LES DÉBRIS
DU CANDÉLABRE DE SAINT REMI
A RE) MS.
PLANCHES XXX ET XXXI.
A la Un du XL siècle vivait, à l'abbaye deSaint-Remi, un de ces hommes chez qui la soli-
tude et la prière exaltent le sentiment des arts. Le moine Widon était trésorier du riche
monastère de Saint-Remi, et sut profiter des ressources de sa charge pour léguer à l'avenir
des monuments modèles. (Uopez Dom Marlot, RYsL Hemensis, T. I, lih. m, p. 352.)
Il y avait près d'un siècle que l'on travaillait à l'église de l'abbaye. Sa reconstruction avait
été entreprise par l'abbé Arbode, dans les premiers temps qui suivirent l'an 1000, époque
de renouvellement universel. L'abbé Airand avait avancé l'œuvre, sans pouvoir l'achever,
et vers le milieu du XL siècle, l'abbé Théodoric avait modifié les proportions gigantesques
du premier plan pour rendre son exécution plus prompte; toutefois elle ne put l'être assez
pour qu'il en pût jouir, mais son successeur Hérimar eut la joie de terminer la grande
œuvre et l'honneur de voir l'autel principal consacré par le pape saint Léon IX, en io^q-
îl restait à embellir l'édifice, et ce fut le soin du trésorier Widon, qui florissait sous l'abbé
Henri, c'est-à-dire de 1076 à 1097. (id. 1, c., p. 3/{.2.)
On attribue d'abord à Widon l'ancien pavé du sanctuaire et du chœur, dont il ne reste plus
que des descriptions; mais que ces descriptions nous permettent de regarder comme une des
importantes créations de l'art roman. Il se divisait en deux parties, l'une consacrée à la glorifi-
cation des Saintes-Écritures lues et chantées au chœur, et l'autre à la représentation de l'univers
invité à célébrer avec l'homme les divines louanges. A l'entrée du chœur, David tenait
sa harpe; et plus loin, saint Jérôme était entouré des auteurs inspirés qu'il avait traduits.
Ceux-ci étaient figurés dans des médaillons qui se rapprochaient du saint, selon l'ordre
des temps. Au delà se voyaient, du côté de l'Évangile, les images du Ciel, et, du côté de
l'Épître, celles du Monde inférieur. De ce dernier côté, se suivaient quatre grands médaillons
à compartiments : le premier montrait une femme assise sur un dauphin et tenant une rame ;
Yerrn, Æurc, au milieu des quatre fleuves : 71*7/A, GcAoH,*P/ûson; le second était
DU CANDÉLABRE DE SAINT REMI
A RE) MS.
PLANCHES XXX ET XXXI.
A la Un du XL siècle vivait, à l'abbaye deSaint-Remi, un de ces hommes chez qui la soli-
tude et la prière exaltent le sentiment des arts. Le moine Widon était trésorier du riche
monastère de Saint-Remi, et sut profiter des ressources de sa charge pour léguer à l'avenir
des monuments modèles. (Uopez Dom Marlot, RYsL Hemensis, T. I, lih. m, p. 352.)
Il y avait près d'un siècle que l'on travaillait à l'église de l'abbaye. Sa reconstruction avait
été entreprise par l'abbé Arbode, dans les premiers temps qui suivirent l'an 1000, époque
de renouvellement universel. L'abbé Airand avait avancé l'œuvre, sans pouvoir l'achever,
et vers le milieu du XL siècle, l'abbé Théodoric avait modifié les proportions gigantesques
du premier plan pour rendre son exécution plus prompte; toutefois elle ne put l'être assez
pour qu'il en pût jouir, mais son successeur Hérimar eut la joie de terminer la grande
œuvre et l'honneur de voir l'autel principal consacré par le pape saint Léon IX, en io^q-
îl restait à embellir l'édifice, et ce fut le soin du trésorier Widon, qui florissait sous l'abbé
Henri, c'est-à-dire de 1076 à 1097. (id. 1, c., p. 3/{.2.)
On attribue d'abord à Widon l'ancien pavé du sanctuaire et du chœur, dont il ne reste plus
que des descriptions; mais que ces descriptions nous permettent de regarder comme une des
importantes créations de l'art roman. Il se divisait en deux parties, l'une consacrée à la glorifi-
cation des Saintes-Écritures lues et chantées au chœur, et l'autre à la représentation de l'univers
invité à célébrer avec l'homme les divines louanges. A l'entrée du chœur, David tenait
sa harpe; et plus loin, saint Jérôme était entouré des auteurs inspirés qu'il avait traduits.
Ceux-ci étaient figurés dans des médaillons qui se rapprochaient du saint, selon l'ordre
des temps. Au delà se voyaient, du côté de l'Évangile, les images du Ciel, et, du côté de
l'Épître, celles du Monde inférieur. De ce dernier côté, se suivaient quatre grands médaillons
à compartiments : le premier montrait une femme assise sur un dauphin et tenant une rame ;
Yerrn, Æurc, au milieu des quatre fleuves : 71*7/A, GcAoH,*P/ûson; le second était