POUR LE PREMIER YoLUME.
ADDITION
F
LETTRE DE MILORD MONTAGU A WINKELMANN,
Ecrite de Pise, le 5 Février 1766.
Page 181 , fin de la note 2 de la page 180.
§. 1. Je reçois toutes vos lettres avec un plaisir infini , mon cher abbé , sur-
tout lorsqu'il s'agit de discussions sur les antiquités. Aujourd'hui vous me parlez
d'objets très-intéressans ; et quoique je sois peu en état de répondre à toutes
vos questions , je vous entretiendrai , comme vous le desirez , i°. des lieux où
se trouve le porphyre ; a0, des monumens de porphyre qu'on rencontre dans les
ruines de l'Egypte.
§. a. Je n'ai vu aucun massif, ni aucune carrière de porphyre dans tout le
trajet du Caire au mont Sinaï ; tout est granit de diverses couleurs ; mais le plus
commun est celui de couleur rosacée. Au-delà du mont Sinaï proprement dit,
qui est aussi de granit , et à environ une heure de marche , on trouve le mont
Sainte-Catherine ; c'est-là que commencent les massifs de porphyre. D'abord on
rencontre à la base de ladite montagne une pierre qui n'a point de caractère pré-
cis ; mais après trois-quarts-d heure de marche , c'est-à-dire, au quart environ de
toute la hauteur de cette montagne, on découvre de grands rochers de porphyre.
Ce n'est pas certainement un porphyre de la première qualité ; les granules sont
d'un blanc fort terne et très-peu adhérentes au fond qui s'égraine assez facilement :
aussi voit-on sur ce fond beaucoup de trous, qui sont les vides des granules qui
manquent, et la couleur rouge du fond est fort pâle , et sans aucun éclat. On
trouve outre cela, sur ce fond beaucoup d'arborisations, à-peu-près comme sur
les agates ; mais on n'en voit plus quand on est parvenu à la moitié de la hau-
teur du mont Sainte-Catherine. Les granules sont alors plus régulières , plus com-
pactes , et plus blanches , et le fond est plus ferme et plus solide. Mais nulle
part je n'ai rencontré des rochers d'un beau porphyre, tant pour le ton de cou-
leur du fond, que pour la régularité et la blancheur des taches ou granules. Je
présume cependant que si l'on creusoit dans l'intérieur de la montagne , on pour-
ADDITION
F
LETTRE DE MILORD MONTAGU A WINKELMANN,
Ecrite de Pise, le 5 Février 1766.
Page 181 , fin de la note 2 de la page 180.
§. 1. Je reçois toutes vos lettres avec un plaisir infini , mon cher abbé , sur-
tout lorsqu'il s'agit de discussions sur les antiquités. Aujourd'hui vous me parlez
d'objets très-intéressans ; et quoique je sois peu en état de répondre à toutes
vos questions , je vous entretiendrai , comme vous le desirez , i°. des lieux où
se trouve le porphyre ; a0, des monumens de porphyre qu'on rencontre dans les
ruines de l'Egypte.
§. a. Je n'ai vu aucun massif, ni aucune carrière de porphyre dans tout le
trajet du Caire au mont Sinaï ; tout est granit de diverses couleurs ; mais le plus
commun est celui de couleur rosacée. Au-delà du mont Sinaï proprement dit,
qui est aussi de granit , et à environ une heure de marche , on trouve le mont
Sainte-Catherine ; c'est-là que commencent les massifs de porphyre. D'abord on
rencontre à la base de ladite montagne une pierre qui n'a point de caractère pré-
cis ; mais après trois-quarts-d heure de marche , c'est-à-dire, au quart environ de
toute la hauteur de cette montagne, on découvre de grands rochers de porphyre.
Ce n'est pas certainement un porphyre de la première qualité ; les granules sont
d'un blanc fort terne et très-peu adhérentes au fond qui s'égraine assez facilement :
aussi voit-on sur ce fond beaucoup de trous, qui sont les vides des granules qui
manquent, et la couleur rouge du fond est fort pâle , et sans aucun éclat. On
trouve outre cela, sur ce fond beaucoup d'arborisations, à-peu-près comme sur
les agates ; mais on n'en voit plus quand on est parvenu à la moitié de la hau-
teur du mont Sainte-Catherine. Les granules sont alors plus régulières , plus com-
pactes , et plus blanches , et le fond est plus ferme et plus solide. Mais nulle
part je n'ai rencontré des rochers d'un beau porphyre, tant pour le ton de cou-
leur du fond, que pour la régularité et la blancheur des taches ou granules. Je
présume cependant que si l'on creusoit dans l'intérieur de la montagne , on pour-