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Winckelmann, Johann Joachim
Histoire de l'art chez les anciens: avec des notes historiques et critiques de différens auteurs (Band 1) (II[1793/94]) — Paris, 1794

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https://doi.org/10.11588/diglit.11575#0773
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POUR LE PREMIER V O ï. U M E. 667

des connoissances et des vues philosophiques fort étendues , qui ne s'accordent
nullement avec tout ce que l'histoire nous apprend, en général, de l'ignorance et
de la barbarie de Rome et du Latium à l'époque où vivoit ce prince ; et vouloir se
fonder pour cela sur le génie extraordinaire dont il peut avoir été doué, est une
ressource qui n'est point admissible. Il faut donc s'arrêter à l'une des deux proposi-
tions suivantes : ou l'on doit attribuer à Numa les institutions et les réglemens faits
dans ces tems reculés ; ce qui semble assez vraisemblable d'après quelques relations
dignes de foi ; ou bien au siècle de ce roi il y avoit des peuples et des villes d'Italie
qui se trouvoient déjà policés jusqu'à un certain degré par la culture des arts et
des sciences. Je suis porté à adopter cette dernière opinion, à cause de la conformité
de certaines circonstances, dont le tems nous a conservé la mémoire, et parmi
lesquelles je compte principalement la connoissance des lettres de l'alphabet trans-
mise de bonne heure à l'Italie, les anciens tableaux, dont Pline place l'origine
avant la fondation de la ville de Piome, les colonies grecques , et le commerce qui
en résulta avec les Grecs qui visitèrent l'Italie , la puissance des Etrusques dans
toute cette contrée, leur goût pour la navigation, et enfin les vases et les figures
des plus anciens tems de Fart étrusque. Lorsque je considère toutes ces traces d'une
civilisation si ancienne des états de l'Italie, je pense qu'on peut attribuer avec assez
de probabilité à quelques villes de l'antique Ausonie, qui cultivoient déjà à cette
époque les arts et les sciences, et particulièrement aux Etrusques, les idées et les
institutions dont les anciens ont prétendu faire honneur à Numa, à qui, disoit-on ,
elles avoient été inspirées par une faveur particulière des dieux. Comme d'ailleurs
toutes les colonies de la grande Grèce, en général, se trouvèrent civilisées et
soumises à de sages lois et à un gouvernement régulier, avant que la Grèce même,
dont elles étoient sorties, possédât un seul état bien discipliné, je pense que ces
mêmes villes de la grande Grèce ont dû leur civilisation principalement à l'exemple
que leur donnoient les Etrusques qui, dans ce tams-ià , avoient déjà fondé douze
colonies dans la Campanie. Enfin, comme la philosophie que les Grecs attribuent
à Pythagore s'écartoit, entr'autres points, de celle des Grecs, en ce qu'elle n'étpit
pas simplement spéculative , mais avoit plutôt pour objet principal les vertus et les
devoirs de la vie civile et domestique , et de s'arrêter davantage aux observations du
vol des oiseaux, aux prognostics, et aux autres prétendus signes par lesquels les
dieux faisaient connoitre leur volonté, qu'il ne convient à des gens véritablement
sages, il paroît vraisemblable (en admettant que l'ancienne Italie étoit de même
adonnée à ces usages, à ces arts et à ces préjugés) que Pythagore n'a pas été l'in-
venteur de la philosophie qui lui a été attribuée , et que ce n'est pas lui qui le
premier l'a introduite dans la grande Grèce , mais qu'il a plutôt adopté les idées
et les principes qui régnoient avant lui en Italie , par conséquent parmi les Sabins ,
et chez ceux-ci entre le peuple de Cures, mais sur-toutparmi les Etrusques ; principes

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