VUES GÉNÉRALES.
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Vénus céleste n'avait rien de moins odieux, à s'en rapporter aux témoignages de Lucien ' et
d'Eusèbe^. Et comment les cultes ne se seraient-ils pas ressemblés, puisque au fond les deux
noms désignaient le même être? Outre tout ce que nous avons dit sur cette identité, je ferai
remarquer quelle résulte avec évidence de quelques inscriptions trouvées à Bénévent. Sur
une pierre sépulcrale consacrée à Perenmu Forùmaùg le îuuroêoùum et le c/ioêoÙMm sont offerts
à la Vénus céleste de la même manière que sur le tombeau de Æ. P/ù/omus P/u/omo-sus ils
le sont à Mitbras (Lajard, pl. Lxxxvin). Qui ne connaît, d'ailleurs, le grand nombre des bas-
reliefs où les mêmes sacrifices s accomplissent en l'honneur d'Attis et de Cybèle"?
On pourrait opposer à ce que je viens de dire une difficulté qui ne doit pas rester sans
réponse. Si la Vénus auersa de nos peintures n'est pas autre que la Vénus céleste de Babylone,
la Mithra persane, la Cybèle phrygienne, comment se fait-il que, parmi tant de représentations
de ces Vénus, il ne s'en soit pas encore trouvé de semblables à la nôtre, bien que j'emprunte à
leur culte l'explication de notre figure?Ma réponse consistera à rappeler la distinction, pré-
sentée plus haut, entre le culte public et le culte privé d'une secte particulière. .T'ajoute que
quiconque connaît les infamies offertes en hommage dans les villes les plus cultivées de l'Asie
et même de l'Europe, à la Cybèle phrygienne, sous le nom de Cotys ou Cotytto, ne peut plus
s'étonner de notre peinture. Peut-être avons-nous devant les yeux, pour la première fois,
l'image de l'impure Cotytto 4.
Une aussi brutale immoralité trouvera peut-être des incrédules; mais le moyen de récuser les
témoignages si nombreux des écrivains païens aussi bien que des chrétiens, qu il serait trop
long de citer ici? Nous conviendrons du reste, avec Lobeck, que les plus odieuses turpitudes
étaient réservées pour les mystères privés; mais tout porte à croire que ceux de la secte dont
nous parlons étaient précisément de cette nature.
Ainsi donc, dans ma conviction, les scènes de notre arcosoÙum sont relatives au culte de la
Cybèle phrygienne, et nous avons devant les yeux l'initiation d'un adepte au grade de nù/es. S'il
en est ainsi, les diverses scènes où le guerrier paraît sont les principales cérémonies de son
initiation.
* A&m., 1, 35: TM-; TY,-;
TMv. Cf. Lobeck, Ay^aopA. 1015, et Apufée, Af&am.,
VIII, p. 361 et 362. Parù, 1851, Germer .- Cinædum
unum de triviafi popufarium fece, qui per piateas et oppida
cymbaiis et crotaiis personantes, dcamque syriam circum-
ferentes, mendicare compeffunt. Et plus foin : Sed ifiae
puefiae chorus erat cinædorum, etc.
, Comt., III, 45. <x-^ps? OnM? vo<7M
s On trouve aussi, et assez souvent, fe taurobofium offert
à Minerve Pa?'acwtA:'a, ou PerecwtAm. Cette Minerve
était Cybèfe sous un autre nom. Pfusieurs inscriptions sont
connues (Mommsen, ÙMC. P. Aèop., 1398, 99, 1A00,
1A01). Une autre, que j'ai copiée à Bénévent, est encore
inédite. On y fit :
ATTINt SACR.
ET MINERVAE
PARACVNUAE
MVMMEtA C-F
ATTtCtLLA ' SACER
DOS - OB ' TAVROBOUVM
^ Je ne pourrai citer qu'un autre exempte de fa même
figure, d'après une pâte antique d'un bon styic, qui est
encore inédite. La déesse s'y trouve représentée absolu-
ment de fa même manière.
