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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 33 (23 octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26613#0305
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N» 33. — 1875.

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

23 octobre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

ê

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QUELQUES MOTS ENCORE
SUR

LA MADONE DE BRUGES

Le document relatif à la Madone de Bruges,
que nous annoncions dans le dernier numéro
de la Chronique, nous est parvenu trop tard
pour que nous puissions, comme nous l’eus-
sions désiré, en donner la primeur à nos lec-
teurs. Il a paru d’abord dans l’Art universel,
dont notre correspondant à Bruxelles, M. Ca-
mille Lemonnier, est l’actif et intelligent direc-
teur, puis dans le Journal des Beaux-Arts, de
notre ami M. Siret, qui trouve, comme nous,
que le débat est bien près d’être terminé en
faveur de l’attribution à Michel-Ange. Ce docu-
ment, sans avoir le caractère absolument déci-
sif qu’on nous avait annoncé, nous semble,
cependant, d'une très-grande importance, puis-
qu’il est contemporain de Micliel-Ange. Il est
extrait d’une Histoire de Belgique, en flamand,
par Marcus van Vaernewyck, parue, pour la
première fois, en 1360, quatorze ans avant la
mort de Michel-Ange.

Voici la traduction littérale de ce passage,
telle que la donne M. Siret :

«... Et dans l’église de Notre-Dame se
trouve aussi une image de la Vierge , de
marbre blanc et de grandeur naturelle,
faite de la main habile de Michel-Ange
BonAROTUS, DE FLORENCE ; ELLE EST VENUE
de Rome a grands frais et fut payée en-
viron QUATRE MILLE FLORINS, SANS LES FRAIS
QUI DOIVENT ENCORE ÊTRE FAITS POUR XII

compartiments (pcrchen) de N.-JL Cette
PIÈCE FORMERA AINSI UN RETABLE .INFINIMENT
PRÉCIEUX; ON CROIT QU’ELLE COUTERA SIX

Livres de gros. Jean d’Heere, de gand, a

ORDONNÉ LE PLAN, ET C’EST LüCAS, SON
FILS (I), QUI A FAIT LE DESSIN. »

(1) M. Ed. de Busscher a publié sur la famille
de Heere une monographie étendue.

M. Camille Lemonnier traduit le vieux mot
flamand percken par corporations, ce qui chan-
gerait singulièrement le sens de la phrase.

Dans le premier cas, le retable dont il s’agit
n’aurait pas été exécuté et aurait été ultérieu-
rement remplacé par la niche en marbre noir
que nous voyons encore aujourd’hui; dans le
second, cette niche, œuvre très-simple de la
lin du xvi° siècle ou même du commencement
du XVIIe siècle, serait très-probablement l’œu-
vre même de Jean et Lucas de Heere. Lequel
des deux traducteurs a raison? C’est ce que
notre faible connaissance du dialecte flamand
ne nous permet pas d’apprécier.

Mais ce qui nous importe, c’est l’affirmation
sans réticence que contient ce document quant
à la paternité de Michel-Ange. Rapprochée de
l’affirmation non moins positive d’Albert Du-
rer, cette opinion d’un historien très au cou-
rant des choses de son pays et contemporain
de Michel-Ange, sur le compte d’une œuvre
d’art déjà célèbre et connue de tout le monde,
nous semble d’un poids décisif dans la ques-
tion. Il serait, en vérité, bien étrange que l’on
se soit de prime-abord et pendant si long-
temps trompé, alors que l’artiste, encore vi-
vant, pouvait protester, — ce qu’il n’eùt pas
manqué de faire avec le caractère qu’on Jui
connaît.

Laissant donc de côté la phrase de Con-
divi, laissant même le sentiment presque una-
nime que lait naître le caractère si individuel
de cet admirable groupe, il est certain que
nous devons, en l’absence de preuve contraire,
nous en rapporter, avant tout, à l’opinion
avérée des contemporains.

D’ailleurs, au xvn° siècle, cette opinion
n’était en aucune façon ébranlée. Nous trou-
vons, en effet, dans une Description de N.-D.
de Bruges, par M. Reaucourt de Noortvelde,
publiée à Bruges, chez Joseph de Busscher,
en 1773 (1), les passages suivants :

(’l) Un volume in-4°.
 
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