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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1924

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Raugel, Félix: Orgues et organistes de France
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https://doi.org/10.11588/diglit.19274#0072

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6o —

offices religieux suscitait les satires acerbes de certains
auteurs de traités, tels que le cistercien Aelred de Rie-
vault dans son Spéculum caritatis ou Guibert de Tournai
dans son recueil de sermons dédié au pape Alexandre IV.
Malgré les critiques, l’orgue se perfectionnait et s’aug-
mentait sans cesse; il était même déjà représenté par de
grands instruments à plusieurs claviers chromatiques,
placés les uns à côté des autres et touchés en même
temps par des artistes différents. On a conservé d’ailleurs
les « triples » ou trios composés par Pérotin, organiste
de Notre-Dame de Paris, entre 1180 et 1237; la disposi-
tion de cette musique exige pour son exécution deux ou
trois instruments portatifs ou un instrument fixe à plu-
sieurs claviers.

Au xiv« siècle, Guillaume de Machault (f 1377), Ie
premier, nommait l’orgue « le roi des instruments » et
faisait souvent allusion aux moyens variés auxquels on
l’employait, de son temps, jusques et y compris la trans-
cription au clavier de pièces vocales de sa composition;
et, d’autre part, Philippe de Vitry, son contemporain,
n’était pas moins explicite dans les traités de musique qui
lui ont été attribués. En même temps que les grands ins-
truments déjà placés dans les tribunes et les chœurs des
cathédrales et des abbayes, les petites orgues transpor-
tables étaient en grande faveur : ces instruments, qu’on
appelait portatifs ou positifs, étaient aussi répandus que
notre moderne piano; ils étaient même, de tous les ins-
truments à clavier, ceux qui avaient le plus de vogue : on
les rencontrait partout, jusque dans les rues et sur les
places publiques, aux mains des jongleurs et des trou-
vères; aussi bien les descriptions abondent, et les minia-
tures de manuscrits, les vitraux, les sculptures qui ornent
les voussures des grands édifices religieux ou commu-
naux, des peintures précieuses, nous ont conservé un
nombre incalculable de représentations figurées de ces
instruments primitifs ; en étudiant ces témoignages si
nombreux et si variés, on se rend compte, une fois de
plus, de la profondeur avec laquelle, autrefois, l’art péné-
trait la vie de tous, au lieu d’être, comme en des siècles
« plus civilisés », une inutilité étrangère à la vie.
 
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