DOI issue:
Nr. 35 (17 Novembre)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0318
308
LA CHRONIQUE DES ARTS
sainte Juliette dans une chaudière ; c'est une œu-
vre du xv siècle.
M. de Mély lit une notice nécrologique sur le
général de La Noé, ancien membre résidant,
M. Monceau communique deux plombs trouvés
à Carthage, par le R. P. Delattre, le premier repré-
sente un personnage entouré d'inscriptions où onlit
le mot SATVKNVS ; l'autre plomb est une amulette
déjà connue sous le type de sceau do Salomon.
M, Prou communique une note du professeur de
Stuckelberger sur les fragments de stuc trouvés
dans les fouilles de Disentis (Grisons) ; ce sont des
ornements en hachures de l'époque carolingienne.
M. Héron de Villefosse lit une note rectifiant
l'inscription gravée sur un poids romain à godet
découvert à Saveux (Haute-Saône).
Société Française de Numismatique
Séance du 3 novembre
M. Collombior présente un triens mérovingien
à la légende « Audegavenses » qu'il propose d'attri-
buer à Amiens.
Le comte do Castellane fournit les noms des
graveurs dont les iniliales figurent sur certains
quarts d'écu do Henri IV frappés pour la Navarre.
M. Bordeaux établit qu'un arrêt du Conseil du
Roi du 4 octobre 1782, ayant prescrit la fabrica-
tion de 100.000 marcs d'espèces de cuivre dans la
monnaie de Montpellier, avait reçu son exécution
et qu'il existe au musée de cette ville des pièces
provenant do cotte collection. •
Une Décoration projetée
de l'Église de la Madeleine
I
Il y a des monuments, comme il y a des êtres,
sur lesquels la fatalité semble s'appesantir. On sait
quelles vicissitudes subit la construction de l'église
de la Madeleine, commencée en 1761, rofaile par
deux fois sur de nouveaux plans et terminée seule-
ment vers 1830, pour être consacrée à sainte Marie-
Madeleine, échappant ainsi à maintes destinations
tourà tour projetées par nos gouvernements et dont
la moins vulgaire avait été imaginée par Napo-
léon, qui voulait faire de la Madeleine le temple
de la Gloire.
On n'ignore pas non plus (1) que la décoration
picturale de ce monument, intégralement confiée
en 1833 à Paul Delavoche, fut abandonnée deux
ans après par cet artiste parce qu'une partie do la
commande totale venait de lui être retirée. Les
peintres qui acceptèrent do le remplacer furent,
pour l'abside, Ziegler, ot pour les six tympans de la
nef : Sclmetz, Auguste Couder, Bouchot, Léon
Cogniet, Abel do Pujol ot Signol.
Mais ce qui, je crois, n'a pas encore été dit, c'est
que, bien avant d'être frustrée du pinceau de Paul
Delaroche, la Madeleine avait déjà vu lui échapper
(1) Voir l'étude de M. A. Gruyer, membre do
l'Institut, dans Y Inventaire général des ricliesses
d'art de la France,
ceux do Carlo Vernet, do Gros ot de Prud'hon, pour
ne parler que des plus célèbres.
Dès le 31 mai 181G, on effet, le ministre do
l'Intérieur Lainé prenait un arrêté ainsi conçu (1) :
« Le Ministre Secrétaire d'Etat de l'Intérieur,
Arrête : .
Article 1er
Il sera exécuté pour la décoration do l'Église de
la Madelaine sept Tableaux de 40 à 50 pieds de
long sur 15 à 18 de haut.
Article 2
Ces tableaux, en forme de segment de cercle,
seront placés dans l'ordre suivant :
Le N° 1" dans l'arc au-dessus de l'autel Saint
Louis.
Le N» 2 dans l'arc au-dessus do l'autel do la Vierge.
Le N° 3 dans l'arc au-dessus du Monument à
Louis XVI.
Le N" 4 dans l'arc au-dessus du Monument à
Louis XVII.
