Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]: Bulletin de l'Institut Egyptien (3.Ser. 4.1893(1894))

en Angleterre et surtout en Amérique, où elle a donné de merveil-
leux résultats. Il est vrai que dès 1871 une commission des pêches
fut instituée dans ce pays et que le gouvernement n'hésita pas à
voter plus d'un million de dollars pour en organiser le service1.

L'Egypte n'a encore rien fait dans cette voie. Préoccupée avant
tout de la culture de son sol, elle a complètement négligé celle
du domaine de ses eaux. Elle n'a jamais cherché, comme la Chine
industrieuse, de précieuses ressources alimentaires dans l'exploita-
tion rationnelle de la grande masse d'eau dont elle peut disposer
par son fleuve, son admirable réseau de canaux d'irrigation et l'é-
tendue de ses eaux closes. Il semble qu'elle ait voulu ignorer qu'à
côté de l'agriculture qui ensemence la terre, améliore ses fruits et
en prépare la récolte, il existe un art, basé lui aussi sur des règles
certaines et des principes vérifiés, l'aquiculture, qui féconde les
eaux, multiplie, perfectionne et acclimate les espèces d'animaux
aquatiques, qui servent à la nourriture de l'homme. Tout serait
donc à créer.

Mais ensemencer le Nil et les canaux, les bassins et les lacs qui
s'étendent sur le territoire de l'Egypte, apporter ainsi à la fortune
publique un accroissement inépuisable de richesse, quelle œuvre
d'une utilité mieux démontrée pourrait éveiller la sollicitude d'une
administration prévoyante, soucieuse des véritables intérêts du
Pays !

D'Aubusson.

1 E. Sauvage, Les Poissons dans Les Merveilles de la Nature.