Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Winckelmann, Johann Joachim
Histoire de l'art chez les anciens: avec des notes historiques et critiques de différens auteurs (Band 1) (II[1793/94]) — Paris, 1794

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.11575#0735
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
POUR LE PREMIER VOLUME. 62Q

que les Egyptiens et les Ethiopiens ont conservé l'usage de peindre leurs morts sur
les toiles enduites des momies (1).

§. i5. Cependant on ne trouve pas un mot dans Hérodote de cette abolition du
culte des dieux en Egypte, et moins encore que les Egyptiens aient cessé , lors de
la conquête de ce royaume par Cambyse , de préserver les cadavres de la corrup-
tion. Il n'en est pas non plus question dans Diodore de Sicile ; il faudrait , au con-
traire , conclure de ce que dit cet écrivain , que l'usage d'embaumer les morts sub-
sistoit encore de son tems , c'est-à-dire , lorsque l'Egypte se trouvoit déjà réduite
en province de l'empire romain.

§. 16. 11 n'est guère possible non plus de prouver que la momie du cabinet de
Dresde soit d'un tems antérieur à la conquête de l'Egypte par les Perses ; mais quand
même cela seroit, il ne s'ensuivrait pas , je pense , que l'inscription qui se trouve sur
un corps embaumé à la manière des Egyptiens , et qui même, si on le veut, a passé
par la main de leurs prêtres , fut pour cela écrite en langue égyptienne.

§. 17. Ne se pourroit-il pas que ce fût le corps d'un Ionien ou d'un Carien qui
eût été , en quelque façon , naturalisé en Egypte ? On sait , par exemple que Py-
thagore embrassa la religion des Egvptiens , et qu'il se fît même circoncire , afin
de pouvoir mieux s'initier dans les sciences secrettes des prêtres ( 2 ). Il est connu
aussi que les Cariens célébraient le culte d'Isis à la manière des Egyptiens , et qu'ils
poussoient même plus loin encore que ces derniers le fanatisme , puisqu'ils se défi-
guraient le visage en l'honneur de cette déesse (3).

§. 18. L'inscription de la momie sera grecque , si au lieu de Yi on y met la diph-
tongue s/. Il se pourrait aussi que , par négligence, on ait pris ici une lettre pour
l'autre , changement ou méprise de caractère qu'on a remarqué (4) sur plusieurs
marbres , et qu'on rencontre plus souvent encore dans les manuscrits grecs. On
trouve ce mot avec la même finale (5) , sur une pierre gravée , où il veut dire :
Vivez heureux. C'étoit là aussi le dernier voeu que les vivans adressoient aux morts.
Ce même mot se lit dans d'anciennes épitaphes (6) , dans des ordonnances publi-
ques (7) ; et c'étoit ordinairement par cette phrase qu'on terminoit les lettres (8).

§. 19. On trouve, dans une ancienne épitaphe , le mot EYi'YXI ( g ) ; la forme
du ¥ des anciennes inscriptions et des anciens manuscrits ( 10 ) , a tant d'analogie
avec la troisième lettre du mot Eï + T XI , qu'on peut , je pense le prendre , sans
craindre de se tromper, pour un seul et même caractère.

( 1 ) Alberti , Englisehe briefe.

(2) Clément Alex. Strom. Liv. j ,p. 354-
edit Pot t.

(3) Herod. Liv. ij , chap 61.

(4) Montfaucon, Paleogr. graeca. Liv. iij ,
c. 5. p. 2.Z0. Kuhnius , Not. ad Pausan.
Liv. ij , p. 128.

( 5 ) Augustin. Gcmm. Pl. ij , tab. 3a.

( 6 ) Gruter , Corp. Inscr. Pl. DCCCLXI.

EuTvysirs yaipîTÇ.

(7) Prideaux , Marm. Oxon. 4 et 179.

(8) Demost. Orat. pro Corona , p. 485 et
499 , edit. Francof. 1604.

(9) Gruter. Corp. Inscr. Pl. DCXLI. 8.

(10) Montf'aucon, Paleographia. L. iv t

c. io , p. 336 , 338.
 
Annotationen