ET DE LA CURIOSITE 117
par le choix do tonalités doucement voilées et par
un métier extraordinairement apte à marquer les
jeux ténus de l'enveloppe.
M. Charles Cottet revient, do son côté, au por-
trait et il donne d'un môme modèle trois versions
que varient des éclairages constrastés ; un paysage
de Pont-en-Royan, grandiose et romantique comme
un tableau d'Isabey, ajoute encore à l'attrait de
son apport.
Les enfants de chœur, par M. Frédéric.
Salle XVI.— De délicates images de femmes et
d'enfants, de M. François Guiguot ; L'Homme en
noir, de M. Carolus Duran; Fèrc-en-Tardenois,
par M. Etienne Moreau-Nélaton ; Un bronze de
Barye, par M. Paul Salzedo.
Salle XVII. — On a garde souvenir des aqua-
relles largement lavées où M. Gaston Prunier
prouvait un sens si curieux du paysage synthé-
tique ; ses tableaux bénéficient de la même vision
spéciale, et déjà l'un d'entre eux, Le Dimanche
au Point-du-Jour, s'anime d'une figuration très
vivante, elle aussi observée et notée par l'en-
semble, avec la seule ambition do suggérer du
spectacle une impression d'une absolue unité.
Une seconde suite de vues de Venise aimables,
ensoleillées, signées do M. Louis Gillot.
Salle XVIII. — Les œuvres dernières d'Eugène
Carrière s'y trouvent réunies en manière d'hommage,
et chacun se pourra do la sorte édifier sur l'éten-
due du deuil iniligé à l'école française. Ainsi, voici
pour la dernière fois ces <> têtes d'expression » et ces
« maternités » qui avaient forcé le parallèle avec les
plus grands maîtres de l'art ; voici les panneaux
dans lesquels le vaste esprit de Carrière enten-
dait inclure l'histoire même de l'humanité ; voici
le Portrait de M'"° Mcnard-Dorian, comme en-
trevu de l'au-delà, et dont on dirait l'adieu de
Carrière à la pointure ; puis voici sa propre effigie,
son front plissé, courroucé, son visage en révolte
contre l'aveugle fatalité qui allait faucher sa vie,
alors qu'il prétendait n'avoir rien produit, tant les
projets se pressaient dans son cerveau, tant il lui
restait à dire et à poindre...
Pourtour des Galeries extérieures du pre-
mier étage. — A droite : Le Village russe, de
M. Boris Koustodieff. — Le Levant espagnol, do
M. Planclls. — En plein air, de M. Kousnetzolf.
— Les Amis et La Dame au chdle de dentelle, de
M. Hopkins. — Égyptiennes, par M. Emile Ber-
nard. — Ave Maria et Mater Dei, de M. Séon. —
Le Salon jaune, par M. Upton. — Portrait de fa-
mille, par M. Braun.
A gauche : Miss M. C-, par M. Caslolucho. —
Le Bonheur des âmes simples, par M. Florence. —
Paysage en Toscane, par M. Daniel Garbor. —
L'Enfant au singe, par M11* Dannenborg. —
Jolinny, par M. Staulavs. — La Robe de mousse-
line, par M. Shannon. — Vers Cythère, de
M. Bunny.
Rez-de-Ciiaussée : Salles II et I. — « A tra-
vers le brouillard des superstitions persécutrices,
la Pensée rejoint la Liberté et la Sagesse » : tel est
le sujet du plafond exécuté par M. Adolphe Willette
à l'intention de son ami Théophilo Bolin. Le choix
du thème est logiquement issu de la destination
de l'ouvrage, et c'est bien à la demeure d'un ami
des vieux livres que convenait cetto Gère et pitto-
resque revendication des droits de l'esprit. La
tenue même de la peinture, d'un bout à l'autre
souplement menée, avive encore l'impatience de
voir en place, à l'Hôtel do ville, la décoration
émanée de celui qui se fit si souvent gloire d'ani-
mer les murailles et de les embellir du charme, de
l'humour et de la grâce.
Les six portraits de M110 Olga de Boznanska,
qui s'achemine à pas sûrs vers la maîtrise. —
Les deux tableaux de M. Mancini. — M""" Evelyn
et Norah, par M. Lavory. — Après la douleur,
par M. Roll. — Au jardin du Luxembourg, par
M11" Hélène Kirboy-Bruce. — La Neige à Mont-
martre, de M. Chenard-Iluché. — Scène champê-
tre, do M. Flandrin.
Salles J, K, L, M. — Avec M. Flandrin,
M. Charles Guérin, qui expose ici La Femme au
boa et une excellente Nature morte, est presque
seul à représenter l'effort des dernières généra-
tions vers une expression du réel moins imperson-
nelle, plus pourvue de caractère, de sens et do
beauté.
