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LA CHRONi^WE DES ARTS
Société des Antiquaires de France
Séance du 14 mars
M. le comte Durrieu fait une communication sur
le paragraphe 11 du manuscrit provenant du duc
Jean de Berry, que M.Yates Thompson a découvert
en 1903. Il démontre que la miniature initiale re-
présentant Hérode entrant dans le temple de
Jérusalem, est seule de la main de Jean Fouquet et
que les autres miniatures sont l'œuvre de l'un de
ses élèves.
M. d'Arbois de Jubainville lit un mémoire sur le
lieu du baptême de Glovis. La plupart des auteurs
l'ont fixé à Reims et M.Krusch propose de le placer
à. lours, mais il n'y a pas lieu d'adopter cette
opinion, d'ailleurs réfutée par M. Demaison.
M. Moreau signale une sculpture trouvée aux
environ de Néris.
M. Glouzot lit une note sur l'origine du nom de
Maillezais.
M. Monceaux communique, de la part de M. Mer-
lin, quelques inscriptions trouvées à Mactart.
Séance du SI mars
M. Enlart communique un mémoire do M. le
Dr Birot sur l'autel de l'église d'Avenas (Ardècho),
qu'il faut attribuer au xne siècle.
M. Fauer présente les photographies des fres-
ques du Sanctora Sanctorum à Borne et identifie
les saints, les apôtres et les scènes peintes sur les
murs et les arcatures trilobées.
M. Ravaisson-Mollien entretient la Société de l'in-
téressant portrait de Marc Antoine délia Torre au
musée de Budapest. Ce portrait, attribué à l'école
hollandaise, doit être rendu à Léonard de Vinci.
M. Michon étudie divers groupes de stèles funé-
raires du type particulier en usage en Phrygie
dont un certain nombre de spécimens se trouve au
musée du Louvre.
M. de Msly communique la photographie du côté
droit du siège des évêques d'Avignon au xrr siècle
qui jusqu'ici n'avait pas été photographié ; c'est
la seule partie antique de cette chaire épiscopale.
M. Monceau présente, en la commentant, une
nouvelle inscription cursive d'époque chrélienne
récemment trouvée à Cartilage.
REVUE DES REVUES
|J Repertorium fur Kunstwissenschaft (1903,
fasc. ô). — M. E. Polaczek revient, après tant
d'autres, sur la question (si controversée depuis la
découverte par Rumohr du texte : « Magister
Nicolas Pietri de Apulia »), de l'origine de Niccola
Pisano; les uns (Milanesi, Dolbert, Sehnaaso,
Semper, Dohme, Schmarsow, Mûntz, etc.), don-
nant au mot « de Apulia », non pas la signification
« d'Apulie » — autrement le texte dirait : « de par-
tibus Apulix », — mais y voyant la désignation
d'une localité qui doit être Pulia, eu Toscane ; les
autres (Crowe et Cavalcaselle, Lùbke, Fry, Ven-
turîj Schubring, Supino, etc.), tenant pour l'Apu-
lie. La question est importante, car il s'agit de
savoir si la première Renaissance italienne, dont
Niccola fut l'introducteur, vient d'Apulie, ou si elle
est sortie du sol toscan lui-même où Niccola pro-
duisit ses chefs-d'œuvre. M. Emile Bertaux, comme
nos lecteurs le savent déjà (1), s'est placé récem-
ment à un troisième point de vue : celui des in-
fluences gothiques françaises du xnr siècle que
décèlent l'art do Niccola Pisano et qui le distin-
guent essentiellement des autres sculpteurs de son
époque, et, s'occupant de l'architecture plus que de
la sculpture de la chaire de Pise, il y a constaté
une extrême analogie avec des détails, révélant
également des influences françaises, de Castel del
Monte, bâti par Frédéric Barberousse, près An-
dria, et avec la porte du château de Prato, bâti par
le même Frédéric. M. Bertaux suppose donc que
Niccola aurait travaillé à ces châteaux et aurait
été ensuite appelé par Frédéric pour en bâtir
d'autres en Toscane, où il se serait alors fixé.
