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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1924

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Réau, Louis: Une femme-sculpteur française au XVIIIe siècle, Marie-Anne Collot (1748-1821)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19274#0246

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220

Lorsque Falconet émigra en 1766 à Pétersbourg pour
exécuter la statue de Pierre le Grand, il lui proposa de
l’emmener. Elle était mineure, n’ayant que dix-sept ans,
mais, pour ainsi dire, sans famille, car son père l’avait
abandonnée; elle accepta donc de partir avec son
maître.

Était-elle pour lui plus qu’une élève? Fortia de Piles,
se faisant l’écho des bruits qui couraient, le dit expressé-
ment, et il écrit tout crûment, à propos de la statue de
Pierre le Grand : « La tête du héros n’est point de Falco-
net, mais de Mi'e Collot, sa maîtresse. » Il est vrai qu’on
peut lire dans un ouvrage sur la Russie, paru en 1813,
qu’elle était aussi la maîtresse de Pierre le Grand, lequel
était mort un quart de siècle avant sa naissance. « L’Em-
pereur, affirme ingénument Breton, aimait cette jeune ar-
tiste, et la beauté étonnante du buste qu’elle modela
d’après l’auguste personne du monarque prouve quelle
impression il avait faite sur l’aimable Française. »

On peut se demander si ses rapports avec Falconet
furent aussi innocents que ceux qu’on lui prêtait avec
Pierre le Grand. Pour trancher cette question délicate, il
faudrait posséder in extenso sa correspondance avec celui
qui fut son maître et son beau-père. Mais les papiers de
famille légués au Musée lorrain de Nancy par sa fille,
Mme de Jankowitz, semblent avoir été pieusement ex-
purgés.

Nous en sommes donc réduits aux bavardages de Dide-
rot qui sont, il est vrai, d’une indiscrétion assez compro-
mettante. Il écrit à ses amis : « Soyez heureux l’un et
l'autre; soyez-le surtout l’un par l’autre. » Il engage ins-
tamment Falconet à franchir le pas et à épouser son
élève, si ce n’est déjà fait, comme le bruit en court à Pa-
ris. La jeune fille a compromis sa réputation en le sui-
vant jusque sous le pôle. « C’est une marque de tendresse
qu’il est difficile d’acquitter. Aimez-vous tous les deux. »

Malgré les objurgations de Diderot, Falconet, qui
n’avait pas eu à se louer d’un premier mariage, ne se
laissa pas reprendre à ce qu’il appelle quelque part « le
trébuchet matrimonial ». Peut-être eut-il raison, ayant
l’âge de Sganarelle, de ne pas épouser à cinquante ans
 
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