Le N° 5 dans l'arc au dessus du Monument à la
Reino Marie-Antoinette.
Le N° G dans l'arc au-dessus du Monument à la
Princesse Elizaboth.
Le N° 7 dans l'arc au-dessus do la Porte princi-
pale.
Article 3
Ces tableaux seront peints sur toile. Le prix en
est fixe à 30.000 fr. Cette somme sera divisée en
4 payemens, savoir :
6.000 fr. pour l'esquisse;
0.000 fr. pour l'ébauche sur la grande toile;
9.000 fr. quand le tableau sera aux deux tiers ;
8.000 fr. quand il sera terminé.
Article 4
Les Artistes chargés de l'exécution de ces sept
Tableaux sont Messieurs :
Gérard pour lo n° 1"
Guérin pour lo n° 2
Girodet pour le n° 3
Gros pour le n° i
Prud'hon pour lo n" 5
Meynier pour lo n° 0
Carlo Vernet pour le n° 7
Article 5
Ces artistes sont admis à indiquer eux-mêmes le
sujet qu'ils sont appelés à traiter; seulement il
faudra que ce sujet soit religieux, héroïque et pris
dans l'histoire do France.
Ils adresseront leur proposition écrite au Minis-
tre de l'Intérieur qui d'après lo compte qui lui en
sera rendu statuera définitivement.
Article 6
Deux autres tableaux de petite proportion seront
placés, l'un sur l'autel même do la Vierge, l'autre
sur l'autel dédié à Saint Louis dans l'Église de la
Madelaine. Ils Feront également peints sur toile.
Leur prix est fixé à 6.000 fr. payables :
1.000 fr. pour l'esquisse;
1.000 fr. pour l'ébauche sur la grande toile ;
2.000 fr. quand le tableau sera aux deux tiers;
2.000 fr. quand il sera terminé.
(1) Ce document et ceux dont il sera question
plus loin se trouvent encore dans les archives de
l'Administration des Beaux-Arts.
LA CHRONIQUE DES ARTS
sainte Juliette dans une chaudière ; c'est une œu-
vre du xv siècle.
M. de Mély lit une notice nécrologique sur le
général de La Noé, ancien membre résidant,
M. Monceau communique deux plombs trouvés
à Carthage, par le R. P. Delattre, le premier repré-
sente un personnage entouré d'inscriptions où onlit
le mot SATVKNVS ; l'autre plomb est une amulette
déjà connue sous le type de sceau do Salomon.
M, Prou communique une note du professeur de
Stuckelberger sur les fragments de stuc trouvés
dans les fouilles de Disentis (Grisons) ; ce sont des
ornements en hachures de l'époque carolingienne.
M. Héron de Villefosse lit une note rectifiant
l'inscription gravée sur un poids romain à godet
découvert à Saveux (Haute-Saône).
Société Française de Numismatique
Séance du 3 novembre
M. Collombior présente un triens mérovingien
à la légende « Audegavenses » qu'il propose d'attri-
buer à Amiens.
Le comte do Castellane fournit les noms des
graveurs dont les iniliales figurent sur certains
quarts d'écu do Henri IV frappés pour la Navarre.
M. Bordeaux établit qu'un arrêt du Conseil du
Roi du 4 octobre 1782, ayant prescrit la fabrica-
tion de 100.000 marcs d'espèces de cuivre dans la
monnaie de Montpellier, avait reçu son exécution
et qu'il existe au musée de cette ville des pièces
provenant do cotte collection. •
Une Décoration projetée
de l'Église de la Madeleine
I
Il y a des monuments, comme il y a des êtres,
sur lesquels la fatalité semble s'appesantir. On sait
quelles vicissitudes subit la construction de l'église
de la Madeleine, commencée en 1761, rofaile par
deux fois sur de nouveaux plans et terminée seule-
ment vers 1830, pour être consacrée à sainte Marie-
Madeleine, échappant ainsi à maintes destinations
tourà tour projetées par nos gouvernements et dont
la moins vulgaire avait été imaginée par Napo-
léon, qui voulait faire de la Madeleine le temple
de la Gloire.
