DE M. DE V O L T A I R E
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qui me forçait à vous faire aller à Vienne, vous ——
empêche d’y aller, et si avec cela vous êtes content V24.
de votre destmée , je suis allez heureux et je n’ai
plus rien à désirer que de la saute. On me fait espérer
qu’après l’anniversaire de ma petite vérole, je me
porterai bien; mais en attendant, je suis plus mal
que je n’ai jamais été. Il rn’est impossible de sortir
de Paris dans l’état où je suis. Je passe ma vie dans
mon petit appartement ; j’y suis presque toujours
seul , j’y adoucis mes maux par un travail qui
m’amuse sans me satiguer, et par la patience avec
laquelle je sotiffre. Je sis l’effort, ces jours passés,
d’aller à la comédie du paiTé, du présent et de l'avenir;
c’est le Grand qui en est l’auteur. Cela ne vaut pas
le diable; mais cela réussira, parce qu’il y a des
danses et de petits enfans. Jamais la. comédie n’a été
si à la mode. Le public se divertit autant de la petite
troupe qui est restée à Paris , que le roi s’ennuie de
la grande qui est à Fontainebleau.
Dites unpeüàmadame de Bernières quelle devrait
bien m’écrire. Je sais qu’on peut se lasser à la fin
d’avoir un ami comme moi qu’il faut toujours con-
soler. On se dégoûte insensiblement des malheureux.
Je ne serai donc point surpris , quand, à la longue ,
1 amitié de madame de Bernières s’affaiblira pour moi ;
mais dites-lui que je lui suis plus attaché qu’un
homme plus sain que moi ne le peut être, et que je lui
promets pour cet hiver de la saute et delà gaieté.
11 n’y a milles nouvelles ici; mais à la Saint-
Martin, je crois qu’on saura de mes nouvelles dans
Paris.
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qui me forçait à vous faire aller à Vienne, vous ——
empêche d’y aller, et si avec cela vous êtes content V24.
de votre destmée , je suis allez heureux et je n’ai
plus rien à désirer que de la saute. On me fait espérer
qu’après l’anniversaire de ma petite vérole, je me
porterai bien; mais en attendant, je suis plus mal
que je n’ai jamais été. Il rn’est impossible de sortir
de Paris dans l’état où je suis. Je passe ma vie dans
mon petit appartement ; j’y suis presque toujours
seul , j’y adoucis mes maux par un travail qui
m’amuse sans me satiguer, et par la patience avec
laquelle je sotiffre. Je sis l’effort, ces jours passés,
d’aller à la comédie du paiTé, du présent et de l'avenir;
c’est le Grand qui en est l’auteur. Cela ne vaut pas
le diable; mais cela réussira, parce qu’il y a des
danses et de petits enfans. Jamais la. comédie n’a été
si à la mode. Le public se divertit autant de la petite
troupe qui est restée à Paris , que le roi s’ennuie de
la grande qui est à Fontainebleau.
Dites unpeüàmadame de Bernières quelle devrait
bien m’écrire. Je sais qu’on peut se lasser à la fin
d’avoir un ami comme moi qu’il faut toujours con-
soler. On se dégoûte insensiblement des malheureux.
Je ne serai donc point surpris , quand, à la longue ,
1 amitié de madame de Bernières s’affaiblira pour moi ;
mais dites-lui que je lui suis plus attaché qu’un
homme plus sain que moi ne le peut être, et que je lui
promets pour cet hiver de la saute et delà gaieté.
11 n’y a milles nouvelles ici; mais à la Saint-
Martin, je crois qu’on saura de mes nouvelles dans
Paris.