D E M.
DE VOLTAIRE.
LETTRE XXXI.
^7
A MADAME
LA PRESIDENTE DE BERNIERES.
A Londres, 16 octobre.
Je n’ai reçu qu’hier, Madame, votre lettre du —-
3 de septembre dernier. Les maux viennent bien
vite , et les consolations bien tard. C’en elt une pour
moi très-touchante que votre souvenir : la prosonde
solitude où je suis retiré ne m’a pas permis de la
recevoir plutôt. Je viens à Londres pour un moment;
je profite de cet instant pour avoir le plaisir de vous
écrire , et je m’en retourne sur le champ dans ma
retraite.
Je vous souhaite du fond de ma tanière une
vieheureuse et tranquille, des affaires en bon ordre,
un petit nombre d’amis, de la santé, et un prosond
mépris pour ce qu’on appelle vanité. Je vous par-
donne d’avoir été à l’opéra avec le chevalier de Rohan,
pourvu que vous en ayez senti quelque consusion.
Réjouissez-vous le plus que vous pourrez à la
campagne et à la ville. Souvenez-vous quelquefois
de moi avec vos amis, et mettez la consiance dans
l’amitié au nombre de vos vertus1. Peut-être que
ma destinée me rapprochera un jour de vous.
Laissez-moi espérer que l’absence ne m’aura point
entièrement essacé dans votre idée , et que je pourrai
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DE VOLTAIRE.
LETTRE XXXI.
^7
A MADAME
LA PRESIDENTE DE BERNIERES.
A Londres, 16 octobre.
Je n’ai reçu qu’hier, Madame, votre lettre du —-
3 de septembre dernier. Les maux viennent bien
vite , et les consolations bien tard. C’en elt une pour
moi très-touchante que votre souvenir : la prosonde
solitude où je suis retiré ne m’a pas permis de la
recevoir plutôt. Je viens à Londres pour un moment;
je profite de cet instant pour avoir le plaisir de vous
écrire , et je m’en retourne sur le champ dans ma
retraite.
Je vous souhaite du fond de ma tanière une
vieheureuse et tranquille, des affaires en bon ordre,
un petit nombre d’amis, de la santé, et un prosond
mépris pour ce qu’on appelle vanité. Je vous par-
donne d’avoir été à l’opéra avec le chevalier de Rohan,
pourvu que vous en ayez senti quelque consusion.
Réjouissez-vous le plus que vous pourrez à la
campagne et à la ville. Souvenez-vous quelquefois
de moi avec vos amis, et mettez la consiance dans
l’amitié au nombre de vos vertus1. Peut-être que
ma destinée me rapprochera un jour de vous.
Laissez-moi espérer que l’absence ne m’aura point
entièrement essacé dans votre idée , et que je pourrai
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