On n'ignore pas non plus (1) que la décoration
picturale de ce monument, intégralement confiée
en 1833 à Paul Delavoche, fut abandonnée deux
ans après par cet artiste parce qu'une partie do la
commande totale venait de lui être retirée. Les
peintres qui acceptèrent do le remplacer furent,
pour l'abside, Ziegler, ot pour les six tympans de la
nef : Sclmetz, Auguste Couder, Bouchot, Léon
Cogniet, Abel do Pujol ot Signol.
Mais ce qui, je crois, n'a pas encore été dit, c'est
que, bien avant d'être frustrée du pinceau de Paul
Delaroche, la Madeleine avait déjà vu lui échapper
(1) Voir l'étude de M. A. Gruyer, membre do
l'Institut, dans Y Inventaire général des ricliesses
d'art de la France,
ceux do Carlo Vernet, do Gros ot de Prud'hon, pour
ne parler que des plus célèbres.
Dès le 31 mai 181G, on effet, le ministre do
l'Intérieur Lainé prenait un arrêté ainsi conçu (1) :
« Le Ministre Secrétaire d'Etat de l'Intérieur,
Arrête : .
Article 1er
Il sera exécuté pour la décoration do l'Église de
la Madelaine sept Tableaux de 40 à 50 pieds de
long sur 15 à 18 de haut.
Article 2
Ces tableaux, en forme de segment de cercle,
seront placés dans l'ordre suivant :
Le N° 1" dans l'arc au-dessus de l'autel Saint
Louis.
Le N» 2 dans l'arc au-dessus do l'autel do la Vierge.
Le N° 3 dans l'arc au-dessus du Monument à
Louis XVI.
Le N" 4 dans l'arc au-dessus du Monument à
Louis XVII.
Le N° 5 dans l'arc au dessus du Monument à la
Reino Marie-Antoinette.
Le N° G dans l'arc au-dessus du Monument à la
Princesse Elizaboth.
Le N° 7 dans l'arc au-dessus do la Porte princi-
pale.
Article 3
Ces tableaux seront peints sur toile. Le prix en
est fixe à 30.000 fr. Cette somme sera divisée en
4 payemens, savoir :
6.000 fr. pour l'esquisse;
0.000 fr. pour l'ébauche sur la grande toile;
9.000 fr. quand le tableau sera aux deux tiers ;
8.000 fr. quand il sera terminé.
Article 4
Les Artistes chargés de l'exécution de ces sept
Tableaux sont Messieurs :
Gérard pour lo n° 1"
Guérin pour lo n° 2
Girodet pour le n° 3
Gros pour le n° i
Prud'hon pour lo n" 5
Meynier pour lo n° 0
Carlo Vernet pour le n° 7
Article 5
Ces artistes sont admis à indiquer eux-mêmes le
sujet qu'ils sont appelés à traiter; seulement il
faudra que ce sujet soit religieux, héroïque et pris
dans l'histoire do France.
Ils adresseront leur proposition écrite au Minis-
tre de l'Intérieur qui d'après lo compte qui lui en
sera rendu statuera définitivement.
Article 6
Deux autres tableaux de petite proportion seront
placés, l'un sur l'autel même do la Vierge, l'autre
sur l'autel dédié à Saint Louis dans l'Église de la
Madelaine. Ils Feront également peints sur toile.
Leur prix est fixé à 6.000 fr. payables :
1.000 fr. pour l'esquisse;
1.000 fr. pour l'ébauche sur la grande toile ;
2.000 fr. quand le tableau sera aux deux tiers;
2.000 fr. quand il sera terminé.
(1) Ce document et ceux dont il sera question
plus loin se trouvent encore dans les archives de
l'Administration des Beaux-Arts.