La chronique des arts et de la curiosité (1906)

N° J8. — 1906.

BUREAUX : 8, RUE EAVART (2e Ait.)

5 Mai.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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PROPOS DU JOUR

es Sociétés d'art provinciales sont
encore trop éloignées de ce que
réclame une décentralisation bien
comprise pour qu'on ne s'émeuve
pas de tout ce qui peut gêner leur développe-
ment. Une mesure d'ordre matériel et indé-
pendante de leur volonté risque aujourd'hui
de leur porter un grave préjudice. Il s'agit
d'une simple modification dans les tarifs de
transport, dont les conséquences, comme on
va le voir, sont beaucoup plus importantes
qu'elles ne paraissent au premier regard.

Lorsqu'il y avait en province une exposi-
tion de beaux-arts, les expéditeurs des autres
départements ou de Paris étaient autorisés à
envoyer leurs œuvres, qu'ils prêtaient au tarif
de petite vitesse et par wagon. On exige au-
jourd'hui le tarif de grande vitesse, valeur
déclarée, et force sera désormais à l'expédi-
teur de faire des frais d'emballage et de trans-
port assez élevés. Dans ces conditions nou-
velles, ce n'est pas trop dire que les Sociétés
de province devront renoncer à toute exposi-
tion. Il ne viendra plus d'ouvrages du dehors,
et les ressources locales sont trop restreintes.
On voit tout ce que la vie provinciale perdra
du même coup : l'intérêt de ces expositions
était précisément de montrer aux habitants
d'une ville autre chose que ce qu'ils possè-
dent ou ce qu'ils connaissent, de donner au
goût public l'occasion de se former, de faire
connaître aux professionnels, aux étudiants,
aux ouvriers d'art des ouvrages historiques
ou des documents nouveaux.

A ces titres divers, il serait souhaitable que
les initiatives des Sociétés provinciales fus-
sent encouragées et protégées. Le Syndicat de
la presse artistique s'est déjà proposé de de-
mander l'intervention de l'administration des

Beaux-Arts. La question en jeu est assuré-
ment de celles qui doivent intéresser ceux
qui ont la charge de faciliter l'éducation
artistique. A l'heure où l'on s'occupe de la
réorganisation des musées de province, il est
nécessaire d'assurer aussi l'existence de ces
expositions locales, qui contribuent à la fois
à la culture générale du public et à l'ensei-
gnement des jeunes artistes.

NOUVELLES

*** L'exposition Fantin-Latour, organisée
à l'Ecole des Beaux-Arts, sous le patronage de
M. le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts et de M. le sous-secrétaire
d'Etat des Beaux-Arts, sera inaugurée ven-
dredi prochain par le Président de la Répu-
blique.

**# Le 12 mai s'ouvrira dans les deux pa-
villons de Bagatelle l'exposition rétrospec-
tive, que nous avons annoncée, des anciens
membres de la Société Nationale des Beaux-
Arts : artistes décédés ou ayant plus de six
années de sociétariat, et œuvres datant d'au
moins quinze ans pour la peinture et dix ans
pour la sculpture et la gravure. On cite
parmi les maîtres qui y seront représentés:
Puvis de Chavannes, Meissonier, Carriès,
Dalou, Sisloy, Lewis-Brown, Cazin, Ribot,
Whistler, Galle, Rodin, Besnard, Carolus-
Duran, etc.

Ce Salon, qui sera inauguré le 10 mai par
le Président de la République, restera ouvert
jusqu'au 14 juillet.

#** Une exposition générale des œuvres de
Gustave Moreau, organisée par Mmc la com-
tesse Grefïuhle, M. Georges Petit et plu-
sieurs amateurs, s'ouvrira le 9 mai dans la
grande salle de la galerie Georges Petit, rue
de Sèze, au profit de l'Œuvre du travail et des
pauvres honteux.

*** Le vieux couvent de l'Abbaye-aux-Bois,