M. Polaczek, après avoir résumé cette dernière
thèse, estime que la ressemblance entre Castel. del
Monte et Prato n'exige pas nécessairement que
Niccolo ait collaboré à ces édifices et soit origi-
naire du pays où ils furent construits, et, rejetant
la thèse apulienne, il se rallie à la thèse de l'ori-
gine pisane, qu'il fortifie par de nouveaux argu-
ments : d'abord l'inscription de la fontaine de
Pérouse, édifiée par Niccola et Giovanni Pisano,
où, contrairement au texte donné jadis par Vermi-
glioli, il lit, après les noms de ces deux artistes :
« natu Pisani » ; puis l'étude critique de la chaire
de Pise, pour laquelle, ni au point do vue de
l'architecture, ni au point de vue de la décoration,
Niccola n'avait pas à aller chercher des inspira-
tions en Apulie, et qui lui semble, au contraire,
le développement logique de ce que Niccola avait
pu voir en Toscane mime.
|| M. F. Malaguzzi-Valeri publie des documents
d'archives découverts par lui, ayant trait à la
commande au Pérugin, pour la Chartreuse de
Pavie, d'un retable qui y demeura jusqu'à la sup-
pression de l'abbaye à la fin du xvirr siècle et fut
ensuite dispersé de divers côtés : le compartiment
supérieur du milieu est resté dans la chapelle
Saint-Michel ; trois autres parties, parmi les-
quelles le panneau central représentant La Vierge
avec l'Enfant entre saint Michel et saint Raphaël
avec le jeune Tobie, après avoir appartenu à la
famille Melzi, sont aujourd'hui à la National
Gallery de Londres.
|| M. L. von Dobschûtz étudie un bas-relief en
ivoire byzantin conservé au British Muséum, où
M. IL Graoven et le catalogue ont cru reconnaître
La Descente du Christ aux Limbes, et où il voit,
lui, une représentation de La Vision d'Ézéchiel
(ch. 37).
|| Important travail de M. G. Zwarzenski (ter-
miné dans le fascicule suivant) sur les peintures
et ornements des manuscrits de l'école do Reiche-
nau, do l'école carolingienne à l'époque d'Othon.
|| Fin do l'étude de M. C. Wintorberg sur les
proportions du corps humain telles qu'elles résul-
tent des ouvrages de Durer sur cotte matière.
(6" fasc). — M. Liuhvig Justi publie une étude
très approfondie et très intéressante sur La Créa-
tion artistique chez Durer : d'abord sa conception
particulière, qui incline volontiers vers le côté poé-
tique, sa façon de composer les sujets à figures ou
les paysages, puis l'exécution de ces compositions.
(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 1905, t. I, p. 130.
LA CHRONi^WE DES ARTS
Société des Antiquaires de France
Séance du 14 mars
M. le comte Durrieu fait une communication sur
le paragraphe 11 du manuscrit provenant du duc
Jean de Berry, que M.Yates Thompson a découvert
en 1903. Il démontre que la miniature initiale re-
présentant Hérode entrant dans le temple de
Jérusalem, est seule de la main de Jean Fouquet et
que les autres miniatures sont l'œuvre de l'un de
ses élèves.
M. d'Arbois de Jubainville lit un mémoire sur le
lieu du baptême de Glovis. La plupart des auteurs
l'ont fixé à Reims et M.Krusch propose de le placer
à. lours, mais il n'y a pas lieu d'adopter cette
opinion, d'ailleurs réfutée par M. Demaison.
M. Moreau signale une sculpture trouvée aux
environ de Néris.
M. Glouzot lit une note sur l'origine du nom de
Maillezais.
M. Monceaux communique, de la part de M. Mer-
lin, quelques inscriptions trouvées à Mactart.
Séance du SI mars
M. Enlart communique un mémoire do M. le
Dr Birot sur l'autel de l'église d'Avenas (Ardècho),
qu'il faut attribuer au xne siècle.
M. Fauer présente les photographies des fres-
ques du Sanctora Sanctorum à Borne et identifie
les saints, les apôtres et les scènes peintes sur les
murs et les arcatures trilobées.
M. Ravaisson-Mollien entretient la Société de l'in-
téressant portrait de Marc Antoine délia Torre au
musée de Budapest. Ce portrait, attribué à l'école
hollandaise, doit être rendu à Léonard de Vinci.
M. Michon étudie divers groupes de stèles funé-
raires du type particulier en usage en Phrygie
dont un certain nombre de spécimens se trouve au
musée du Louvre.
M. de Msly communique la photographie du côté
droit du siège des évêques d'Avignon au xrr siècle
qui jusqu'ici n'avait pas été photographié ; c'est
la seule partie antique de cette chaire épiscopale.
M. Monceau présente, en la commentant, une
nouvelle inscription cursive d'époque chrélienne
récemment trouvée à Cartilage.