Des tableaux heureux de MM. Lottin, Piet, Cas-
tclncho, Stettler, Bottini, Brugnot, La Villéon,
Childe-Hassan, reportent le souvenir vers les In-
dépendants et le Salon d'automne.—■ Le Portrait
de M. Patterson et la Dame en blanc, par M, Phil-
lips Fox.
Dessins et Estampes
On les a dispersés au rez-de-chaussée, çà et là,
à l'aventure, d'après une classiiication arbitraire;
certains font cortège aux objets d'art; d'autres sont
suspendus aux murs du hall des auditions musi-
cales. Dans une petite salle qui attient à. ce hall,
M. Paul Renouard, prince des reporters du crayon,
s'est do nouveau isolé ; les Fûtes jubilaires de
Belgique et l'Exposition de Liège fournissent les
thèmes des présents dessins, qui ne le cèdent à leurs
aînés ni pour la vie du mouvement et du geste,
ni pour l'instantanéité de la sténographie. L'art
do M. Steinlen tend moins à la vérité immédiate ;
si M. Steinlen représente les Mineurs de Lens, les
personnages cessent d'être simplement des mo-
dèles ; l'artiste se mêle davantage au drame de
l'existence ; il se fait plus volontiers le confident
de la misère.
M. François Guiguot aime surprendre dans leur
intimité les altitudes de l'enfance; il est ingénu,
sensible et sa tendresse se nuance d'émotion sans
jamais choir dans la mièvrerie. Une petite image
du graveur Waltner, par M. Emile Friant, saisit
par sa vérité d'aspect. D'autres rencontres sont
pour agréer : ainsi les portraits aux crayons de
couleur de M. Hermann-Paul, les dessins d'hu-
mour de M"' O'Neill; ainsi les gouaches do
M. Lechat, de M. Luigini, de M. Houbron, les mi-
niatures de M— Jeanne Contai et Rossert; ainsi
les aquarelles de M. Gaston Prunier, de Mmes Marie
Gautier, Nourse, Carpentier, Esté, Grépin; les
pastels de M. Mancini, do Mm" Brcslau, Jeanne
Denis, Sutro ; tout compte fait, sur l'ensemble
l'emporte et domino la personnalité de Louis
Legrand, pastelliste, dessinateur, créateur d'es-
tampes, qui, par son souci spontané du caractère
et la vertu do son grand savoir, atteint en toute
occurrence au style.
Ce Salon permet de constater le retour à la gra-
vure de peintres connus, aimés : MM. Lhormitte, Le-
rolle, Friant; augiédesa fantaisie, M. Charles Cot-
tet burine lo cuivre ou balafre la pierre ; MM. Eugène
par le choix do tonalités doucement voilées et par
un métier extraordinairement apte à marquer les
jeux ténus de l'enveloppe.
M. Charles Cottet revient, do son côté, au por-
trait et il donne d'un môme modèle trois versions
que varient des éclairages constrastés ; un paysage
de Pont-en-Royan, grandiose et romantique comme
un tableau d'Isabey, ajoute encore à l'attrait de
son apport.
Les enfants de chœur, par M. Frédéric.
Salle XVI.— De délicates images de femmes et
d'enfants, de M. François Guiguot ; L'Homme en
noir, de M. Carolus Duran; Fèrc-en-Tardenois,
par M. Etienne Moreau-Nélaton ; Un bronze de
Barye, par M. Paul Salzedo.
Salle XVII. — On a garde souvenir des aqua-
relles largement lavées où M. Gaston Prunier
prouvait un sens si curieux du paysage synthé-
tique ; ses tableaux bénéficient de la même vision
spéciale, et déjà l'un d'entre eux, Le Dimanche
au Point-du-Jour, s'anime d'une figuration très
vivante, elle aussi observée et notée par l'en-
semble, avec la seule ambition do suggérer du
spectacle une impression d'une absolue unité.
Une seconde suite de vues de Venise aimables,
ensoleillées, signées do M. Louis Gillot.
Salle XVIII. — Les œuvres dernières d'Eugène
Carrière s'y trouvent réunies en manière d'hommage,
et chacun se pourra do la sorte édifier sur l'éten-
due du deuil iniligé à l'école française. Ainsi, voici
pour la dernière fois ces <> têtes d'expression » et ces
« maternités » qui avaient forcé le parallèle avec les
plus grands maîtres de l'art ; voici les panneaux
dans lesquels le vaste esprit de Carrière enten-
dait inclure l'histoire même de l'humanité ; voici
le Portrait de M'"° Mcnard-Dorian, comme en-
trevu de l'au-delà, et dont on dirait l'adieu de
Carrière à la pointure ; puis voici sa propre effigie,
son front plissé, courroucé, son visage en révolte
contre l'aveugle fatalité qui allait faucher sa vie,
alors qu'il prétendait n'avoir rien produit, tant les
projets se pressaient dans son cerveau, tant il lui
restait à dire et à poindre...
