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84 RECUEIL DES LETTRES
Je me bornerai, je crois, à dire que monsieur de
Cambrai s’est trompé quand il a assuré que nos vers à
rime plate ennuyaient surementà lalongue, et que
.l’harmonie des vers lyriques pouvait se soutenir plus
long-temps. Cette opinion de IVL de Fénelon afavorisé
le mauvais goût de bien des gens,qui,ne pouvant faire
des vers,ont été bien aises de croire qu’on n’en pouvait
réellement pas faire en notre langue. IVL de Fénelon lui-
même était du nombre de ces impuissans qui disent
que les c.. .. ne sont bonnes à rien. Il condamnait'
•notre poésie , parce qu’il ne pouvait écrire qu’eu
prose ; il n’avait nulle connaissance du rhythme et
de ses différentes césures. ni de toutes les finesses qui
varient la cadence de nos grands vers. Il y a bien
paru quand il a voulu être poète autrement qu’en
prose.Ses vers sont fort au-dessous de ceux de Dan ches:..
Cependant tous nos stériles partisans de la prose
triomphent d’avoir dans leur parti l'auteur du
Télémaque, et vous disent hardiment qu’il y a dans
nos vers une monotonie insupportable.
Je conviens bien que cette monotonie est dans
leurs écrits, mais j’ai assez d’amour propre pour nier
tout net qu’elle se trouve dans ceux de votre serviteur.
Toujours sais-je bien que je ne la trouverai pas dans
l’opéra que je vous exhorte à finir de tout mon cœur.
J’ai prié M. de Formant de vous donner de temps en
temps quelque petit coup d’aiguillon. Je lui ai écrit
amplement. A l’égard du peu de vers anglais qui peu-
vent se trouver dans l’Essai sur la poésie épique, Jore
n’aura qu’à m’envoyer la feuille par la poste ; on a
réponse en vingt-quatre heures ; c’est une chose qui
,ne doit pas faire de dissiculté. J’aimerais bien mieux
84 RECUEIL DES LETTRES
Je me bornerai, je crois, à dire que monsieur de
Cambrai s’est trompé quand il a assuré que nos vers à
rime plate ennuyaient surementà lalongue, et que
.l’harmonie des vers lyriques pouvait se soutenir plus
long-temps. Cette opinion de IVL de Fénelon afavorisé
le mauvais goût de bien des gens,qui,ne pouvant faire
des vers,ont été bien aises de croire qu’on n’en pouvait
réellement pas faire en notre langue. IVL de Fénelon lui-
même était du nombre de ces impuissans qui disent
que les c.. .. ne sont bonnes à rien. Il condamnait'
•notre poésie , parce qu’il ne pouvait écrire qu’eu
prose ; il n’avait nulle connaissance du rhythme et
de ses différentes césures. ni de toutes les finesses qui
varient la cadence de nos grands vers. Il y a bien
paru quand il a voulu être poète autrement qu’en
prose.Ses vers sont fort au-dessous de ceux de Dan ches:..
Cependant tous nos stériles partisans de la prose
triomphent d’avoir dans leur parti l'auteur du
Télémaque, et vous disent hardiment qu’il y a dans
nos vers une monotonie insupportable.
Je conviens bien que cette monotonie est dans
leurs écrits, mais j’ai assez d’amour propre pour nier
tout net qu’elle se trouve dans ceux de votre serviteur.
Toujours sais-je bien que je ne la trouverai pas dans
l’opéra que je vous exhorte à finir de tout mon cœur.
J’ai prié M. de Formant de vous donner de temps en
temps quelque petit coup d’aiguillon. Je lui ai écrit
amplement. A l’égard du peu de vers anglais qui peu-
vent se trouver dans l’Essai sur la poésie épique, Jore
n’aura qu’à m’envoyer la feuille par la poste ; on a
réponse en vingt-quatre heures ; c’est une chose qui
,ne doit pas faire de dissiculté. J’aimerais bien mieux