.53 Livre I, Chapitre III.
froides que dans les pays chauds. Si donc les Chinois , les Ja-
ponois, les Groenlandois et plusieurs nations de F Amérique man-
quent de lettres , c'est dans le même principe qu'il faut en
chercher la cause (1). De-là vient aussi que les langues du
Nord sont composées de tant de monosyllabes et hérissées de
tant de consonnes, que la combinaison et la prononciation
en deviennent , sinon impossibles , du moins très-difficiles aux
autres nations.
§. 5. Un célèbre écrivain du commencement de ce siècle ,
cherche la différence des dialectes de la langue italienne, dans
la tissure et dans la conformation des organes de la parole (2).
En partant de ce principe, il dit que les Lombards, nés dans les
contrées les plus froides de l'Italie, ont une prononciation rude
et syncopée ; que les Toscans et les Romains , qui habitent un
climat plus tempéré , parlent d'un ton plus plein et plus mesuré ;
et que les Napolitains, placés sous ciel encore plus chaud,
articulent les mots avec la bouche très-ouverte , et font plus
sonner les voyelles que les Romains (3). Ceux qui sont dans le
cas de voir des hommes de différentes nations , les distinguent
aussi parfaitement par les traits de la physionomie que par les
sons de la parole : ce caractère distinctif se conserve même
encore dans les enfans, quoique transplantés jeunes dans d'au-
tres pays par leurs pareils (4).
(1) Wœldicke, De ling. Groenl.p. \L\l\. par la configuration du corps ; et cette
(2) Gravina, Rag. poet. I. ij, p. 144* prétendue ressemblance , qui subsistoit
Gravina rapporte et approuve le senti- encore après plusieurs siècles , leur ser-
ment de Castelvetro. C. F. voit d'argument pour prouver que les
(3) Cette opinion ne semble pas suffi- Grecs dévoient leur origine à une colo-
samment fondée au chevalier Bettineili. nie égyptienne. En changeant de climat,
Voyez Risorg. d'Ital. part, ij , ci, leur tempéramment doit nécessairement
pag. 26, not. b. E. M. avoir éprouvé aussi plus ou moins d'al-
(4) Les Egyptiens, comme le dit Dio- tération , et par conséquent leurs descen-
dore de Sicile , ( /. j, sect. 20,. ) préten- dans ont dû perdre beaucoup de leur
doient que les Grecs leur ressembloient, constitution primordiale , ainsi qu'on le
tant par les usages et les coutumes , que voit à Rome. Si le peuple hébreu a cons-
froides que dans les pays chauds. Si donc les Chinois , les Ja-
ponois, les Groenlandois et plusieurs nations de F Amérique man-
quent de lettres , c'est dans le même principe qu'il faut en
chercher la cause (1). De-là vient aussi que les langues du
Nord sont composées de tant de monosyllabes et hérissées de
tant de consonnes, que la combinaison et la prononciation
en deviennent , sinon impossibles , du moins très-difficiles aux
autres nations.
§. 5. Un célèbre écrivain du commencement de ce siècle ,
cherche la différence des dialectes de la langue italienne, dans
la tissure et dans la conformation des organes de la parole (2).
En partant de ce principe, il dit que les Lombards, nés dans les
contrées les plus froides de l'Italie, ont une prononciation rude
et syncopée ; que les Toscans et les Romains , qui habitent un
climat plus tempéré , parlent d'un ton plus plein et plus mesuré ;
et que les Napolitains, placés sous ciel encore plus chaud,
articulent les mots avec la bouche très-ouverte , et font plus
sonner les voyelles que les Romains (3). Ceux qui sont dans le
cas de voir des hommes de différentes nations , les distinguent
aussi parfaitement par les traits de la physionomie que par les
sons de la parole : ce caractère distinctif se conserve même
encore dans les enfans, quoique transplantés jeunes dans d'au-
tres pays par leurs pareils (4).
(1) Wœldicke, De ling. Groenl.p. \L\l\. par la configuration du corps ; et cette
(2) Gravina, Rag. poet. I. ij, p. 144* prétendue ressemblance , qui subsistoit
Gravina rapporte et approuve le senti- encore après plusieurs siècles , leur ser-
ment de Castelvetro. C. F. voit d'argument pour prouver que les
(3) Cette opinion ne semble pas suffi- Grecs dévoient leur origine à une colo-
samment fondée au chevalier Bettineili. nie égyptienne. En changeant de climat,
Voyez Risorg. d'Ital. part, ij , ci, leur tempéramment doit nécessairement
pag. 26, not. b. E. M. avoir éprouvé aussi plus ou moins d'al-
(4) Les Egyptiens, comme le dit Dio- tération , et par conséquent leurs descen-
dore de Sicile , ( /. j, sect. 20,. ) préten- dans ont dû perdre beaucoup de leur
doient que les Grecs leur ressembloient, constitution primordiale , ainsi qu'on le
tant par les usages et les coutumes , que voit à Rome. Si le peuple hébreu a cons-