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Archives alsaciennes d'histoire de l'art — 7.1928

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Buttin, Charles: Le gisant d'Ulrich de Werdt: quelques mots de supplément
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https://doi.org/10.11588/diglit.62603#0052

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Pourquoi ? Pourquoi ce qu’il admet au xve lui paraît-il au xive
« tout à fait invraisemblable?^ Est-ce que les coups qui frappaient le
heaume du xive siècle étaient moins violents et risquaient moins de se
transmettre à la tête qu’au xve? Nous avions fait observer dans notre
étude que la différence d’assiette du heaume et du bacinet, avantageuse
pour répartir les coups tombant sur cette double carapace, fut cause des
sorts divers qu’eurent ces deux casques ; du heaume on fit le casque
de joute gardé tel quel pendant la deuxième moitié du xive et presque
tout le XVe siècle, et c’est pourquoi nous avons cru pouvoir citer un
texte du xve siècle à propos de ce heaume de joute, et l’appliquer à son
prédécesseur le heaume de guerre du xive siècle.
D’ailleurs les dimensions en longueur de la visière (ouverture pour la
vue) dans ces heaumes du xive siècle ne s’expliqueraient pas si la tête n’avait
pas pu tourner à l’intérieur de ces heaumes. C’est précisément pour
qu’elle put dans toutes les positions avoir devant les yeux cette ouver-
ture qu’elle avait été faite si longue. L’armurier avait intérêt à donner
aux oculaires le minimum d’étendue possible, car c’était un point essen-
tiellement vulnérable que devait chercher la pointe de la lance adverse.
S’il les a fait si longs ce n’est pas sans nécessité.
M. Gérock conclut encore à l’impossibilité absolue de mouvoir la tête
à l’intérieur du heaume, sous prétexte que « au moindre mouvement de
lever un bras (sic), par exemple pour brandir le glaive, le heaume, brus-
« quement soulevé d’un côté aurait forcément chaviré de l’autre. » Lever
le bras ne veut pas dire lever l’épaule ; quand on levait le bras pour
brandir, non le glaive du xive si-cle qu’on ne brandissait pas, parce que alors
le glaive c’était la lance, mais pour brandir l’épée, la hache ou la masse,
la partie de l’épaule sur laquelle reposait le heaume ne remuait pas.
Le plus novice des apprentis-menuisiers, ayant à porter une planche de
champ, sait la poser sur son épaule précisément au point où portait
' le heaume ; et il sait bien, lui, qu’en levant le bras pour tenir sa planche
en équilibre, il ne déplace pas le moins du monde cette dernière.
L’assiette du heaume sur les épaules était donc plus solide que ne le croit
M. Gérock. Néanmoins si, malgré les trois doigts réclamés par le manuscrit
de 1446, le heaume ne pouvait basculer à droite ou à gauche (la tête coiffée
du bacinet l’eut arrêté dans ce mouvement) il pouvait tourner, et, en fait, il tour-
nait quelquefois, au grand dam de son porteur qui ne trouvait plus la visière
devant ses yeux. Guillaume Guiart, si précis dans ses anecdotes de guerre,
rapporte un fait de ce genre arrivé à Guy de Montfort. En pleine bataille
son heaume tourna sens devant derrière, et il se trouva de la sorte aveuglé.
L’ennemi en eut eu bon marché si son ami Erard ne s’en fut aperçu et n’eut
en toute hâte remis le heaume en place au risque de se faire tuer par Guy
 
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