 6o3. ch. IV. — Vell. Paterc., liv. F,cli. I.
61
Tomk H.
Si l'on pouvait suivre le fil de l'histoire dans les ténèbres des temps archaïques, on
reconnaîtrait sans doute que, bien avant la guerre de Troie, il s'était déjà établi un mou-
vement de population d'Asie en Europe ou d'Europe en Asie. Les Phrygiens venus de
Troie avaient chassé les fils de Tantale du royaume qu'ils occupaient sur les confins de
l'Asie Mineure. Leur migration en Grèce avait appris aux peuplades du Péloponèse qu'il
existait non loin de leurs côtes un pays accessible aux tribus aventurières. Les compa-
gnons d'Agamemnon n'étaient pas tous retournés en Grèce. Après la ruine de Troie,
quelques-uns d'entre eux avaient fondé des villes, et nous avons vu que Mnesthée et les
Athéniens qui l'avaient suivi sur la côte d'Asie avaient fondé le port et la ville d'Elée.
Les iËoliens, chassés de leur pays par les Thessaliens venus de Thesprotie, n'arrivaient
donc pas dans un pays inconnu. Leur première migration remonte à soixante ans après
la guerre de Troie; elle est contemporaine du retour des Héraclides dans le Pélopo-
nèse. Les premières familles avaient remonté l'Hellespont, et s'étaient arrêtées sur les
bords du Rhyndacus, dans le territoire de Cyzique. Quelques-unes s'étaient fixées dans
les îles notamment à Ténédos et dans la grande Hécatonnèse (1). Mais ce fut surtout
l'île de Lesbos qui devint le siège de la puissance ajolienne. Elle étendait sa protection
sur les différents centres de population jetés sur la côte d'Asie, sans avoir rien à redou-
ter des peuplades barbares et inhabiles à la navigation, qui infestaient ces rivages, les
Trères et les Lélè<yes. Mais, à la faveur d'une communauté d'origine (2), les nouveaux co-
lons obtinrent de la nation pélasge quelques districts situés entre le Caïque et l'Hermus.
Ces derniers possédaient des châteaux et des villes fortifiés, notamment Larissa; mais
ils avaient été fort affaiblis par la guerre de Troie (3\ et les Grecs parvinrent à les domi-
ner, et les incorporèrent dans leurs nouveaux centres de population. Les écrivains grecs
remarquent que le peuple pélasge finit par disparaître à l'époque où les Ioniens et les
vEoliens vinrent s'établir en Asie. Nous devons conclure qu'il s'opéra une fusion entre
ces peuples de même race, tandis que les Trères et les Lélèges furent exterminés par
les Grecs.
Les premiers ^oliens qui s'aventurèrent sur la côte d'Asie étaient conduits par Pen-
thile, fils d'Oreste, roi d'Ar-os. Ils vinrent s'emparer de l'île de Lesbos (4). Les autres Grecs
"> Hérodote, liv. I, chap. CLI. W Strabon, liv. XIII, p. 52a.
w Hérodote, liv. VIT, eh. (XXXVI. - Strabon, w Strabon, liv. XIII, p. GiG. — Pausanias, liv. V,
liv XIII, p. 6o3. ch. IV. — Vell. Paterc., liv. F,cli. I.
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Tomk H.