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IVOIRES A SUJETS PROFANES.

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l'un à pied, l'autre à cheval. Deux seulement de ces bas-reliefs trouveront place ici, mais nous
indiquerons rapidement nos conjectures sur les autres.
Aux temps de décadence qu'annonce l'art de ces bas-reliefs, l'amour du luxe s'était plutôt
accru que modéré ; car les siècles de luxe ne renoncent pas à l art en perdant le goût, ils le
prodiguent plutôt et le gaspillent en substituant la recherche et la richesse à la beauté. Boèce,
dans sa prison, rappelle sa riche bibliothèque, où lamour de la science ne lui avait pas fait
oublier la somptuosité des lambris, et où les murs étaient couverts de mosaïques (de glaces
peut-être) et d'ivoire ' ; Sidoine Apollinaire " parle de sièges plaqués d'ivoire et de métaux pré-
cieux ; d'autres indications, et plusieurs fragments conservés jusqu'à nous, annoncent que
l'ivoire sculpté s'employait dans les maisons des grands pour l'ornementation des portes, des
lits, des armoires, des tables, des coffres destinés aux livres ou aux ustensiles de toilette. Ce
serait donc se hasarder beaucoup que de prétendre déterminer à coup sûr la destination pri-
mitive des bas-reliefs aujourd'hui attribués au monument ecclésiastique de saint Henri. Mais,
au lieu de nous perdre dans un lève si vague, voyons tout simplement s'il est possible de
deviner les sujets que le sculpteur avait groupés dans l'ensemble du meuble dépouillé pour
orner l'ambon d'Aix-la-Chapelle.
L'empereur à cheval semble former comme le centre de tout cela, et avoir reçu pour pen-
dant un autre bas-relief où il reparaîtrait de nouveau sous l'aspect du dieu de la guerre. Pour
cortège, on lui a donné un Bacchus avec une Vénus marine, et un autre Bacchus avec une
fsis de Pharos. Serait-ce l'expression allégorique du bonheur répandu par le règne de ce
prince? ou bien ne s'agissait-il que de retracer la joie causée par quelque circonstance par-
ticulière, comme le renouvellement de l'année ou un anniversaire de naissance? L'empereur
est à cheval, et deux génies ailés soutiennent sur sa tête une couronne. De sa lance il perce
une panthère sur laquelle un chien paraît s'acharner, et sous le pied soulevé de son cheval
on aperçoit un oiseau, qui semble être un coq. Le guerrier en pied, qui fait face à cette scène,
est accompagné aussi d'un chien (si ce n'est d'un loup) et d'un coq, sur lequel pose son pied
gauche. Cette similitude des deux bas-reliefs doit bien avoir une raison, mais comment s'as-
surer d'avoir trouvé la véritable? L'humeur batailleuse du coq, et sa fierté, auront pu le faire
prendre pour symbole d'une nation guerrière et inquiète (les Perses, par exemple); peut-
être aussi ne l'a-t-on employé que pour désigner tout simplement l'orgueil ou l'esprit de
discorde. Ce dernier ordre d'idées s'appliquerait également à l'autre ivoire, où il ne semble
pas que la chasse soit le véritable sujet; la panthère y figurerait donc avec un sens moral,
pour représenter l'ivrognerie ou l'intempérance domptée.
* Co7Moàif. P/:ûc.sop/i., iibr. I, pro.5. Y, not. ù: A. /. ^ Sidon., Æpù;. YIII, 8 (Sismondi opp. , p. 622) :
f< Eboratas curuies, et gestatorias bracteatas. «
 
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