ET DE LA CURIOSITE
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« Images du Musée alsacien » méritent une men-
tion spéciale.
Cette publication (fondée en lOO'i). qui complète,
en quelque sorte, l'admirable lievuc alsacienne
illustrée que nous avons signalée maintes fois ici,
parait tous les deux mois paï fascicules in-4° do
quatre plancbes, offrant des reproductions photo-
typiques ou héliogravées, on noir ou on couleurs,
de sites pittoresques, de maisons et détails d'ar-
chitecture, do scènes de la vie populaire, de cos-
tumes, d'objets et ustensiles du musée; en un
mot, des images, prises sur nature, do la vie. alsa-
cienne dans le présent et le passé. Le choix des
motifs est toujours des plus heureux, la présenta-
tion pleine de goût, l'exécution des plus soignées;
l'abonnement, qui confère le titre de membre asso-
cié et donne droit d'entrée gratuite au musée, est
do 12 fr. 50 par an pour Strasbourg, 15 fr. pour le
dehors. Non seulement celte publication fait ses
frais, mais elle a laissé un bénélice dès la deuxième
année. Un si bel exemple d'intelligent amour du
passé et de féconde action régionaliste • qui mé-
riterait tant d'être suivi en France dans chacune
de nos anciennes provinces — appelle tous les
encouragements, et nous souhaitons à cette entre-
prise tout le succès dont elle est digne.
Le dernier fascicule (1" de 190G) des « Images
du Musée alsacien » contient les planches suivan-
tes : Porte à Chàtenois ; — Paysans d'Engwiller :
La Lecture (Alsacienne en costume)., très belle
héliogravure; — Fouteuse de chanvre, en costume
alsacien, et macque (instrument à fouler le chan-
vre) de li région de llocrdt.
Un groupement d'artistes et d'amateurs alsaciens
vient do se constituer à Strasbourg sous la déno-
mination de Société pour le développement des
Beaux-Arts et des Arts industriels en Alsace-
Lorraine. Son but est d'organiser et d'entretenir
une Maison d'art alsacienne, offrant en même
temps un salon d'exposition à l'Association des
artistes strasbourgeois. Ces expositions s'y renou-
vellent, d'ailleurs, chaque mois : un hall y est des-
tiné aux tableaux, une salle spéciale aux œuvres
en blauc et noir, et les autres locaux sont affec-
tés à la vente des produits d'art industrie!. La
Maison d'art, qui est placée sous la direction de
M. Gustave Stoskopf et do M. Knorr, artiste
peintre, s'est assuré déjà le concours d'artistes de
valeur comme lîingel d'IUzach, Spindler, Brau-
nagel, Cammissar, et d'industriels, ou plutôt d'ar
tisans, tels que les frères Elchinger, potier à
Soufllenheim ; Christian, verrier à Meisenlhal ;
Bastian, émailleur à Strasbourg ; les frères
Zschock, serruriers d'art ; Butz, stucateur.
REVUE DES REVUES
= Mercure de France {15 février). — Dans sa
chronique dos Musées, notre collaborateur M. Au-
guste Marguillier, à propos do la mise à l'étude do
la réorganisation des musées de province, réclame
la création, dans chacune des capitales de nos an-
ciennes provinces, d'un musée d'art rustique régio-
nal qui serait comme le conservatoire des traditions
de chaque contrée, à l'exemple du « Museon arla-
ten », fondé à Arles par Mistral et du musée
alsacien de Strasbourg dont nous parlons plus
haut, et il souhaite, en outre, à Paris, comme com-
plément de notre Musée des Arts décoratifs, la
création d'un Musée des Provinces de France, que
le pauvre Musée ethnographique du Trocadéro ne
saurait prétendre réaliser et qui, par les leçons
do logique et de simplicité qu'il offrirait à nos
artisans, pourrait exercer sur eux la plus salu-
taire influence.
(1" mars). — Ce numéro renferme, do M. Gabriel
Boissy, un vibrant et très documenté Plaidoyer
pour la préservation du théâtre d'Orange, menacé,
comme nous l'avons annoncé, d'une restauration —
c'est-à-dire réfection — complète, qui ferait dispa-
raître tout le caractère et le charme de cette admi-
rable ruine. Après avoir rappelé les règles génér ales,
que nous avons exposées tant de fois, qui devraient
être observées en matière do restauration de monu-
ments anciens, il indique quels sont, dansloprojet
qu'il critique, les travaux légitimes; puis ceux qui
seraient fâcheux, mais point défigurants; enfin, ceux
qui détruiraient à jamais la majesté et la beauté
du monument, et il adjure tous ceux qui sont sen-
sibles à cette beauté de s'unir avec lui dans une
protestation énergique à laquelle nous nous asso-
cions pour notre part, et à faire appel au Parlement
et à la commission des Monuments historiques.