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Vénus céleste n'avait rien de moins odieux, à s'en rapporter aux témoignages de Lucien ' et
d'Eusèbe^. Et comment les cultes ne se seraient-ils pas ressemblés, puisque au fond les deux
noms désignaient le même être? Outre tout ce que nous avons dit sur cette identité, je ferai
remarquer quelle résulte avec évidence de quelques inscriptions trouvées à Bénévent. Sur
une pierre sépulcrale consacrée à Perenmu Forùmaùg le îuuroêoùum et le c/ioêoÙMm sont offerts
à la Vénus céleste de la même manière que sur le tombeau de Æ. P/ù/omus P/u/omo-sus ils
le sont à Mitbras (Lajard, pl. Lxxxvin). Qui ne connaît, d'ailleurs, le grand nombre des bas-
reliefs où les mêmes sacrifices s accomplissent en l'honneur d'Attis et de Cybèle"?
On pourrait opposer à ce que je viens de dire une difficulté qui ne doit pas rester sans
réponse. Si la Vénus auersa de nos peintures n'est pas autre que la Vénus céleste de Babylone,
la Mithra persane, la Cybèle phrygienne, comment se fait-il que, parmi tant de représentations
de ces Vénus, il ne s'en soit pas encore trouvé de semblables à la nôtre, bien que j'emprunte à
leur culte l'explication de notre figure?Ma réponse consistera à rappeler la distinction, pré-
sentée plus haut, entre le culte public et le culte privé d'une secte particulière. .T'ajoute que
quiconque connaît les infamies offertes en hommage dans les villes les plus cultivées de l'Asie
et même de l'Europe, à la Cybèle phrygienne, sous le nom de Cotys ou Cotytto, ne peut plus
s'étonner de notre peinture. Peut-être avons-nous devant les yeux, pour la première fois,
l'image de l'impure Cotytto 4.
Une aussi brutale immoralité trouvera peut-être des incrédules; mais le moyen de récuser les
témoignages si nombreux des écrivains païens aussi bien que des chrétiens, qu il serait trop
long de citer ici? Nous conviendrons du reste, avec Lobeck, que les plus odieuses turpitudes
étaient réservées pour les mystères privés; mais tout porte à croire que ceux de la secte dont
nous parlons étaient précisément de cette nature.
Ainsi donc, dans ma conviction, les scènes de notre arcosoÙum sont relatives au culte de la
Cybèle phrygienne, et nous avons devant les yeux l'initiation d'un adepte au grade de nù/es. S'il
en est ainsi, les diverses scènes où le guerrier paraît sont les principales cérémonies de son
initiation.
* A&m., 1, 35: TM-; TY,-;
TMv. Cf. Lobeck, Ay^aopA. 1015, et Apufée, Af&am.,
VIII, p. 361 et 362. Parù, 1851, Germer .- Cinædum
unum de triviafi popufarium fece, qui per piateas et oppida
cymbaiis et crotaiis personantes, dcamque syriam circum-
ferentes, mendicare compeffunt. Et plus foin : Sed ifiae
puefiae chorus erat cinædorum, etc.
, Comt., III, 45. <x-^ps? OnM? vo<7M
s On trouve aussi, et assez souvent, fe taurobofium offert
à Minerve Pa?'acwtA:'a, ou PerecwtAm. Cette Minerve
était Cybèfe sous un autre nom. Pfusieurs inscriptions sont
connues (Mommsen, ÙMC. P. Aèop., 1398, 99, 1A00,
1A01). Une autre, que j'ai copiée à Bénévent, est encore
inédite. On y fit :
ATTINt SACR.
ET MINERVAE
PARACVNUAE
MVMMEtA C-F
ATTtCtLLA ' SACER
DOS - OB ' TAVROBOUVM
^ Je ne pourrai citer qu'un autre exempte de fa même
figure, d'après une pâte antique d'un bon styic, qui est
encore inédite. La déesse s'y trouve représentée absolu-
ment de fa même manière.