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BIOGRAPHIE NATIONALE.
ils se sont placés, ils la dominent tout entière, et répandent autour d’eux une vaste
clarté, aurore d’une ère nouvelle.
Tels furent Bacon, Galilée, Descartes, Newton, Lavoisier, Bordeu, Bichat, qui
ont changé tout d’un coup la face des sciences ; tel fut aussi notre immortel André
Vésale, dont le génie créa l’anatomie de l’homme et préside encore aujourd’hui
à la construction du grand édifice que sa vie trop courte ne lui a pas permis
d’achever.
André Vésale naquit à Bruxelles vers le commencement du xvr siècle, selon quel-
ques auteurs le 30 avril 1513, selon d’autres le 31 décembre 1514. C’est cette der-
nière version qu’ont adoptée les auteurs de la Biographie universelle, en la copiant
deManget, qui affirme que l’anatomiste belge naquit le 31 décembre à cinq heures
six minutes du matin.
Vésale appartenait à une famille où l’enseignement et la pratique de l’art de
guérir étaient héréditaires. Elle était originaire de Wesel, dans le duché de Elèves,
d’où elle prit le nom de Wesele ou de Wessale, quoique son véritable nom fût Wittings.
Le père de Vésale, qui portait également le nom d’André, était pharmacien de la
princesse Marguerite, tante de Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas. Son
grand-père, Evrard Vésale, mathématicien très-habile, était auteur de plusieurs
ouvrages sur la médecine. Le père d’Évrard, le bisaïeul d’André, Jean de Wesele,
avait été médecin de l’empereur Maximilien, et successivement professeur et recteur
magnifique de l’université de Louvain. On rapporte qu’il avait dépensé une partie de
sa fortune à rassembler les manuscrits les plus précieux sur l’art de guérir. Enfin
Jean avait eu pour père Pierre de Wesele, médecin aussi et qui de son temps avait
joui d’une assez grande réputation. Le frère d’André, François Vésale, étudiait égale-
ment l’anatomie; par condescendance pour ses parents, il était entré d’abord dans la
carrière du barreau ; mais bientôt, cédant à un penchant irrésistible, il revint aux
études médicales qu’une mort prématurée l’empêcha de terminer. Si nous sommes
entré dans ces détails de généalogie, c’êst à cause de l’influence salutaire que les
honorables souvenirs de ses aïeux ont dû exercer sur la carrière de notre compa-
triote. Médecin de race, comme il le dit lui-même, il sentit de bonne heure le besoin
de ne pas dégénérer de ses doctes ancêtres.
Destiné à suivre leur noble profession, André fut envoyé très-jeune à Louvain
pour y faire ses humanités. On ne saurait douter des progrès qu’il y fit, puisque à
l’âge de seize à dix-sept ans, outre le latin, qu’il écrivait habituellement avec une
grande pureté, et le grec, qu’il possédait assez bien pour que plus tard il fût chargé
par l’imprimeur vénitien Junta de corriger les épreuves du texte de Galien, il con-
naissait encore la langue arabe. Il ne s’appliqua pas avec moins d’ardeur aux études
physiques et mathématiques : aussi le voyons-nous rechercher avec empressement
le commerce de ceux qui les cultivaient, et se lia-t-il d’une étroite amitié avec son
condisciple Gemma de Groningue, qui devint plus tard le mathématicien le plus dis-
tingué de son époque.
Après avoir terminé son cours de philosophie, André quitta Louvain et se rendit
d’abord à Montpellier, et de là à Paris, pour s’y livrer d’une manière spéciale à l’ana-
tomie et à la chirurgie. C’était vers 1532, de manière qu’il ne pouvait avoir plus de
BIOGRAPHIE NATIONALE.
ils se sont placés, ils la dominent tout entière, et répandent autour d’eux une vaste
clarté, aurore d’une ère nouvelle.
Tels furent Bacon, Galilée, Descartes, Newton, Lavoisier, Bordeu, Bichat, qui
ont changé tout d’un coup la face des sciences ; tel fut aussi notre immortel André
Vésale, dont le génie créa l’anatomie de l’homme et préside encore aujourd’hui
à la construction du grand édifice que sa vie trop courte ne lui a pas permis
d’achever.
André Vésale naquit à Bruxelles vers le commencement du xvr siècle, selon quel-
ques auteurs le 30 avril 1513, selon d’autres le 31 décembre 1514. C’est cette der-
nière version qu’ont adoptée les auteurs de la Biographie universelle, en la copiant
deManget, qui affirme que l’anatomiste belge naquit le 31 décembre à cinq heures
six minutes du matin.
Vésale appartenait à une famille où l’enseignement et la pratique de l’art de
guérir étaient héréditaires. Elle était originaire de Wesel, dans le duché de Elèves,
d’où elle prit le nom de Wesele ou de Wessale, quoique son véritable nom fût Wittings.
Le père de Vésale, qui portait également le nom d’André, était pharmacien de la
princesse Marguerite, tante de Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas. Son
grand-père, Evrard Vésale, mathématicien très-habile, était auteur de plusieurs
ouvrages sur la médecine. Le père d’Évrard, le bisaïeul d’André, Jean de Wesele,
avait été médecin de l’empereur Maximilien, et successivement professeur et recteur
magnifique de l’université de Louvain. On rapporte qu’il avait dépensé une partie de
sa fortune à rassembler les manuscrits les plus précieux sur l’art de guérir. Enfin
Jean avait eu pour père Pierre de Wesele, médecin aussi et qui de son temps avait
joui d’une assez grande réputation. Le frère d’André, François Vésale, étudiait égale-
ment l’anatomie; par condescendance pour ses parents, il était entré d’abord dans la
carrière du barreau ; mais bientôt, cédant à un penchant irrésistible, il revint aux
études médicales qu’une mort prématurée l’empêcha de terminer. Si nous sommes
entré dans ces détails de généalogie, c’êst à cause de l’influence salutaire que les
honorables souvenirs de ses aïeux ont dû exercer sur la carrière de notre compa-
triote. Médecin de race, comme il le dit lui-même, il sentit de bonne heure le besoin
de ne pas dégénérer de ses doctes ancêtres.
Destiné à suivre leur noble profession, André fut envoyé très-jeune à Louvain
pour y faire ses humanités. On ne saurait douter des progrès qu’il y fit, puisque à
l’âge de seize à dix-sept ans, outre le latin, qu’il écrivait habituellement avec une
grande pureté, et le grec, qu’il possédait assez bien pour que plus tard il fût chargé
par l’imprimeur vénitien Junta de corriger les épreuves du texte de Galien, il con-
naissait encore la langue arabe. Il ne s’appliqua pas avec moins d’ardeur aux études
physiques et mathématiques : aussi le voyons-nous rechercher avec empressement
le commerce de ceux qui les cultivaient, et se lia-t-il d’une étroite amitié avec son
condisciple Gemma de Groningue, qui devint plus tard le mathématicien le plus dis-
tingué de son époque.
Après avoir terminé son cours de philosophie, André quitta Louvain et se rendit
d’abord à Montpellier, et de là à Paris, pour s’y livrer d’une manière spéciale à l’ana-
tomie et à la chirurgie. C’était vers 1532, de manière qu’il ne pouvait avoir plus de