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La chronique des arts et de la curiosité — 1866

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Nr. 127 (7 janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26565#0010
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LA CHRONIQUE DES ARTS

Prise de Troie, attribué à Salvator Rosa,
4,725 fr.

Nature morte, esquisse de Snyders, 4,4 25 fr.

Fête de village, de D. Teniers fds, 2,300 fr.—
Du même, Boucherie, grand tableau vulgaire,
1,050 fr.

Concert d’oiseaux, de A. Van Utrecht,
4,500 fr.

Marine j, 33 centimètres de hauteur sur 36 de
largeur, par G. Van de Velde, 7,000 fr.

Paysage, par A. Verboom et J. Lingelbach,
4,025 fr.

Paysage, par J. B. Weninx, 820 fr.

Intérieur d’une église, par G. Terburg et
Emmanuel de Witt, 4,050 fr., à M. Bürger.

Passage d'un gué, par P h il. Wouvermans,
4,600 fr.

Chasse au cerf, grand paysage de Pierre
Wouvermans, 4,900 fr.

Je pourrais encore citer trente à quarante ta-
bleaux dont les prix ont varié entre 400 et 800 fr.;
mais cette liste est déjà longue.

Émile Leclercq.

VENTE TROYON.

On se rappelle qu’à la mort de son fils
Mme veuve Troyon avait pris la pieuse résolu-
tion de conserver intact l’ensemble des esquisses,
des tableaux, des dessins de toutes sortes et de
toutes dimensions que délaissait Troyon en mou-
rant. Puis quand les aiguillons les plus cruels
de la douleur récente furent apaisés, des amis lui
firent sentir que les ventes récentes des ateliers de
Delacroix, de Flandrin, avaient consacré par
leur succès une sorte d'usage; qu’il était bon
qu’un artiste fût jugé dans l’histoire entière de
sa vie par les hommes de sa génération même.
La vente de cet atelier fut donc résolue.
M. Francis Petit fut choisi pour mettre en ordre
et présenter les quatre cents peintures et les
quelques centaines de pastels et de dessins;
M. Pillet commencera le 20 janvier prochain à
les adjuger. Enfin, la famille et les amis de C.
Troyon voulurent bien nous confier les matériaux
d’une notice brève et substantielle qui parut
dans la Presse et précédera le catalogue. C’est
cette notice que nous donnons aujourd’hui à nos
lecteurs, quoique le travail, dans la Gazette des
Beaux-Arts, de notre collaborateur et ami Paul
Mantz l’ait, à bien des égards, rendue inutile.

« C. Troyon, dont la mort est venue préma-
turément marquer un vide dans le premier rang
des paysagistes contemporains, a joui d’une de

î ces existences heureuses et pleines que créent
seules des facultés supérieures fécondées par un
travail sans relâche. Les yeux du public se
fixèrent de bonne heure sur ses œuvres, et la
fortune ne se lassa pas plus tard de le combler.
La camaraderie ne l’égara jamais et la critique
ne montra pour son mâle talent que de la défé-
rence. Tout semble avoir conspiré jusqu’au
dernier jour en faveur de cette loyale nature
d’homme et d’artiste, car, par un privilège envié
des âmes soucieuses de leur gloire, lorsque sa
main paralysée laissa tomber le pinceau, Troyon
avait atteint, en France comme à l’étranger, l’a-
pogée de sa réputation.

« Constant Troyon était né à Sèvres le 28 août
4 84 0. Son père était attaché à la manufacture
impériale de porcelaines. Sa mère, — elle a eu
la douleur de survivre à son fils qu’elle n’avait
jamais quitté et qui l’adorait. — sa mère, douée
d’un goût tout instinctif, exécutait avec une pa-
tience et une adresse merveilleuses de petits
ouvrages en plumes d’oiseaux exotiques qui ra-
vissaient les étrangers et dont le produit lui
permit, après la mort de son mari, de subvenir
à l’entretien de ses deux fils.

« C’est de son parrain, M. Riocreux, le savant
et dévoué conservateur du Musée céramique de
Sèvres, que Troyon reçut les premières leçons de
dessin, en même temps qu’un frère mort à dix-
neuf ans à peine et promettant déjà un peintre
distingué de natures mortes. Troyon s’est lui-
même qualifié dans le Livret de l’Exposition
universelle de 4 855 « élève de M. Riocreux. »
Celui-ci, cependant, ne peignait que la fleur, et,
voyant que les préférences de son filleul se tour-
naient vers le paysage, il le confia à un ami
attaché aussi à la Manufacture, Achille Poupart,
élève de Victor Bertin. Le classique régnait alors
dans toute sa froideur, et c’est à une école qui
ne devait, fort heureusement, exercer aucune in-
fluence sur son œuvre que Troyon fit ses pre-
mières études. Ses envois au Salon de 4 833,
tableaux exécutés sous l’œil d’Achille Poupart:
le Parc de Saint-Cloud, la Maison Colas, près
de la culée du pont de pierre, la Fête de
Sèvres dans le quinconce de la Manufacture,
n’ont laissé aucune trace dans le souvenir de
ses amis.

« Troyon, aux mains d’un professeur imbu de
la pure doctrine académique, eût sans doute
ignoré longtemps son propre génie, lorsque,
vers 4 835, une circonstance fortuite vint, en
quelque sorte, lui dessiller les yeux. « Un jour,
lisons-nous dans une lettre de M. Riocreux, à
qui Troyon l’avait maintes fois raconté, un jour
qu’il peignait une vue du palais de Saint-Cloud,
prise du versant de la côte qui conduit du som-
 
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