pour le premier V o l u m e. 5y5
ADDITION
B.
Page 34 , note 5.
Del ivoire chez les anciens, et de son emploi dans les ouvrages de l'art.
Par M. Heyne,
Conseiller de Sa Majesté Britannique, et Professeur à l'Université
de Gottingue.
1. Le goût n'étant pas le même dans tous les tems , il ne faut s'étonner de
ce que l'ivoire , si peu estimé de nos jours , ait été d'un très-grand prix chez
les anciens ; de sorte qu'il fut employé aux ouvrages les plus précieux , sur-tout
aux statues des dieux. Pline (1) , en parlant de l'éléphant, dit : « Ses dents sont
« fort précieuses , et on les regarde comme la matière la plus digne pour repré-
« senter les divinités. » Nous examinerons ici ce goût des anciens , en dévelop-
pant les causes qui ont donné plus ou moins de valeur à l'ivoire. Ces recherches
nous fourniront l'occasion de parler de son emploi dans les ouvrages de l'art ,
principalement pour des statues de grandeur colossale. Nous y ajouterons quelques
remarques sur sa nature , sur les moyens de le conserver , et sur son commerce.
§. 2. Il paroît que les peuples de l'Orient ont choisi pour premiers essais de
l'art des matières précieuses ; car quoiqu'il soit fait de bonne heure mention de
statues de dieux exécutées en bois et en pierre , cependant tous les ouvrages
remarquables dont les anciens auteurs ont conservé le souvenir étoient faites en or.
§0 3. On pourroit sans difficulté mettre ces colosses d'or que Diodore de
Sicile ( 2 ) dit qne possédoient les Assyriens et les Babyloniens , au rang des fables
que cet historien attribue , ainsi que Trogue-Pompée , à Bélus et à Sémi-
ramis , d'après Ctésias , si on ne vouloit pas regarder comme véritable , ce
qu'on trouve dit dans l'Ecriture sainte , d'une pareille statue en or de Nabu-
chodonosor. Il est vrai cependant qu'on n'a pas encore démontré l'autenticité
du passage de Daniel où il en est parlé ; et quoi qu'il en soit , ce colosse mons-
( 1 ) Pline , 1. vij , c. 10.
(2) Diodore de Sicile , 1. ij- g.
ADDITION
B.
Page 34 , note 5.
Del ivoire chez les anciens, et de son emploi dans les ouvrages de l'art.
Par M. Heyne,
Conseiller de Sa Majesté Britannique, et Professeur à l'Université
de Gottingue.
1. Le goût n'étant pas le même dans tous les tems , il ne faut s'étonner de
ce que l'ivoire , si peu estimé de nos jours , ait été d'un très-grand prix chez
les anciens ; de sorte qu'il fut employé aux ouvrages les plus précieux , sur-tout
aux statues des dieux. Pline (1) , en parlant de l'éléphant, dit : « Ses dents sont
« fort précieuses , et on les regarde comme la matière la plus digne pour repré-
« senter les divinités. » Nous examinerons ici ce goût des anciens , en dévelop-
pant les causes qui ont donné plus ou moins de valeur à l'ivoire. Ces recherches
nous fourniront l'occasion de parler de son emploi dans les ouvrages de l'art ,
principalement pour des statues de grandeur colossale. Nous y ajouterons quelques
remarques sur sa nature , sur les moyens de le conserver , et sur son commerce.
§. 2. Il paroît que les peuples de l'Orient ont choisi pour premiers essais de
l'art des matières précieuses ; car quoiqu'il soit fait de bonne heure mention de
statues de dieux exécutées en bois et en pierre , cependant tous les ouvrages
remarquables dont les anciens auteurs ont conservé le souvenir étoient faites en or.
§0 3. On pourroit sans difficulté mettre ces colosses d'or que Diodore de
Sicile ( 2 ) dit qne possédoient les Assyriens et les Babyloniens , au rang des fables
que cet historien attribue , ainsi que Trogue-Pompée , à Bélus et à Sémi-
ramis , d'après Ctésias , si on ne vouloit pas regarder comme véritable , ce
qu'on trouve dit dans l'Ecriture sainte , d'une pareille statue en or de Nabu-
chodonosor. Il est vrai cependant qu'on n'a pas encore démontré l'autenticité
du passage de Daniel où il en est parlé ; et quoi qu'il en soit , ce colosse mons-
( 1 ) Pline , 1. vij , c. 10.
(2) Diodore de Sicile , 1. ij- g.