REVUE DES REVUES
|J Repertorium fur Kunstwissenschaft (1903,
fasc. ô). — M. E. Polaczek revient, après tant
d'autres, sur la question (si controversée depuis la
découverte par Rumohr du texte : « Magister
Nicolas Pietri de Apulia »), de l'origine de Niccola
Pisano; les uns (Milanesi, Dolbert, Sehnaaso,
Semper, Dohme, Schmarsow, Mûntz, etc.), don-
nant au mot « de Apulia », non pas la signification
« d'Apulie » — autrement le texte dirait : « de par-
tibus Apulix », — mais y voyant la désignation
d'une localité qui doit être Pulia, eu Toscane ; les
autres (Crowe et Cavalcaselle, Lùbke, Fry, Ven-
turîj Schubring, Supino, etc.), tenant pour l'Apu-
lie. La question est importante, car il s'agit de
savoir si la première Renaissance italienne, dont
Niccola fut l'introducteur, vient d'Apulie, ou si elle
est sortie du sol toscan lui-même où Niccola pro-
duisit ses chefs-d'œuvre. M. Emile Bertaux, comme
nos lecteurs le savent déjà (1), s'est placé récem-
ment à un troisième point de vue : celui des in-
fluences gothiques françaises du xnr siècle que
décèlent l'art do Niccola Pisano et qui le distin-
guent essentiellement des autres sculpteurs de son
époque, et, s'occupant de l'architecture plus que de
la sculpture de la chaire de Pise, il y a constaté
une extrême analogie avec des détails, révélant
également des influences françaises, de Castel del
Monte, bâti par Frédéric Barberousse, près An-
dria, et avec la porte du château de Prato, bâti par
le même Frédéric. M. Bertaux suppose donc que
Niccola aurait travaillé à ces châteaux et aurait
été ensuite appelé par Frédéric pour en bâtir
d'autres en Toscane, où il se serait alors fixé.
M. Polaczek, après avoir résumé cette dernière
thèse, estime que la ressemblance entre Castel. del
Monte et Prato n'exige pas nécessairement que
Niccolo ait collaboré à ces édifices et soit origi-
naire du pays où ils furent construits, et, rejetant
la thèse apulienne, il se rallie à la thèse de l'ori-
gine pisane, qu'il fortifie par de nouveaux argu-
ments : d'abord l'inscription de la fontaine de
Pérouse, édifiée par Niccola et Giovanni Pisano,
où, contrairement au texte donné jadis par Vermi-
glioli, il lit, après les noms de ces deux artistes :
« natu Pisani » ; puis l'étude critique de la chaire
de Pise, pour laquelle, ni au point do vue de
l'architecture, ni au point de vue de la décoration,
Niccola n'avait pas à aller chercher des inspira-
tions en Apulie, et qui lui semble, au contraire,
le développement logique de ce que Niccola avait
pu voir en Toscane mime.
|| M. F. Malaguzzi-Valeri publie des documents
d'archives découverts par lui, ayant trait à la
commande au Pérugin, pour la Chartreuse de
Pavie, d'un retable qui y demeura jusqu'à la sup-
pression de l'abbaye à la fin du xvirr siècle et fut
ensuite dispersé de divers côtés : le compartiment
supérieur du milieu est resté dans la chapelle
Saint-Michel ; trois autres parties, parmi les-
quelles le panneau central représentant La Vierge
avec l'Enfant entre saint Michel et saint Raphaël
avec le jeune Tobie, après avoir appartenu à la
famille Melzi, sont aujourd'hui à la National
Gallery de Londres.
|| M. L. von Dobschûtz étudie un bas-relief en
ivoire byzantin conservé au British Muséum, où
M. IL Graoven et le catalogue ont cru reconnaître
La Descente du Christ aux Limbes, et où il voit,
lui, une représentation de La Vision d'Ézéchiel
(ch. 37).
|| Important travail de M. G. Zwarzenski (ter-
miné dans le fascicule suivant) sur les peintures
et ornements des manuscrits de l'école do Reiche-
nau, do l'école carolingienne à l'époque d'Othon.
|| Fin do l'étude de M. C. Wintorberg sur les
proportions du corps humain telles qu'elles résul-
tent des ouvrages de Durer sur cotte matière.
(6" fasc). — M. Liuhvig Justi publie une étude
très approfondie et très intéressante sur La Créa-
tion artistique chez Durer : d'abord sa conception
particulière, qui incline volontiers vers le côté poé-
tique, sa façon de composer les sujets à figures ou
les paysages, puis l'exécution de ces compositions.
(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 1905, t. I, p. 130.