"N" 16. — 1906.
BUREA'UX :: 8, RUE 'FAVART (2C Arr.)
SI Avril,
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITE
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 frv
Le ZCT-uncxéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
'hôtel de ville de Douai a été
récemment flanqué à droite et à
gauche de deux édicules dont la
présence défigure ridiculeusement
la place. Ce vandalisme ne mériterait sans
doute que d'être ajouté à une liste déjà trop
longue, s'il n'offrait le frappant exemple du
méfait accompli sans prétexte, par complète
ignorance ou par incurie délibérée. Une mu-
nicipalité veut se montrer soucieuse de ses
administrés; elle fait élever ici ou là tel
kiosque jugé nécessaire : personne n'y trouve
à redire. Mais qu'elle choisisse précisément
la place la plus inopportune, qu'elle impose
à un monument historique le voisinage immé-
diat d'une ferblanterie qui n'est d'aucun
style ni d'aucun pays, voilà ce qui est
inattendu et inadmissible.
On se refuse à voir là une fantaisie voulue
et désobligeante, une vexation administrative
à l'adresse de quelques administrés hommes
de goût. Mais on est bien obligé d'y trouver
la preuve d'une extraordinaire insouciance.
De grands efforts ont été faits depuis quelques
années pour répandre partout et chez tous le
respect de ce qui constitue la beauté d'une
ville, le culte de ce qui rappelle son histoire ;
ils ont été souvent heureux ; ils n'ont pas
encore été suffisants, et l'on se demande com-
bien de temps et avec quelle suite il sera
nécessaire de les renouveler pour que des
mésaventures comme celles de Douai ne soient
plus possibles.
C'est peut-être qu'il y a encore une véritable
éducation de l'esprit à faire et qu'elle sera
lente. On réussit à intéresser l'opinion à une
question précise et dont l'importance est tout
de suite évidente; on empêche de détruire;
on refrène les restaurateurs dangereux ; on
sauve les remparts d'Avignon et l'on préserve
la cathédrale de Chartres. Mais comment
donner le sens d'un ensemble architectural,
comment apprendre à saisir le caractère d'un
monument et de ce qui l'environne? Com-
ment, à Paris, sauver la place du Théâtre-
Français des statues, et, à Douai, l'hôtel de
ville de ses édicules ? On songe avec admira-
tion à ces vieilles cités italiennes pour qui les
habitants avaient, à ce que l'on raconte, un
amour aussi spontané qu'intelligent.
NOUVELLES
**# Hier, 20 avril, a eu lieu l'inauguration
à Paris, place du Trocadéro, à l'entrée de la
rue Franklin, d'un monument à Benjamin
Franklin offert à la Ville de Paris par M. John
H. Harjes. Cette statue, reproduction exacte
de celle élevée à Philadelphie, en face de
l'Hôtel des Postes, est l'œuvre du sculpteur
John J. Beyle ; les bas-reliefs sont du sculp-
teur Frédéric Brou.
Aujourd'hui, 21 avril, a lieu l'inauguration,
au devant du Panthéon, entre la grille et le
péristyle, de la statue de M. Rodin Le Pen-
seur, offerte à la Ville de Paris par les admi-
rateurs de l'artiste.
*** L'exposition de Pierre Corneille, orga-
nisée, comme nous l'avons annoncé, à la
Bibliothèque Nationale, dans la galerie Maza-
rine, est ouverte au public, sans carte, les
lundis et jeudis.
*** On vient d'ouvrir au musée de l'Ar-
mée la salle des Trophées, ancienne salle
Turenne. Le général Niox a profité des répa-
rations nécessitées par la salle Turenne pour
installer les collections de l'ancienne monar-
chie, de la Révolution et de l'Empire dune
façon vraiment remarquable. Des quatre
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Le ZCT-uncxéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
'hôtel de ville de Douai a été
récemment flanqué à droite et à
gauche de deux édicules dont la
présence défigure ridiculeusement
la place. Ce vandalisme ne mériterait sans
doute que d'être ajouté à une liste déjà trop
longue, s'il n'offrait le frappant exemple du
méfait accompli sans prétexte, par complète
ignorance ou par incurie délibérée. Une mu-
nicipalité veut se montrer soucieuse de ses
administrés; elle fait élever ici ou là tel
kiosque jugé nécessaire : personne n'y trouve
à redire. Mais qu'elle choisisse précisément
la place la plus inopportune, qu'elle impose
à un monument historique le voisinage immé-
diat d'une ferblanterie qui n'est d'aucun
style ni d'aucun pays, voilà ce qui est
inattendu et inadmissible.
On se refuse à voir là une fantaisie voulue
et désobligeante, une vexation administrative
à l'adresse de quelques administrés hommes
de goût. Mais on est bien obligé d'y trouver
la preuve d'une extraordinaire insouciance.
De grands efforts ont été faits depuis quelques
années pour répandre partout et chez tous le
respect de ce qui constitue la beauté d'une
ville, le culte de ce qui rappelle son histoire ;
ils ont été souvent heureux ; ils n'ont pas
encore été suffisants, et l'on se demande com-
bien de temps et avec quelle suite il sera
nécessaire de les renouveler pour que des
mésaventures comme celles de Douai ne soient
plus possibles.
C'est peut-être qu'il y a encore une véritable
éducation de l'esprit à faire et qu'elle sera
lente. On réussit à intéresser l'opinion à une
question précise et dont l'importance est tout
de suite évidente; on empêche de détruire;
on refrène les restaurateurs dangereux ; on
sauve les remparts d'Avignon et l'on préserve
la cathédrale de Chartres. Mais comment
donner le sens d'un ensemble architectural,
comment apprendre à saisir le caractère d'un
monument et de ce qui l'environne? Com-
ment, à Paris, sauver la place du Théâtre-
Français des statues, et, à Douai, l'hôtel de
ville de ses édicules ? On songe avec admira-
tion à ces vieilles cités italiennes pour qui les
habitants avaient, à ce que l'on raconte, un
amour aussi spontané qu'intelligent.
NOUVELLES
**# Hier, 20 avril, a eu lieu l'inauguration
à Paris, place du Trocadéro, à l'entrée de la
rue Franklin, d'un monument à Benjamin
Franklin offert à la Ville de Paris par M. John
H. Harjes. Cette statue, reproduction exacte
de celle élevée à Philadelphie, en face de
l'Hôtel des Postes, est l'œuvre du sculpteur
John J. Beyle ; les bas-reliefs sont du sculp-
teur Frédéric Brou.
Aujourd'hui, 21 avril, a lieu l'inauguration,
au devant du Panthéon, entre la grille et le
péristyle, de la statue de M. Rodin Le Pen-
seur, offerte à la Ville de Paris par les admi-
rateurs de l'artiste.
*** L'exposition de Pierre Corneille, orga-
nisée, comme nous l'avons annoncé, à la
Bibliothèque Nationale, dans la galerie Maza-
rine, est ouverte au public, sans carte, les
lundis et jeudis.
*** On vient d'ouvrir au musée de l'Ar-
mée la salle des Trophées, ancienne salle
Turenne. Le général Niox a profité des répa-
rations nécessitées par la salle Turenne pour
installer les collections de l'ancienne monar-
chie, de la Révolution et de l'Empire dune
façon vraiment remarquable. Des quatre