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La chronique des arts et de la curiosité — 1866

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Nr. 146 (20 mai)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

dans cette recherche des harmonies vénitiennes.
Zéphyr emportant Psyché dans le palais de
VAmour s’arrête à vrai dire aux limites où le
mysticisme cesse et où l’ascétisme commence.
Le Chant d’Amour triste ou gai tour à tour
est du pathos au deuxième degré qui est celui
où l’auditeur ne comprend pas et où l’auteur
ne comprend plus guère : un jeune cavalier,
aux cheveux roux si chers aux frères Bellin,
écoute, assis dans la campagne, une jeune femme
aux yeux creusés par la fièvre qui touche de
l’orgue et chante tandis qu’une autre créature
angélique, debout sur un plancher d’où jaillissent
des flammes, emplit le soufflet de l’orgue.
M. Burne Jones n’en est pas moins un artiste
hors ligne.

M. Frédéric Walker, très-jeune aussi et,jecrois,
un des collaborateurs du Times, est un des es-
poirs de l’école. Sa scène d’un bouquet cueilli
par un jardinier et offert à deux enfants est d’un
bon dessin, d'une tournure très-mâle et d’une
couleur rude et incomplète de près, mais, à dis-
tance, solide et brillante.

M. John Gilbert, qui est le dessinateur le plus
couru et le plus estimé des éditeurs et dont l’a-
bondance et la science font bien tort aux tours
de prestidigitation de M. Gustave Doré, trouve
encore moyen, au milieu de ses travaux innom-
brables, de peindre des aquarelles de grande di-
mension. Il compose avec une rare intelligence
du groupe, connaît à fond son costume de toutes
les époques, distribue les tons chauds avec une
singulière prestesse, mais l’ensemble est toujours
un peu théâtral. Sa scène du Mariage de Ka-
therine et Petrucchio est pleine de verve, et le
mouvement d’effroi de la femme insultée qui se
presse contre son amant est vrai et touchant.

J’en passe, et des meilleurs peut-être, pour
vous conduire à l’exhibition de 1’ « Institute of
painters in water colours. » C’est également dans
Pall-Mall, mais non loin du Palais de Saint-
James, tout à fait en face de l’habitation du
prince de Galles, qui, dans ses briques noirâtres,
ressemble à une maison de jardinier. C’est la
trente-deuxième exposition. Cet institut a pour
président M. Henry Warren. Il compte trente-
quatre membres, dix-neuf associés, et, plus ga-
lant que sa sœur aînée la Society, il a admis
onze « ladies members. » Je trouve parmi les
membres «associâtes» M. Edmond Morin, de Paris,
qui a habité Londres pendant plusieurs années
et collaborait à ce moment au London News Il-
lustration. Il a envoyé ici une scène de mœurs
anglaises avec le soleil qu’il voit autour de lui,
et que je voudrais bien voir à mon tour en
compensation des brouillards, des ondées et
des froids qui se succèdent. On affirme ici que

le bon Dieu s’est évidemment trompé de calen-
drier et qu’il faut dater les lettres : Noël. Nous
citerons rapidement un Intérieur du temple de
Thèbes, de M. Carie Werner, quelque Allemand
naturalisé Anglais, et une scène très-naïve et
très-touchante de M. Thomas Luson, le Jeune
Convalescent, et nous nous dirigerons vers
Egyptian-Hall.

Le citoyen anglais professe une légitime hor-
reur pour ce qui peut gêner sa liberté. Il sait
merveilleusement user de ce levier puissant, si
méconnu en France, la publicité. L’année der-
nière déjà des amateurs et des artistes, indignés
des barrières que mettaient entre eux et elles
ces académies au petit pied qui s'intitulent la
Society et VInstitute, se réunirent, nommèrent
un comité et ouvrirent dans Piccadilly une mo-
deste exposition. Celle de cette année est très-
importante et elle révèle, au moins dans ses ten-
dances, infiniment plus de jeunesse et de verve
que les deux autres dont nous sortons. Six cent
soixante-seize aquarelles, dessins ou eaux-fortes
sont exposés. M. Calderon, qui est un des «asso-
ciâtes » de la Royal-Academy, a envoyé une
Femme italienne à la Fontaine, d’une tournure
robuste et franche. M. Albert Moore, un des
jeunes hommes qui retournent à la sincère étude
de l’antiquité avec bien autrement de conscience
et de style que nos néo-grecs, M. Moore a ex-
posé de jolies scènes avec des personnages dans
le goût des plus fines terres cuites de la Cyré-
naïque. M. Salomon, qui est aussi un préraphaé-
lite, mais moins naïf et moins sobre, a peint une
Mëdée cueillant au clair de lune des herbes
fatales. Un amateur à noter pour son désir dé-
cidé de bien faire est M. Arthur Lewis dont la
maison est à Londres le rendez-vous des artistes
et des amateurs les plus distingués; son étude
de Paysage dans le comté de Galles est re-
marquable et remarquée. Nous retrouvons sur
nos notes les noms de MM. Bedfort, Seymour
Hollings, Arthur Diehfiekl, William Scott, Tho-
mas Dawbv, Lemont, Albert Goodwin, George
Mawley, George Thomas, El. Martin, Mlle Fra-
zer, Walter Crawe, etc, Ce sont des artistes aux-
quels certainement l’avenir sourira et qu’il faut
dès à présent soutenir comme l’a fait la presse
anglaise et particulièrement le Times.

L'étude de ces aquarelles est très-intéressante.
Au premier instant l’œil est surpris par des
dissonances apparentes de tons, fatigué par un
rendu qui chez nous n’est pas de mode. Puis, il
s’habitue facilement à cette gaîté de la palette et
à cette humilité du pinceau. Il se rappelle qu’en
traversant les parcs il a été étonné aussi par la
dissemblance des arbres, des effets du gazon avec
tout ce qu’on rencontre en France. L’art anglais
 
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