l'eglise abbatiale
de saint-pierre et saint-paul de \y issfmbourg
ET SES PEINTUR.ES MURALES.
Sur les bords de la Lauter, ä l'endroit oü la riviere sedegage des gorges
des Vosges pour suivre son cours sinueux ä travers la plaine, et aller se
jeter dans le Rhin, on fonda, vers la fin du scptieme siecle de notre ere,
un cloitre celebrc, celui de Wissembourg. Est-ce un des rois Dagobert,
corame une tradition presque unanime le dit, qui en fut le fondateur? Ou
est-ce ä l'eveque de Spire Dragebodo (f 090), que revient le merite de
cette sainte ceuvre, comme quelques savants le pretendent? Nous n'es-
sayons pas de trancher la question. Toutefois, et jusqu'ä preuve formelle
du contraire, nous donnerions volontiers raison ä la tradition, qui, tres-
ancienne et d'une rare tenacite, admet comme fondateur Tun des trois
Dagobert.
L'abbayc, soumisc d'abord, comme il semble probable, ä la regle de
Saint-Colomban, adopta bientöt celle de Saint-Benoit, dont, ä dater de
cette epoque, on rencontre les colonies nombreuses et bienfaisantes dans
toutes les parlies de l'Alsace, et qui acquirent un si legitime droit ä la re-
connaissance et ä l'admiration de la posterite. De bonne heure, les dili-
genls habitants du cloitre de Wissembourg unissaient ä la priere et aux
traväux manuels, les belies etudes litteraircs; double bienfait pour les
alentours de l'abbaye, et pour les provinces lointaines de la Gaule
et de la Germanie. Bientöt, en effet, l'ecole claustrale de Wissembourg fut
connue et appreciee; ses ecolätres distingues attirerent de nombreux dis-
ciples de pres et de loin, et deux siecles apres sa fondation, l'abbaye riva-
lisa avec les meilleures ecoles du royaume d'Austrasie. C'est lä, qu'au
neuvieme siecle, enseignait le moine franc Otfried, si connu du monde
savanl, et qui laissa aux siecles posterieurs dans sa paraphrase des Evan-
giles, un des mouuments poetiques les plus precieux de cet ägc recule. II
porta loin la gloire du monaslere qu'il avait choisi pour asile et oü il donna
ses doctes leeons dans un temps oü les commotions politiques dure'nt frap-
de saint-pierre et saint-paul de \y issfmbourg
ET SES PEINTUR.ES MURALES.
Sur les bords de la Lauter, ä l'endroit oü la riviere sedegage des gorges
des Vosges pour suivre son cours sinueux ä travers la plaine, et aller se
jeter dans le Rhin, on fonda, vers la fin du scptieme siecle de notre ere,
un cloitre celebrc, celui de Wissembourg. Est-ce un des rois Dagobert,
corame une tradition presque unanime le dit, qui en fut le fondateur? Ou
est-ce ä l'eveque de Spire Dragebodo (f 090), que revient le merite de
cette sainte ceuvre, comme quelques savants le pretendent? Nous n'es-
sayons pas de trancher la question. Toutefois, et jusqu'ä preuve formelle
du contraire, nous donnerions volontiers raison ä la tradition, qui, tres-
ancienne et d'une rare tenacite, admet comme fondateur Tun des trois
Dagobert.
L'abbayc, soumisc d'abord, comme il semble probable, ä la regle de
Saint-Colomban, adopta bientöt celle de Saint-Benoit, dont, ä dater de
cette epoque, on rencontre les colonies nombreuses et bienfaisantes dans
toutes les parlies de l'Alsace, et qui acquirent un si legitime droit ä la re-
connaissance et ä l'admiration de la posterite. De bonne heure, les dili-
genls habitants du cloitre de Wissembourg unissaient ä la priere et aux
traväux manuels, les belies etudes litteraircs; double bienfait pour les
alentours de l'abbaye, et pour les provinces lointaines de la Gaule
et de la Germanie. Bientöt, en effet, l'ecole claustrale de Wissembourg fut
connue et appreciee; ses ecolätres distingues attirerent de nombreux dis-
ciples de pres et de loin, et deux siecles apres sa fondation, l'abbaye riva-
lisa avec les meilleures ecoles du royaume d'Austrasie. C'est lä, qu'au
neuvieme siecle, enseignait le moine franc Otfried, si connu du monde
savanl, et qui laissa aux siecles posterieurs dans sa paraphrase des Evan-
giles, un des mouuments poetiques les plus precieux de cet ägc recule. II
porta loin la gloire du monaslere qu'il avait choisi pour asile et oü il donna
ses doctes leeons dans un temps oü les commotions politiques dure'nt frap-