012 Livre III, Chapitre III.
( le Carrare d'aujourd'hui ) qui étoit une de leurs douze villes
capitales. Pour les Samnites , les Volsques et les Campaniens ,
Luna étoit bien supérieur, si ce n'est
pour la dureté , du moins pour la blan-
cheur , aux plus beaux marbres de l'E-
gypte et de la Grèce , sans excepter
même le marbre de Paros , ainsi que
l'atteste Pline, /. xxxcj, c. 5, sect. 4 > n. 2.
Mais quoique ces carrières fussent en
Etrurie, nous ne trouvons aucun ou-
vrage étrusque qui ait été fait avec ce
marbre ; d'où l'on peut inférer avec
assez de vraisemblance qu'il étoit in-
connu aux Etrusques. Nous trouvons
un argument qui confirme cette idée
chez le même naturaliste, qui écrivoit
vers ïe milieu du premier siècle de l'ère
chrétienne. Parlant , à l'endroit cité, de
la carrière de Luna, il dit qu'elle étoit
découverte depuis peu ( nuper). Il ne
faut cependant pas prendre ce depuis
peu dans le sens le plus strict , puis-
que le même auteur dit ailleurs , ( /.
xocxvj, c. 6 , sect. 7 ) , que du tems de
Jules César , Mamurra , chevalier ro-
main , avoit orné sa maison de marbre
de Cariste ou de Luna, et qu'il avoit
en cela donné l'exemple à ses conci-
toyens. Il paroît néanmoins que ce fut
un peu avant l'ère chrétienne qu'on
commença à faire usage du marbre de
Carrare , ce qui peut servir à fixer la
date des statues qui en ont été faites.
JE. M.
En étudiant avec un peu plus d'at-
tention ces passages de Pline , on peut
faire remonter plus haut la découverte
du marbre de Carrare. Dans le AV. xxxvj,
ch. 5, sect. 4, n. 2 , cet historien ne dit
pas que les carrières de Luna n'avoient-ils
été ouvertes que depuis peu ( nuper) ;
mais bien que depuis peu on y avoit
trouvé du mabre d'une autre qualité ,
plus blanc que celui qu'on en avoit
tiré jusques alors. Omnes auteni tantum
candido marmore usi sunt e Paro
insula , quem lapidem ccepere lychni-
tem appellare, quoniam ad lucernas
in cuniculis cœderetur, ut auctor est
J^arro : multis postea candidioribus
reperds, nuper etiam in Lunensiurn
lapidicinis. Ainsi , dans l'endroit cité ,
où il parle du marbre de Mamurra ,
et où il dit que ce Romain fut le pre-
mier qui fit faire pour son palais des
colonnes d'une seule pièce , quelques-
unes de marbre de Cariste , d'autres de
marbre de Luna , il n'avance pas que ce
fut lui qui le premier employa le mar-
bre de Luna ; mais que ce fut lui qui le
premier fit orner sa maison de colonnes ,
et de colonnes faites d'un seul bloc de
marbre de Cariste et de Luna : ainsi ,
dans l'un et dans l'autre de ces endroits,
Pline suppose que les carrières en étoient
déjà connues. Adjecit idem Nepos, éum
primum totis cedibus nullam nisie mar-
more ccrlumnam habuisse , omîtes so-
lidas e Caristio, aut Lunensi. En effet,
Strabon , qui vivoit du tems d'Auguste ,
peu après Mamurra , ayant remarqué ,
/. v , p. 540 A, que dans les carrières de
Luna il y avoit du marbre blanc , et
de diverses couleurs ; qu'on en trouvoit
qui tiroit sur le bleu , ( comme cela se
voit encore aujourd'hui ) ; qu'il y en
avoit en grande quantité et en blocs
assez forts pour en faire des colonnes en-
tières , ajoute qu'une infinité des plus
beaux bâtimens de Rome et d'autres
ils
( le Carrare d'aujourd'hui ) qui étoit une de leurs douze villes
capitales. Pour les Samnites , les Volsques et les Campaniens ,
Luna étoit bien supérieur, si ce n'est
pour la dureté , du moins pour la blan-
cheur , aux plus beaux marbres de l'E-
gypte et de la Grèce , sans excepter
même le marbre de Paros , ainsi que
l'atteste Pline, /. xxxcj, c. 5, sect. 4 > n. 2.
Mais quoique ces carrières fussent en
Etrurie, nous ne trouvons aucun ou-
vrage étrusque qui ait été fait avec ce
marbre ; d'où l'on peut inférer avec
assez de vraisemblance qu'il étoit in-
connu aux Etrusques. Nous trouvons
un argument qui confirme cette idée
chez le même naturaliste, qui écrivoit
vers ïe milieu du premier siècle de l'ère
chrétienne. Parlant , à l'endroit cité, de
la carrière de Luna, il dit qu'elle étoit
découverte depuis peu ( nuper). Il ne
faut cependant pas prendre ce depuis
peu dans le sens le plus strict , puis-
que le même auteur dit ailleurs , ( /.
xocxvj, c. 6 , sect. 7 ) , que du tems de
Jules César , Mamurra , chevalier ro-
main , avoit orné sa maison de marbre
de Cariste ou de Luna, et qu'il avoit
en cela donné l'exemple à ses conci-
toyens. Il paroît néanmoins que ce fut
un peu avant l'ère chrétienne qu'on
commença à faire usage du marbre de
Carrare , ce qui peut servir à fixer la
date des statues qui en ont été faites.
JE. M.
En étudiant avec un peu plus d'at-
tention ces passages de Pline , on peut
faire remonter plus haut la découverte
du marbre de Carrare. Dans le AV. xxxvj,
ch. 5, sect. 4, n. 2 , cet historien ne dit
pas que les carrières de Luna n'avoient-ils
été ouvertes que depuis peu ( nuper) ;
mais bien que depuis peu on y avoit
trouvé du mabre d'une autre qualité ,
plus blanc que celui qu'on en avoit
tiré jusques alors. Omnes auteni tantum
candido marmore usi sunt e Paro
insula , quem lapidem ccepere lychni-
tem appellare, quoniam ad lucernas
in cuniculis cœderetur, ut auctor est
J^arro : multis postea candidioribus
reperds, nuper etiam in Lunensiurn
lapidicinis. Ainsi , dans l'endroit cité ,
où il parle du marbre de Mamurra ,
et où il dit que ce Romain fut le pre-
mier qui fit faire pour son palais des
colonnes d'une seule pièce , quelques-
unes de marbre de Cariste , d'autres de
marbre de Luna , il n'avance pas que ce
fut lui qui le premier employa le mar-
bre de Luna ; mais que ce fut lui qui le
premier fit orner sa maison de colonnes ,
et de colonnes faites d'un seul bloc de
marbre de Cariste et de Luna : ainsi ,
dans l'un et dans l'autre de ces endroits,
Pline suppose que les carrières en étoient
déjà connues. Adjecit idem Nepos, éum
primum totis cedibus nullam nisie mar-
more ccrlumnam habuisse , omîtes so-
lidas e Caristio, aut Lunensi. En effet,
Strabon , qui vivoit du tems d'Auguste ,
peu après Mamurra , ayant remarqué ,
/. v , p. 540 A, que dans les carrières de
Luna il y avoit du marbre blanc , et
de diverses couleurs ; qu'on en trouvoit
qui tiroit sur le bleu , ( comme cela se
voit encore aujourd'hui ) ; qu'il y en
avoit en grande quantité et en blocs
assez forts pour en faire des colonnes en-
tières , ajoute qu'une infinité des plus
beaux bâtimens de Rome et d'autres
ils