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Archives alsaciennes d'histoire de l'art — 7.1928

DOI article:
Hackenschmidt, Sabine: Sur un paysage de Caspar Isenmann
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https://doi.org/10.11588/diglit.62603#0069

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cale qui tranchait avec les diagonales et les horizontales que formaient
le tombeau, la route et la ville, mais il ne dépassait pas la ligne de
l'horizon, qui semblait un peu l’écraser ; et malgré le bras droit levé
et la coix tendue vers le ciel, la figure du Christ ne dominait pas
suffisamment. C’est cette considération qui a poussé, semble-t-il, l’artiste
à placer au-dessus de son personnage principal cette tour haute et
élancée qui prolonge la ligne verticale. Isenmann a dû être fier de la
façon magistrale dont il a résolu le problème. Cet exemple n’est d’ail-
leurs pas unique ; nous le voyons employé sur un tableau attribué à
Peeter van der Weyden1 et représentant aussi la Résurrection: au-
dessus de la tête du Christ se dresse non une cathédrale, mais un pic
pointu qui, lui aussi, semble grandir la figure principale.
Pour être complet, citons encore la gravure à laquelle jusqu’à présent
était réservé l’honneur de constituer la plus ancienne vue de Strasbourg.
Elle date de 1493 et faisait partie d’une série de vues européennes
publiées dans la Chronique de Nuremberg, éditée par Hartmann Schedel 2.
Ce bois, qui n’avait aucune prétention artistique, ne visait qu’à donner
une reproduction fidèle de la nature (Fig. 30). Le dessinateur inconnu a pris
cette vue à peu près du même endroit qu’Isenmann ; nous pouvons
croire que son dessin était très net et exact, mais il a été mal rendu
par un graveur peu adroit. (Cette maladresse est surtout visible dans
la façon dont a été rendue la tour de la Cathédrale). Quoiqu’il en soit,
la ville d’Isenmann n’est pas la réédition d’un cliché courant, trouvé
en Flandre, mais la reproduction d’un paysage réel, tel que celui d’Isaac Brunn,
que nous reproduisons (fig. 29). La parenté qui existe entre cette vue et le
Strasbourg du XVe siècle n’est pas à nier et, si les détails sont fantai-
sistes, du moins l’ensemble nous rappelle la silhouette de notre ville,
telle qu’elle se dessinait sur le ciel quand on s’approchait de la Porte
des Bouchers. Qu’il nous soit donc permis de mettre le nom de Stras-
bourg au bas du tableau d’Isenmann, en attendant que de nouveaux
documents ou de nouvelles études viennent confirmer ou contredire notre
hypothèse.

1 Reprod. dans Repertorium fur Kunstwissensc/iaft, Bd. 48, Heft 4 /j. (Annonce de
vente de la maison Hermann Abels, Cologne.)
2 Hartmann Schedel. Liber Chronicarum. Nurenbergæ, Antonius Koberger, 1493.
 
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