(15 mars). — Dans les notes sur La Centennnlc
de l'art allemand actuellement ouverte à Berlin,
M. Marcel Archinard résume de façon juste,
quoique trop brève, la physionomie do la peinture
allemande au xix° siècle dans ses principaux repré-
sentants.
= Revue d'Alsace (janvier-février 1006).— Cette
livraison renferme une éloquente conférence de
M. Anselme Laugel faite à Wissembourg, le
7 décembre dernier: De la nécessité de conserver
à nos villes alsaciennes leur véritable caractère.
Ce plaidoyer chaleureux peut s'appliquer à toutes
nos vieilles cités. Le conférencier y expose d'abord
les raisons pour lesquelles les monuments du passé
doivent être respectés, et il n'est pas inutile do citer
cette excellente démonstration : « Le temps a donné
à chacune do nos villes, à chacune de nos bourga-
des, à chacun do nos villages même, une physio-
nomie spéciale qui est due à l'action successive,
mais continue, des générations qui s'y sont suc-
cédé. La disposition des rues et des places, la ma-
nière dont sont comprises et ornées les maisons,
le stylo des églises et des bâtiments pnbliesne sont
pas l'œuvre du hasard : ils sont intimement liés à
l'évolution sociale d'une cité et aux péripéties de
sou histoire. Eu modifiant l'aspect des monuments
on commet une sone de crime, puisque l'on sup-
prime un témoignage précieux. »
L'auteur examine ensuite dans quelle mesure,
en préspnee des nécessités qui obligent, cependant,
à remanier sans cesse les villes, les aspects anciens
peuvent être modifiés « Il faut, d'une part, que les
générations futures puissent se faire une idée
exacte de l'évolution artistique et sociale, et que,
par conséquent, de chaque époque historique soient
conservés des monuments authentiques qui rensei-
gnent sur la façon dont étaient compris la vie et
les arts. Il faut, d'autre part, que, songeant nous-
mêmes à l'avenir, nous nous efforcions de donner
à ceux qui auront à nous juger plus tard une bonne
opinion do nos idées et de nos goûts. »
M. Laugel montre dans quel esprit doit être ac-
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« Images du Musée alsacien » méritent une men-
tion spéciale.
Cette publication (fondée en lOO'i). qui complète,
en quelque sorte, l'admirable lievuc alsacienne
illustrée que nous avons signalée maintes fois ici,
parait tous les deux mois paï fascicules in-4° do
quatre plancbes, offrant des reproductions photo-
typiques ou héliogravées, on noir ou on couleurs,
de sites pittoresques, de maisons et détails d'ar-
chitecture, do scènes de la vie populaire, de cos-
tumes, d'objets et ustensiles du musée; en un
mot, des images, prises sur nature, do la vie. alsa-
cienne dans le présent et le passé. Le choix des
motifs est toujours des plus heureux, la présenta-
tion pleine de goût, l'exécution des plus soignées;
l'abonnement, qui confère le titre de membre asso-
cié et donne droit d'entrée gratuite au musée, est
do 12 fr. 50 par an pour Strasbourg, 15 fr. pour le
dehors. Non seulement celte publication fait ses
frais, mais elle a laissé un bénélice dès la deuxième
année. Un si bel exemple d'intelligent amour du
passé et de féconde action régionaliste • qui mé-
riterait tant d'être suivi en France dans chacune
de nos anciennes provinces — appelle tous les
encouragements, et nous souhaitons à cette entre-
prise tout le succès dont elle est digne.
Le dernier fascicule (1" de 190G) des « Images
du Musée alsacien » contient les planches suivan-
tes : Porte à Chàtenois ; — Paysans d'Engwiller :
La Lecture (Alsacienne en costume)., très belle
héliogravure; — Fouteuse de chanvre, en costume
alsacien, et macque (instrument à fouler le chan-
vre) de li région de llocrdt.
