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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 15 (14 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0126
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LA CHRONIQUE DES ARTS

burtus ; l'Été, do M. Smeers ; do M. Pierre Brac-
quomond, deux portraits intéressants auxquels je
profère toutefois celui de tout à fait belle allure
que le jury a refusé sans raison.

Salt.es VI, VI bis et VI ter. — Utilisant les
décorations naguère créées pour les exposilious do
Saint-Louis et de Liège, M. Dubufe s'est piqué
do donner à cette travée, divisée en trois, l'as-
pect d'une enfilade d'appartements ; dos carpettes
d'Orient amortissent le bruit des pas ; des tentures
claires tapissent les parois ; la pièce du centra
(VI bis) suggère Tassez exacte impression « du
salon mondain'»; dans les deux autres, où cou-
rent des frises de M. Lepèrc, de M. Latoucho, le
bon aloi do l'en tour no manqua pas d'assurer la
meilleure mise en valeur do la peinture.

M. Auguste Lepère est parti do l'observation di-
recte de la réalité, puis, progressivement, il s'est
libéré du terre à terre de l'imitation littérale ; sans
cesser d'être parallèles à la nature, les interpréta-
tions qu'il eu offre aujourd'hui — Là Fin d'au-
tomne, Solitude, Après l'orage — s'attestent déco-
ratives au premier chef ; elles s'imposent par la
direction des lignes, par l'accord des tons, par la
subordination des éléments do la composition à
l'effet d'ensemble longuement prémédité.

Dans la peinture d'intérieur, M. Maurice Lobre
et M. Waltor Gay ont qualité do chefs d'école;
celui-là fidèle au genre qui lui a valu la gloire
conduit notre souvenir auprès d'Helleu; !e pre-
mier délaisse à certaines heures Versailles, le faste
de son palais mort, et c'est avec une compréhen-
sion aussi avertie qu'on lo voit célébrer la mâle et
ruclo beauté des sanctuaires de Chartres. — Kxiléo
hors de vue, une délicate Plage do M. Haweiss.

L'exposition do M. Roll a été comme éparpillée
;'i plaisir ; on lo regrette d'autant plus qu'elle est
très synthétique, que l'effort de toute une carrière
s'y reflète [Dragon, Journée d'été, Après la dou-
leur) ; le morceau auquel il sied d'attacher le plus
de prix, à notre sentiment, est une figure nuo en
plein air, omise par le catalogue ; elle a pris place
dans la salle VI ter, où so voient également l'Étude
do M. Agache, la Femme sur un canapé do M. Frie-
seke, des fleurs, transparaissant légèrement dans
la pénombre, do M. Henri Dumont et de M'"" Lis-
beth Dclvolvé-Carrière.

Salle VII. — Redoutons qu'eà censurer M. Caro
Delvaille ov. apporte autant de hâte et autant
d'excès qu'à l'exalter naguère ; plutôt que d'in-
sister, mieux vaut songer à son passé et lui laisser
le délai des réparations nécessaires. — Deux por-
traits, toujours épiloptiques, de M. Boldini ;
d'autres, très séduisants, de M11" Louise Breslau.

Salle VIII. — M. Gustave Colin, à qui cette
salle est en entier consacrée, a connu l'étrange
destin d'obtenir l'accès des musées, dos collections,
tout en demeurant quasi ignoré du grand public.
Cela tient, j'imagine, à ce que l'on no s'est point
soucié do faire remonter à leur vraie date son
œuvre et son effort. Delà l'utilité de cette manifes-
tation récapitulative. Des tableaux comme la Sortie
d'église à Cibour, comme les Basques espagnols
jouant à la pelote, deviennent singulièrement signi-
ficatifs lorsque l'on songe que l'exécution s'en
place entre 1801 et 1863. Gustave Colin prend alors
rang, dans l'histoire de l'École française, aux côtés
de Dehodencq et pas trop loin de Manet.

Salle IX. — Plus d'un se demandera avec nous

si le Juge de M. Lévy-Dhurmer possède bien les
qualités requises pour remplacer dans la grande
chambre du [Palais do justice le Christ du Par-
lement dont s'enorgueillit aujourd'hui le musée du
Louvre. • ■ '

Matinée de septembre et Aux Foins, par M.
Emile Claus. Le Vieux parc de l'aqueduc d'Ar-
cueil, par M. Emile Barau.

Salle X. — L'exposition de la Société Nouvelle
avait déjà révélé cotto orientation imprévue du
talent de M. André Dauchez vers lu lumière; mais
il s'en faut que l'éclaircissement do la palette soit
obtenu, chez lui, au préjudice do l'ordonnance ;
comme par lo passé, l'installation du motif, la
plantation du décor, le lointain des perspectives,
l'ondulation des terrains confèrent à ces simples
vues de Bretagne le prestige qui s'attachait aux
premiers paysages, soi- disant historiques, de notre
grand Corot.

M. Victor Prouvé rivalise avec M. Cottet dans
ses sites du pays basque. Le Dragon de M. Roll.

Salle XI. — Vers la guerre et En Albanie, par
M. Pierre Lagardc; Le jardin sur lesrcmparts, La
Ville haute et Le Marché vieux, par M. Eugène
Morand.

Salle XII. — L'Escarpolette, les Trois enfants
en bateau confirment la singulière aptitude do
M. Henri Lobasquo à incorporer dos figures dans
lo paysage à les baigner dans le soleil et l'air
ambiant.

Une boutique, très whistlèrienne, do M. Mor-
rico; la Femme accoudée, par M. Jcanniot.

Salle XIII. — Nos sympathies d'art aiment ne
pas dissocier dans leur diloction fervente Henri et
Mario Duhem ; ce n'est pas qu'ils no so révèlent, à
l'analyse, sensiblement différents : lui, plutôt attiré
par la grandeur des impressions et des spectacles
dans la ville morte ou la campagne embrumée ;
elle, cédant doucement, en femme, à la tentation
de dire la quiétude moite de l'intérieur ou do
fleurir l'ombre silencieuse.

L'habitude était prise de confiner M. Abel Tru-
chot dans la représentation des bals et des fêtes
do Montmartre ; voici qu'il en faut rabattre ; en
démontrant l'inanité dos classifications, un tableau
de nu, La Toilette, fournit l'oxacto mesure d'un
talent qui puise sa forco dans sa sincérité et son
indépendance.

Un des meilleurs portraits de ce Salon par M.
X. Prinet, et, du mémo, Le Balcon.

Salle XIV. — Essentiellement français do goût
et d'humeur, ainsi qu'il appert de son Portrait de
femme en gris, M. Aboi Faivre s'affilie à l'impres-
sionnisme et à Renoir, tout en renouant avec les
maîtres du xvni' siècle.

Des souvenirs d'Algérie de M. Dinet ; des por-
traits de M. Loup.

Sur une épine : les portraits de M11" Hélène
von Beckorath; La Cueillette des cerises, de
Mm* Dora Hitz ; La Gatté-Montparnasse, do
M. Gay du Bois.

Salle XV. — Une des révélations inattendues de
ce salon est, sans contredit, les six vues do Venise,
du crépuscule à la nuit, par M. Le Sidauor; on
perçoit très bien comment le peintre dos canaux
flamands et do Bruges la Morte s'est institué à
son tour peintre do la lagune; à la représentation
des sites classiques, il a donné l'attrait de l'inédit
 
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