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FONTS' BAPTISMAUX DE LIÈGE,
males'. Mais en face des hardis novateurs qui niaient l'efficacité de l'initiation chrétienne,
on ne pouvait trop insister sur les moindres détails; et l'artiste l'a fait, comme le firent les
docteurs de ce temps ". ïl fallait d ailleurs, à cause de ces erreurs nouvelles, faire bien remar-
quer que, simple symbole sous la main du Précurseur, cette cérémonie avait été élevée à un
ordre bien plus haut par le Fils de Dieu \ Ce pouvoir nouveau, donné à 1 inerte élément par
1 institution du Rédempteur, est encore marqué sur les fonts de Liège, par la main divine qui
bénit les néophytes plongés dans l'eau par les deux apôtres; vestige du symbolisme des pre-
miers âges chrétiens, qui ne survit guère au xiif siècle, mais que nous retrouvons toujours
plus usité en remontant le cours des temps jusqu'aux monuments des catacombes. Le sens
de ce signe est bien clairement indiqué par les inscriptions qui l'accompagnent. Au-dessus de
Craton, c'est DEXTERA DEI; et sur la tête de Corneilie : CECtDtT SPIRITUS SANCTUS SUPER OMNES
QUi AUDIEDANT VERRUM. Or, personne n'ignore que le Saint-Esprit est appelé : DlGiTUS PA-
rERNÆ DEXTERÆ. Le fidèle le moins lettré reconnaissait donc à cette marque distinctive, dès
le premier coup d'œil, de quel côté était le vrai baptême signe sensible d'une grâce certaine,
ou le simple rite figuratif et préparatoire dont toute l'efficacité était subordonnée aux dis-
positions intérieures du pénitent.
Nous avons vu, dans l'inscription du limbe inférieur de la cuve baptismale, que les douze
bœufs placés autour de la base désignaient non-seulement les apôtres, mais leurs successeurs
dans le ministère ecclésiastique. Cette transmission du pouvoir dans l'Eglise neût pas fait
difficulté en tout autre temps; mais on avait à la rappeler tout particulièrement en face des
Cathares, qui, en cela d'accord avec lesVaudois, disaient que la vertu des sacrements se per-
dait entre les mains d'un ministre dont la vie ne serait pas sainte4; comme si Dieu, en ins-
tituant ces sources permanentes de sanctification, eût fait dépendre leur action de la piété
des hommes qu'il en faisait dépositaires
* Cf. Messager des sciences et arts historiques de Bel-
gique, 2" ^e'rte, 1839, p. 139. — Buhetin monumentai,
t. XIII, 186.—Etc.
^ Spiciieg., è ctt., p. 6 : «Cujus mysterium non aiiter
nisi sub Trinitatis designatione, id est Patris et Fiiii et
SpiritusSancti cognominatione compietur. Undc Dominus
ad discipuios : ite, inquit, docete ottntes yeute^,- èctpft-
.ZCUtte.S CM Ùt ttOtttÙtC Punis cl Fdu et A'ptrt'ncs Acutctt. ))
s Moneta , è ctt., iibr. IV , cap. 1 (p. 281) : « Eccc
quod per impositionem mannum descendit Spiritus Sanctus
in baptizatos, non per baptismum Johannis. Istam aucto-
ritatem introducunt; credentes baptismum Ecciesiacro-
manae esse baptismum Johannis, quum Johannes in aqua
materiaii baptizaverit sicut Ecciesia romana. Hoc autem
negamus; nonenim credimus aut dicimusquodbaptismus
quo utitur Ecciesia , sit baptismus Johannis : iicet enim
conveniatsecum in materia, quia in aqua ht, tamen forma
verborum ecclesiae nostrae est ista : JBctptt^o te ut ttotttttte
IV.
Putrts et Ftôt et Aptrtttcs Actttctt/ quam formam Dominus
discipulis primo dédit Alatthaei uitimo, v. 19 : Fcqjtt^uttte^
eos ût ttotttttte Putrt's et Fdtt et Aptrtttty Acutctt. w
It. ibid. § 7 et 8 (p. 288, 289).
* Spiciieg., è ctt., p. A. Res^otm'o /teterettet'.* «... Si
quis autem in baptismate aiiqnod dicat iatcrc sacramentum,
hoc tribus ex causis evacuatur. Una, quia vita reproba mi-
nistrorum baptizandis nuiium potest praebere saiutis reme-
dium. Etc. «
Cf. Moneta, iibr. V, cap. 5 (p. A30-438).
s Spiciieg., è ctt., p. 6, 7 : « Quod quidem mysterium
(âupttstttcttt's).... sacramentum dicitur; quod idcopcnes
Ecciesiam fructuose agitur quia sanctus in eo descendons
Spiritus eumdem sacramenti iatenter operatur cifectum.
Unde seu per bonos, seu per maios ministros intra Eccie-
siam dispensetur, tamen quia Spiritus Sanctus mysticc
iiiud viviheat, nec bonorunt meritis ampiiheatur, ncc ma-
iorum vitiis attenuatur. Etc., etc.
