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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1924

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Réau, Louis: Le "faune au chevreau" de Saly
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https://doi.org/10.11588/diglit.19274#0014

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— 8 —

de l’École de sculpture française. « Tout ce qui se trouve
de véritablement estimable au Salon, assure-t-il, se ré-
duit à un Faune de marbre de M. Saly, qui est peut-être
le morceau le plus fini qui ait jamais été fait dans ce
pays-ci. »

Quelques censeurs plus sévères prennent, il est vrai, le
contre-pied de ces éloges et reprochent à Saly l’élégance
un peu mièvre de son faune, qui ressemble plus à Anti-
noüs qu’à un rustique chevrier. « On doit trouver dans
un faune, objecte l’auteur des Jugemens sur les princi-
paux ouvrages exposés au Louvre le 27 août ij5i,
quelque chose de sauvage et non cet air petit-maître : il
semble que ce soit le galant jardinier. »

Mariette, très mal disposé pour Saly, dont il dénigre
toutes les œuvres avec un évident parti pris, interprète de
son côté comme un défaut ce que Grimm regardait comme
un des principaux mérites de l’artiste : le fini dans l’exé-
cution des détails1. « Je ne veux pas diminuer le mérite
du jeune Faune que Saly a donné à l’Académie pour son
morceau de réception. C’est une jolie figure; mais ces
petites clochettes et mille autres bagatelles qui ont été si
fort applaudies ne sont pas, à beaucoup près, ce qui m’y
paraît de plus estimable. Il ne faut pour cela que de la
patience et, si l’auteur doit à ces riens sa réputation,
c’est, selon moi, l’avoir acquise à trop bon marché. Avec
la râpe et le tems, il n’est point de sculpteur qui n’en fît
autant, mais quel est l’habile homme qui ne s’ennuyât
d’un pareil travail? »

Malgré ces réserves, qui ne sont pas d’ailleurs sans
quelque fondement, on peut dire que le Faune au che-
vreau de Saly était une des œuvres les plus justement
populaires de la sculpture française du xvm<= siècle. Com-
ment se fait-il qu’un pareil chef-d’œuvre ait disparu sans
laisser de traces ?

1.

S’il fallait en croire Grimm, l’original en marbre de
cette statue, qui faisait partie, comme tous les morceaux

1. Abecedario, t. V, p. i65.
 
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