Un groupement d'artistes et d'amateurs alsaciens
vient do se constituer à Strasbourg sous la déno-
mination de Société pour le développement des
Beaux-Arts et des Arts industriels en Alsace-
Lorraine. Son but est d'organiser et d'entretenir
une Maison d'art alsacienne, offrant en même
temps un salon d'exposition à l'Association des
artistes strasbourgeois. Ces expositions s'y renou-
vellent, d'ailleurs, chaque mois : un hall y est des-
tiné aux tableaux, une salle spéciale aux œuvres
en blauc et noir, et les autres locaux sont affec-
tés à la vente des produits d'art industrie!. La
Maison d'art, qui est placée sous la direction de
M. Gustave Stoskopf et do M. Knorr, artiste
peintre, s'est assuré déjà le concours d'artistes de
valeur comme lîingel d'IUzach, Spindler, Brau-
nagel, Cammissar, et d'industriels, ou plutôt d'ar
tisans, tels que les frères Elchinger, potier à
Soufllenheim ; Christian, verrier à Meisenlhal ;
Bastian, émailleur à Strasbourg ; les frères
Zschock, serruriers d'art ; Butz, stucateur.
REVUE DES REVUES
= Mercure de France {15 février). — Dans sa
chronique dos Musées, notre collaborateur M. Au-
guste Marguillier, à propos do la mise à l'étude do
la réorganisation des musées de province, réclame
la création, dans chacune des capitales de nos an-
ciennes provinces, d'un musée d'art rustique régio-
nal qui serait comme le conservatoire des traditions
de chaque contrée, à l'exemple du « Museon arla-
ten », fondé à Arles par Mistral et du musée
alsacien de Strasbourg dont nous parlons plus
haut, et il souhaite, en outre, à Paris, comme com-
plément de notre Musée des Arts décoratifs, la
création d'un Musée des Provinces de France, que
le pauvre Musée ethnographique du Trocadéro ne
saurait prétendre réaliser et qui, par les leçons
do logique et de simplicité qu'il offrirait à nos
artisans, pourrait exercer sur eux la plus salu-
taire influence.
(1" mars). — Ce numéro renferme, do M. Gabriel
Boissy, un vibrant et très documenté Plaidoyer
pour la préservation du théâtre d'Orange, menacé,
comme nous l'avons annoncé, d'une restauration —
c'est-à-dire réfection — complète, qui ferait dispa-
raître tout le caractère et le charme de cette admi-
rable ruine. Après avoir rappelé les règles génér ales,
que nous avons exposées tant de fois, qui devraient
être observées en matière do restauration de monu-
ments anciens, il indique quels sont, dansloprojet
qu'il critique, les travaux légitimes; puis ceux qui
seraient fâcheux, mais point défigurants; enfin, ceux
qui détruiraient à jamais la majesté et la beauté
du monument, et il adjure tous ceux qui sont sen-
sibles à cette beauté de s'unir avec lui dans une
protestation énergique à laquelle nous nous asso-
cions pour notre part, et à faire appel au Parlement
et à la commission des Monuments historiques.
(15 mars). — Dans les notes sur La Centennnlc
de l'art allemand actuellement ouverte à Berlin,
M. Marcel Archinard résume de façon juste,
quoique trop brève, la physionomie do la peinture
allemande au xix° siècle dans ses principaux repré-
sentants.
= Revue d'Alsace (janvier-février 1006).— Cette
livraison renferme une éloquente conférence de
M. Anselme Laugel faite à Wissembourg, le
7 décembre dernier: De la nécessité de conserver
à nos villes alsaciennes leur véritable caractère.
Ce plaidoyer chaleureux peut s'appliquer à toutes
nos vieilles cités. Le conférencier y expose d'abord
les raisons pour lesquelles les monuments du passé
doivent être respectés, et il n'est pas inutile do citer
cette excellente démonstration : « Le temps a donné
à chacune do nos villes, à chacune de nos bourga-
des, à chacun do nos villages même, une physio-
nomie spéciale qui est due à l'action successive,
mais continue, des générations qui s'y sont suc-
cédé. La disposition des rues et des places, la ma-
nière dont sont comprises et ornées les maisons,
le stylo des églises et des bâtiments pnbliesne sont
pas l'œuvre du hasard : ils sont intimement liés à
l'évolution sociale d'une cité et aux péripéties de
sou histoire. Eu modifiant l'aspect des monuments
on commet une sone de crime, puisque l'on sup-
prime un témoignage précieux. »
L'auteur examine ensuite dans quelle mesure,
en préspnee des nécessités qui obligent, cependant,
à remanier sans cesse les villes, les aspects anciens
peuvent être modifiés « Il faut, d'une part, que les
générations futures puissent se faire une idée
exacte de l'évolution artistique et sociale, et que,
par conséquent, de chaque époque historique soient
conservés des monuments authentiques qui rensei-
gnent sur la façon dont étaient compris la vie et
les arts. Il faut, d'autre part, que, songeant nous-
mêmes à l'avenir, nous nous efforcions de donner
à ceux qui auront à nous juger plus tard une bonne
opinion do nos idées et de nos goûts. »
M. Laugel montre dans quel esprit doit être ac-