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FONTS' BAPTISMAUX DE LIÈGE,
males'. Mais en face des hardis novateurs qui niaient l'efficacité de l'initiation chrétienne,
on ne pouvait trop insister sur les moindres détails; et l'artiste l'a fait, comme le firent les
docteurs de ce temps ". ïl fallait d ailleurs, à cause de ces erreurs nouvelles, faire bien remar-
quer que, simple symbole sous la main du Précurseur, cette cérémonie avait été élevée à un
ordre bien plus haut par le Fils de Dieu \ Ce pouvoir nouveau, donné à 1 inerte élément par
1 institution du Rédempteur, est encore marqué sur les fonts de Liège, par la main divine qui
bénit les néophytes plongés dans l'eau par les deux apôtres; vestige du symbolisme des pre-
miers âges chrétiens, qui ne survit guère au xiif siècle, mais que nous retrouvons toujours
plus usité en remontant le cours des temps jusqu'aux monuments des catacombes. Le sens
de ce signe est bien clairement indiqué par les inscriptions qui l'accompagnent. Au-dessus de
Craton, c'est DEXTERA DEI; et sur la tête de Corneilie : CECtDtT SPIRITUS SANCTUS SUPER OMNES
QUi AUDIEDANT VERRUM. Or, personne n'ignore que le Saint-Esprit est appelé : DlGiTUS PA-
rERNÆ DEXTERÆ. Le fidèle le moins lettré reconnaissait donc à cette marque distinctive, dès
le premier coup d'œil, de quel côté était le vrai baptême signe sensible d'une grâce certaine,
ou le simple rite figuratif et préparatoire dont toute l'efficacité était subordonnée aux dis-
positions intérieures du pénitent.
Nous avons vu, dans l'inscription du limbe inférieur de la cuve baptismale, que les douze
bœufs placés autour de la base désignaient non-seulement les apôtres, mais leurs successeurs
dans le ministère ecclésiastique. Cette transmission du pouvoir dans l'Eglise neût pas fait
difficulté en tout autre temps; mais on avait à la rappeler tout particulièrement en face des
Cathares, qui, en cela d'accord avec lesVaudois, disaient que la vertu des sacrements se per-
dait entre les mains d'un ministre dont la vie ne serait pas sainte4; comme si Dieu, en ins-
tituant ces sources permanentes de sanctification, eût fait dépendre leur action de la piété
des hommes qu'il en faisait dépositaires
* Cf. Messager des sciences et arts historiques de Bel-
gique, 2" ^e'rte, 1839, p. 139. — Buhetin monumentai,
t. XIII, 186.—Etc.
^ Spiciieg., è ctt., p. 6 : «Cujus mysterium non aiiter
nisi sub Trinitatis designatione, id est Patris et Fiiii et
SpiritusSancti cognominatione compietur. Undc Dominus
ad discipuios : ite, inquit, docete ottntes yeute^,- èctpft-
.ZCUtte.S CM Ùt ttOtttÙtC Punis cl Fdu et A'ptrt'ncs Acutctt. ))
s Moneta , è ctt., iibr. IV , cap. 1 (p. 281) : « Eccc
quod per impositionem mannum descendit Spiritus Sanctus
in baptizatos, non per baptismum Johannis. Istam aucto-
ritatem introducunt; credentes baptismum Ecciesiacro-
manae esse baptismum Johannis, quum Johannes in aqua
materiaii baptizaverit sicut Ecciesia romana. Hoc autem
negamus; nonenim credimus aut dicimusquodbaptismus
quo utitur Ecciesia , sit baptismus Johannis : iicet enim
conveniatsecum in materia, quia in aqua ht, tamen forma
verborum ecclesiae nostrae est ista : JBctptt^o te ut ttotttttte
IV.
Putrts et Ftôt et Aptrtttcs Actttctt/ quam formam Dominus
discipulis primo dédit Alatthaei uitimo, v. 19 : Fcqjtt^uttte^
eos ût ttotttttte Putrt's et Fdtt et Aptrtttty Acutctt. w
It. ibid. § 7 et 8 (p. 288, 289).
* Spiciieg., è ctt., p. A. Res^otm'o /teterettet'.* «... Si
quis autem in baptismate aiiqnod dicat iatcrc sacramentum,
hoc tribus ex causis evacuatur. Una, quia vita reproba mi-
nistrorum baptizandis nuiium potest praebere saiutis reme-
dium. Etc. «
Cf. Moneta, iibr. V, cap. 5 (p. A30-438).
s Spiciieg., è ctt., p. 6, 7 : « Quod quidem mysterium
(âupttstttcttt's).... sacramentum dicitur; quod idcopcnes
Ecciesiam fructuose agitur quia sanctus in eo descendons
Spiritus eumdem sacramenti iatenter operatur cifectum.
Unde seu per bonos, seu per maios ministros intra Eccie-
siam dispensetur, tamen quia Spiritus Sanctus mysticc
iiiud viviheat, nec bonorunt meritis ampiiheatur, ncc ma-
iorum vitiis attenuatur. Etc., etc.
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