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L'ARCHEOLOGUE J. J. OBERLIN.
Lorsqu'une seule et meine famille offre, soit de pere cn fils, soil en ligne
collaterale, plusieurs individualites qui s'illustrent dans la politique, la litte-
rature, les sciences ou les arts, on a toujours trouve que ce cumul ou cet
heritage de gloire constituait un spectacle attachant. Sans remonier ni aux
temps anciens, ni aux Corneille et aux Racine, me bornant ä notre voisi-
nage transrhenan et ä notre siecle, je ne rappellerai que les freres Guil-
laume et Alexandre de Humboldt, les freres Guillaume et Jacques Grimm,
ces dioscures de la science contemporaine; et dans notre propre pays, les
deux Schweighseuser et les deux Oberlin; de ces derniers, Tun le pionnier
intrepide, qui a defriche, l'Evangile en main, une rcgion inculle des Vosges;
l'aulre, un eclaireur tout aussi laborieux, qui, dans le domaine de l'archeo-
logie et de la philologie comparee, a devance de plus d'un demi-siecle les
recberches ardues de l'erudition actuelle.
Gest de cet arcbeologue, c'est de Jeremie-Jacques Oberlin, que je vais
vous entretenir. Quoiqu'il ait fourni toute sa carriere dansFcnceinte etroite
de Strasbourg, il n'appartient pas exclusivement ä cette ville, mais ä l'Al-
sace, mais ä la France et ä l'Allemagne savante; il fait parlie de cette pha-
lange d'hommes devoues au culte des lettres qui ont nettement juge et
consciencieusement accompli en Alsace leur mission de mediateurs intel-
lectuels entre les deux rives du Rhin.
La vie d'Oberlin est calme et uniforme; c'est dans ses nombreux ecrits
qu'il faut cbercher la trace de sa prodigieuse activite, des pensees qui ont
agile sa tete, des sentimenls qui ont fait battre son cceur. A ne voir que la
surfacede son existence, on n'y decouvrirait que la carriere toute reguliere
d'un jeune homme, issu d'une famille bourgeoise, fils d'un professeur du
gymnase de Strasbourg, et qui, ä l'exemple de son pere, se devoue d'abord
ä Penseignement secondaire et prive, puis conquiert, ä la pointe de sa
plume et ä force de veilles savantes, les positions universitaires et acade-
miques, que sa ville natale peut lui offrir.
Jeremie-Jacques Oberlin, ne le 8 aoüt 1735, mort le 8 octobrc 1806, ä
l'entree de sa 72e annee, traverse la seconde partie du dix-huitieme siecle,
c'est-ä-dire une epoque toute pacifique , toute de travail, sans se heurter
contre un obstacle majeur, sans sortir de ses habiludes studieuses, jusqu'au
L'ARCHEOLOGUE J. J. OBERLIN.
Lorsqu'une seule et meine famille offre, soit de pere cn fils, soil en ligne
collaterale, plusieurs individualites qui s'illustrent dans la politique, la litte-
rature, les sciences ou les arts, on a toujours trouve que ce cumul ou cet
heritage de gloire constituait un spectacle attachant. Sans remonier ni aux
temps anciens, ni aux Corneille et aux Racine, me bornant ä notre voisi-
nage transrhenan et ä notre siecle, je ne rappellerai que les freres Guil-
laume et Alexandre de Humboldt, les freres Guillaume et Jacques Grimm,
ces dioscures de la science contemporaine; et dans notre propre pays, les
deux Schweighseuser et les deux Oberlin; de ces derniers, Tun le pionnier
intrepide, qui a defriche, l'Evangile en main, une rcgion inculle des Vosges;
l'aulre, un eclaireur tout aussi laborieux, qui, dans le domaine de l'archeo-
logie et de la philologie comparee, a devance de plus d'un demi-siecle les
recberches ardues de l'erudition actuelle.
Gest de cet arcbeologue, c'est de Jeremie-Jacques Oberlin, que je vais
vous entretenir. Quoiqu'il ait fourni toute sa carriere dansFcnceinte etroite
de Strasbourg, il n'appartient pas exclusivement ä cette ville, mais ä l'Al-
sace, mais ä la France et ä l'Allemagne savante; il fait parlie de cette pha-
lange d'hommes devoues au culte des lettres qui ont nettement juge et
consciencieusement accompli en Alsace leur mission de mediateurs intel-
lectuels entre les deux rives du Rhin.
La vie d'Oberlin est calme et uniforme; c'est dans ses nombreux ecrits
qu'il faut cbercher la trace de sa prodigieuse activite, des pensees qui ont
agile sa tete, des sentimenls qui ont fait battre son cceur. A ne voir que la
surfacede son existence, on n'y decouvrirait que la carriere toute reguliere
d'un jeune homme, issu d'une famille bourgeoise, fils d'un professeur du
gymnase de Strasbourg, et qui, ä l'exemple de son pere, se devoue d'abord
ä Penseignement secondaire et prive, puis conquiert, ä la pointe de sa
plume et ä force de veilles savantes, les positions universitaires et acade-
miques, que sa ville natale peut lui offrir.
Jeremie-Jacques Oberlin, ne le 8 aoüt 1735, mort le 8 octobrc 1806, ä
l'entree de sa 72e annee, traverse la seconde partie du dix-huitieme siecle,
c'est-ä-dire une epoque toute pacifique , toute de travail, sans se heurter
contre un obstacle majeur, sans sortir de ses habiludes studieuses, jusqu'au