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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 25 (3 juillet)
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226

LA CHRONIQUE DES ARTS

EXPOSITION INDUSTRIELLE DE BLOIS

(suite)

Tandis que des tableaux anciens et modernes
et que l’art ancien appliqué à l’industrie,
étaient exposés dans le château, l’art moderne,
appliqué à l’industrie, formait l’un dos attraits
de l’Exposition industrielle et agricole, orga-
nisée par M. Caudius Arnaudtizou dans le
bâtiment de la Halle au blé.

Cette halle rappelle, par le plan intérieur,
la Bourse de Paris, au luxe de la bâtisse près,
et avec cette modification que l’on accède aux
galeries supérieures par quatre escaliers placés
en hors-d’œuvre dans des tourelles d’angle.

C’étaientla céramique etla tapisserie qui don-
naient son caractère principal à l'Exposition ;
la céramique, puis la tapisserie au point carré
étant les industries, sinon les plus importantes,
du moins les plus caractéristiques d’une ville
qui est loin d’être industrielle, malgré ses
grands ateliers de cordonnerie et sa fabrique
de chocolat.

Un atelier d’orfèvrerie et trois ateliers de
vitraux venaient compléter l’apport de la
région.

N’oublions pas la photographie qui noircit
du papier partout où brille le soleil, et qui
possède à Blois un de ses représentants les
plus habiles. C’est M. Mieusement, en ell'et,
qui a fait des châteaux de Fontainebleau et de
Pierrèfonds des séries de photographies très-
importantes et très-réussies, dont plusieurs
étaient très-difficiles à obtenir : ce sont des
documents très-précieux pour les archéologues
et les artistes.

Tout le inonde connaît les produits cérami-
ques de M. Ulysse Besnard qui a fondé, à Blois,
une fabrique dont les touristes emportent des
spécimens. L’art de la Renaissance, et surtout
les motifs empruntés au château servent à leur
décoration qui couvre un peu trop la pièce et
ne laisse pas assez jouer les fonds. Sur les plats
cli ponipa, eoiiune disent les Italiens, M. Ulysse
peint généralement des scènes soldatesques
inspirées du xvi° siècle allemand.

L’atelier de M. Ulysse, qiie nous avons visité,
est un atelier de famille et rappelle l’organisa-
tion de ceux du moyen âge. il est établi dans
la banlieue, au milieu des jardins et des
vignes. Un tourneur fournit les excipients à
cinq jeunes gens qui peignent sur demi-cru.
Chacun dispose à son gré, suivant sa fantaisie
et son goût, les éléments décoratifs, dessins
ou gravures, qu’on lui fournit, de telle sorte
que, la grande règle de la variété dans l’unité
étant suivie, chaque pièce est un exemplaire
unique dans un ensemble homogène.

Un des élèves de M. Ulysse s’est séparé de
lui et a établi un atelier rival dont l’exposition
était importante. Certains produits de M. Tor-
tat se distinguent de ceux de son maître, dont,
en général, ils rappellent le g*enre, pardes bleus
sur bleu, avec rehauts de blanc laiteux très-
réussis.

M. Auguste Chauvigné avait envoyé de

Tours quelques pièces imitées des faïences de
B. Palissy, d’Oiron et d’Italie, d’une réussite
fort inégale ; les couleurs en sont pâles et
crues.

Les céramistes parisiens avaient exposé
leurs produits; ils sont trop connus pour que
nous ayons rien à en dire ici.

Comme d’habitude, l’exposition de M. Deck
était splendide. M. Léon Parvillé avait envoyé
de magnifiques reproductions de motifs persans ;
M. Damousse, des porcelaines décorées au grand
feu, de style japonais, et d’un effet un peu triste ;
et M. Eugène Schopin, des faïences d’une belle
formé et d’un décor très-sobre.

La fabrique de Gien, celle de M. Barbizet,
M. Soupireau, de Grenoble, M. Montagnon,
successeur de M. Seigneufet, à Nevers, étaient
représentés par des produits usuels où un
certain goût s’allie avec un excessif bon mar-
ché. Notons encore les terres rouges, rappelant
quelque peu l’art étrusque, de M. Barthe, de
Vierzon. Il nous suffira également de rappe-
ler les magnifiques verresémaillés de M. Bro-
card, et, dans un genre différent, les glaces
gravées de M. Bitterlin.

La peinture sur verre était représentée par
M. Lobin, de Tours, M. Lorin, de Chartres, et
M. Rathouïs, du Mans. Les vitraux de M. Lobin
sont connus et justement appréciés.

Un atelier, dirigé à Blois par M. Santt,
fabrique pour les églises de la région de grands
tapis, au point carré, sur canevas.

Le dessin en est généralement bien compris
et en accord avec un genre de fabrication qui
ne permet un certain modelé qu’à la condition
d’opérer sur un canevas très-serré et avec des
laines très-fines. Les motifs des tapis de
M. Santt sont distribués par teintes plates et
d’un excellent goût.

M. Barbedienne se passera bien des éloges
que nous pourrions faire des bronzes de son
exposition, ainsi que ]\I. Philippe des orfèvre-
ries de la sienne ; mais, nous devons nous
arrêter à ces petites pièces eu argent ciselé
que fabrique un ouvrier de Blois.

M. Vollerain-Rain a emprunté aux chiffres et
aux emblèmes qui décorent les parties du châ-
teau de Blois du temps de Louis XII et de
François Ier les motifs de petits bijoux que
les touristes emportent comme souvenir.

Si le dessin général de ces pièces est satis-
faisant, l’exécution en est rude, et cela s’ex-
plique. Celui qui les exécute les découpe et les
cisèle à même le métal, et les compose de
pièces de rapport. Or, si l’on sent un outil
encore inexpérimenté, le procédé, qui n’a rien
de mécanique, donne aux bijoux une franchise
et une netteté qui rappellent l’orfèvrerie du
XVe et du xvic siècles. Avec de l’expérience et
une étude du dessin, M. Vollerain-Rain arri-
vera certainement à mieux composer, lorsqu'il
veut faire œuvre originale, et à donner plus de
souplesse à l’exécution des petits bijoux qui
nous ont surtout frappé.

Alfred Darcel.

M. A. Darcel rendra compte dans la Gazette
de l'importante exposition rétrospective de Nancy-

N. D. L. R-
 
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