Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1866

DOI Heft:
Nr. 160 (25 novembre)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26565#0276
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
268

LA CHRONIQUE DES ARTS

« Vendangeur, c’est qu’avant de m’élever à la haute
« poésie et de traiter des sujets du grand style grec,
« je devais d’abord étudier la nature et ne pas être
« arrêté par les premières difficultés de l’exécution
« matérielle. Si j’ai montré quelque mérite, mon but
« a été rempli. Je ne voulais alors présenter que des
« motifs d’étude; aujourd’hui je désire plus. »

Il est vrai qu’il désirait aussi devenir membre de
l’Académie, et chacun sait, Messieurs, que ce désir
ne laisse pas d’exercer de l’influence, d’abord sur les
paroles des candidats, ce qui n’est pas toujours suffi-
sant, ensuite sur leurs idées, ce qui est quelquefois
salutaire. Dure! renonça dès lors à la sculpture de
genre, traita des sujets religieux, chercha des types
généraux ou historiques, dirigea ses efforts vers la
sculpture monumentale. Son talent se transforma : ce
qu’il perdit en vivacité, il le gagna en élévation.
L’église de la Madeleine en contient des preuves re-
marquables, car il essaya d’abord d’appliquer à des
personnages chrétiens une science et une grâce qu’il
avait puisées au sein du paganisme.

Après avoir franchi les degrés du temple, si
l’on entre sous la colonnade de droite, on aper-
çoit dans la première niche l’ange Gabriel. Ses ailes
sont à demi repliées; sa robe tombe avec de beaux
plis, comme une robe de vierge; l’ensemble est ex-
pressif, d’une simplicité suave, d’un calme angélique.
Les lignes sont suivies, une lumière tranquille glisse
sur les surfaces : on sent les réminiscences de Giotto
et les inspirations du peintre xle Fiésole. Dans l’inté-
rieur de l’église, Duret a représenté un Christ,
de grande proportion, écartant son manteau pour
montrer ses blessures. L’idée est éminemment plas-
tique : c’est pourquoi l’on est frappé plutôt par
la majesté du geste que par le caractère religieux
de la statue; l’ajustement superbe des draperies s’ac-
corde mieux avec la solennité de l’action qu’avec la
mansuétude du visage. Mais comment concilier les
exigences de la sculpture colossale, qui a besoin
d’audace, d’attitudes Hères, d’allures royales et im-
posantes, avec une religion qui prêche l’humilité,
le mépris du corps et l’anéantissement devant Dieu?

Beulé.

(La fin au prochain numéro.)

UN TABLEAU DE FRANÇOIS JOUYENET.

Tout ce qui touche à la famille des Jouvenet,
originaire d’Italie, lyonnaise durant quelque
temps, et définitivement normande, offre de l’in-
térêt. Des travaux sérieux, satisfaisants, existent
sur cette noble famille où le goût de l’art et le
talent, à divers degrés, furent héréditaires depuis
Laurent, maître de Poussin, jusqu’à François,
peintre de portraits. Nous ne signalerons qu’une
œuvre, sans doute inconnue jusqu’à ce jour, du
dernier des Jouvenet, seulement nous saisirons
cette occasion pour rectifier une erreur malheu-
reusement accréditée, et pour consacrer quelques
lignes à la mémoire d’un peintre trop négligé à

cause de l’immense supériorité de son frère aîné.

François Jouvenet n’était point le neveu de
Jean, comme l’a dit M. Villot, dans son catalo-
gue d’ailleurs excellent du musée du Louvre; il
était le propre frère de Jean, et, comme lui, fils de
Laurent Jouvenet et de Catherine Deleuse. Bap-
tisé le 19 décembre 1664, paroisse Saint-Lô de
Rouen, il eut pour parrain, Jacques Jouvenet (son
frère1), et pour marraine Marie-Madeleine Jou-
venet. Il avait donc vingt ans de moins que Jean,
baptisé même paroisse le 1er mai 1644, et au
convoi duquel il assistait le 7 avril 1717, dans
l’église Saint-Sulpice, en qualité de frère, ainsi
qu’en font foi les registres de cette paroisse.
François Jouvenet, fut reçu à l’Académie royale
de peinture le 25 juin 1701, sur les portraits de
Ilouasse et de Covsevox; nous signalerons en-
suite de lui les portraits suivants exposés au
Louvre : (1704) M. Desprez, doyen des impri-
meurs et libraires ordinaires du roi — M,nc de
Celvey — M. de Yernot — M. Màvere — Mme Jos-
set, libraire — M. le marquis de La Trembiavo

— M. Brisson — (1737); le père Augustin,
carme déchaussé de la place Maubert — le por-
trait de l’auteur — celui de sa femme; — (1738)
portrait de l’abbé du Rouget, aumônier de feu
Mme la duchesse de Berry, en habit violet; —
(1739) portrait du sieur Royer, marchand de
vins, tenant une tabatière, — portrait de M. Lan-
drron, valet de chambre, de monseigneur le
comte de Clermont — (1740) : portrait deM. Hé-
bert, conseiller du roi, commissaire du châtelet,
en robe — M. Iiotterelle — M. Villars baigneur

— (1741). Portrait de la femme de l’auteur en
habit violet, travaillant à un mouchoir — (1742) ;
portrait de M. de L’Aubespine, en cuirasse —
M. Tossier, conseiller auditeur des comptes, en
robe, de satin noir — (1745) ; portrait de M. de
La Borde, avocat au parlement, en habit de ve-
lours pourpre — M. de Lastre, procureur au
châtelet, en robe, noire — M. Maubert, maréchal
des logis de la reine, représenté en robe, ayant
des bourses sur son bureau (1747 ;) le portrait de
M.***, avocat en parlement, la main appuyée sur
un livre.

François Jouvenet, mourut rue des Petits-Au-
gustins le 7 avril 1749, âgé de 84 ans, et fut
jnhumé le lendemain à Saint-Sulpice en présence
de son fils, François Dagobert Jouvenet, et de
Jean Henry, Bourgeois de Paris, son ami.

Le Catalogue du musée de Caen offre de
François Jouvenet, en le qualifiant toujours de
neveu et d'élève de Jean, le portrait du domini-

1 Né à Rouen le 16 août 1619, décédé à Paris, à l’âge de
25 ans, inhumé à l’église Saint-Benoît, proche la chère (sic),
le 12 novembre 1674, et ayant été pris à l’école rue Saint-
Jacques.
 
Annotationen