220 MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
mouvement de la tige, et de plus radieux que l'épanouissement de la fleur. Seulement, la
verve de l'artiste n'est pas encore modérée dans son élan par la juste mesure sans laquelle le
goût éclairé ne saurait être satisfait.
Cette mesure, je crois la reconnaître dans la crosse du musée d'Angers (yi<y. 89), trouvée
dans les tombeaux de Toussaint, et digne d avoir été tracée par l'architecte inconnu de cette
charmante église. Au bas de l'émail précédent on apercevait un ange gravé au trait et se
dessinant en or sur l'azur de la douille. Des anges avec des livres à la main enrichissent ici les
médaillons enlacés du nœud. Nous voici en présence d'un symbolisme nouveau, encore incom-
plet, encore obscur, mais qui s'éclaircira par ses
variantes et se complétera en se reproduisant.
Tandis que sur les crosses de Sens et d'Angers
l'œil n'apercevait que des fleurs et des anges, on ne
verra dans une partie de celles qui vont suivre que
des fleurs et des monstres. Ce sont des griffons af-
frontés en becquetant des rinceaux et en entrela-
çantleurs queues fleuries, que I on voit sur la crosse
émaillée donnée au musée archiépiscopal de Lyon par sbn éminent
fondateur le cardinal de Bonald; ce prélat l'a trouvée au Puy, sor
premier diocèse. Elle m'a semblé mériter par son importance d'être
reproduite de grandeur naturelle (^9. 90), avec le développement
des émaux de sa douille (yè/. 9!).
Aussi pauvrement partagée sous le rapport du symbolisme, la
crosse suivante, dessinée à l'abbaye Saint-Maurice-en-Valais fyiÿ. 92),
a pour ornements de son nœud des syrènes à la tête décevante de
femme, aux ailes d'aigle, aux griffes de lion et à la queue de reptile,
emblèmes de toutes les forces delà nature animale, dangereuses pour
la double vie de l'homme.
Des syrènes mollement cambrées sur le nœud et des dragons grim-
pant le long de la douille, font aussi tous les frais du symbolisme
incomplet d'un monument délicat possédé par un riche collection-
neur anglais, M. Magniac M. P. (/è?. 93).Ce monument vient, hélas!
de France, comme tant d'autres appréciés par le goût et conquis par
l'or de nos heureux voisins. Je tiens de M. Magniac quelle provient de l'abbaye de Foigny,
et quelle a été trouvée dans la tombe du célèbre Barthélemi de Yir, le fondateur, d'après
Guibert de Nogent, de la cathédrale de Laon, dans les premières années du XïP siècle.
Le style du travail n indiquerait pas une époque aussi reculée et j'entreverrais même, à
mouvement de la tige, et de plus radieux que l'épanouissement de la fleur. Seulement, la
verve de l'artiste n'est pas encore modérée dans son élan par la juste mesure sans laquelle le
goût éclairé ne saurait être satisfait.
Cette mesure, je crois la reconnaître dans la crosse du musée d'Angers (yi<y. 89), trouvée
dans les tombeaux de Toussaint, et digne d avoir été tracée par l'architecte inconnu de cette
charmante église. Au bas de l'émail précédent on apercevait un ange gravé au trait et se
dessinant en or sur l'azur de la douille. Des anges avec des livres à la main enrichissent ici les
médaillons enlacés du nœud. Nous voici en présence d'un symbolisme nouveau, encore incom-
plet, encore obscur, mais qui s'éclaircira par ses
variantes et se complétera en se reproduisant.
Tandis que sur les crosses de Sens et d'Angers
l'œil n'apercevait que des fleurs et des anges, on ne
verra dans une partie de celles qui vont suivre que
des fleurs et des monstres. Ce sont des griffons af-
frontés en becquetant des rinceaux et en entrela-
çantleurs queues fleuries, que I on voit sur la crosse
émaillée donnée au musée archiépiscopal de Lyon par sbn éminent
fondateur le cardinal de Bonald; ce prélat l'a trouvée au Puy, sor
premier diocèse. Elle m'a semblé mériter par son importance d'être
reproduite de grandeur naturelle (^9. 90), avec le développement
des émaux de sa douille (yè/. 9!).
Aussi pauvrement partagée sous le rapport du symbolisme, la
crosse suivante, dessinée à l'abbaye Saint-Maurice-en-Valais fyiÿ. 92),
a pour ornements de son nœud des syrènes à la tête décevante de
femme, aux ailes d'aigle, aux griffes de lion et à la queue de reptile,
emblèmes de toutes les forces delà nature animale, dangereuses pour
la double vie de l'homme.
Des syrènes mollement cambrées sur le nœud et des dragons grim-
pant le long de la douille, font aussi tous les frais du symbolisme
incomplet d'un monument délicat possédé par un riche collection-
neur anglais, M. Magniac M. P. (/è?. 93).Ce monument vient, hélas!
de France, comme tant d'autres appréciés par le goût et conquis par
l'or de nos heureux voisins. Je tiens de M. Magniac quelle provient de l'abbaye de Foigny,
et quelle a été trouvée dans la tombe du célèbre Barthélemi de Yir, le fondateur, d'après
Guibert de Nogent, de la cathédrale de Laon, dans les premières années du XïP siècle.
Le style du travail n indiquerait pas une époque aussi reculée et j'entreverrais même, à