Pourtour des Galeries extérieures du pre-
mier étage. — A droite : Le Village russe, de
M. Boris Koustodieff. — Le Levant espagnol, do
M. Planclls. — En plein air, de M. Kousnetzolf.
— Les Amis et La Dame au chdle de dentelle, de
M. Hopkins. — Égyptiennes, par M. Emile Ber-
nard. — Ave Maria et Mater Dei, de M. Séon. —
Le Salon jaune, par M. Upton. — Portrait de fa-
mille, par M. Braun.
A gauche : Miss M. C-, par M. Caslolucho. —
Le Bonheur des âmes simples, par M. Florence. —
Paysage en Toscane, par M. Daniel Garbor. —
L'Enfant au singe, par M11* Dannenborg. —
Jolinny, par M. Staulavs. — La Robe de mousse-
line, par M. Shannon. — Vers Cythère, de
M. Bunny.
Rez-de-Ciiaussée : Salles II et I. — « A tra-
vers le brouillard des superstitions persécutrices,
la Pensée rejoint la Liberté et la Sagesse » : tel est
le sujet du plafond exécuté par M. Adolphe Willette
à l'intention de son ami Théophilo Bolin. Le choix
du thème est logiquement issu de la destination
de l'ouvrage, et c'est bien à la demeure d'un ami
des vieux livres que convenait cetto Gère et pitto-
resque revendication des droits de l'esprit. La
tenue même de la peinture, d'un bout à l'autre
souplement menée, avive encore l'impatience de
voir en place, à l'Hôtel do ville, la décoration
émanée de celui qui se fit si souvent gloire d'ani-
mer les murailles et de les embellir du charme, de
l'humour et de la grâce.
Les six portraits de M110 Olga de Boznanska,
qui s'achemine à pas sûrs vers la maîtrise. —
Les deux tableaux de M. Mancini. — M""" Evelyn
et Norah, par M. Lavory. — Après la douleur,
par M. Roll. — Au jardin du Luxembourg, par
M11" Hélène Kirboy-Bruce. — La Neige à Mont-
martre, de M. Chenard-Iluché. — Scène champê-
tre, do M. Flandrin.
Salles J, K, L, M. — Avec M. Flandrin,
M. Charles Guérin, qui expose ici La Femme au
boa et une excellente Nature morte, est presque
seul à représenter l'effort des dernières généra-
tions vers une expression du réel moins imperson-
nelle, plus pourvue de caractère, de sens et do
beauté.
Des tableaux heureux de MM. Lottin, Piet, Cas-
tclncho, Stettler, Bottini, Brugnot, La Villéon,
Childe-Hassan, reportent le souvenir vers les In-
dépendants et le Salon d'automne.—■ Le Portrait
de M. Patterson et la Dame en blanc, par M, Phil-
lips Fox.
Dessins et Estampes
On les a dispersés au rez-de-chaussée, çà et là,
à l'aventure, d'après une classiiication arbitraire;
certains font cortège aux objets d'art; d'autres sont
suspendus aux murs du hall des auditions musi-
cales. Dans une petite salle qui attient à. ce hall,
M. Paul Renouard, prince des reporters du crayon,
s'est do nouveau isolé ; les Fûtes jubilaires de
Belgique et l'Exposition de Liège fournissent les
thèmes des présents dessins, qui ne le cèdent à leurs
aînés ni pour la vie du mouvement et du geste,
ni pour l'instantanéité de la sténographie. L'art
do M. Steinlen tend moins à la vérité immédiate ;
si M. Steinlen représente les Mineurs de Lens, les
personnages cessent d'être simplement des mo-
dèles ; l'artiste se mêle davantage au drame de
l'existence ; il se fait plus volontiers le confident
de la misère.
M. François Guiguot aime surprendre dans leur
intimité les altitudes de l'enfance; il est ingénu,
sensible et sa tendresse se nuance d'émotion sans
jamais choir dans la mièvrerie. Une petite image
du graveur Waltner, par M. Emile Friant, saisit
par sa vérité d'aspect. D'autres rencontres sont
pour agréer : ainsi les portraits aux crayons de
couleur de M. Hermann-Paul, les dessins d'hu-
mour de M"' O'Neill; ainsi les gouaches do
M. Lechat, de M. Luigini, de M. Houbron, les mi-
niatures de M— Jeanne Contai et Rossert; ainsi
les aquarelles de M. Gaston Prunier, de Mmes Marie
Gautier, Nourse, Carpentier, Esté, Grépin; les
pastels de M. Mancini, do Mm" Brcslau, Jeanne
Denis, Sutro ; tout compte fait, sur l'ensemble
l'emporte et domino la personnalité de Louis
Legrand, pastelliste, dessinateur, créateur d'es-
tampes, qui, par son souci spontané du caractère
et la vertu do son grand savoir, atteint en toute
occurrence au style.
Ce Salon permet de constater le retour à la gra-
vure de peintres connus, aimés : MM. Lhormitte, Le-
rolle, Friant; augiédesa fantaisie, M. Charles Cot-
tet burine lo cuivre ou balafre la pierre ; MM. Eugène