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Nr. 1
DOI article:Martin-Daussigny, E.-C.: Tête de Junon Reine: bronze du Musée de Lyon
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0011
3 —
M. Léon Renier, qui reconnut que le mot anen n’était que l’abrévia-
tion du mot Aniensis, nom d’une des trente-cinq tribus romaines sous
les empereurs, et que ce nom de la tribu à laquelle appartenait Lilu-
gius, ayant été oublié par le sculpteur, celui-ci l’avait ajouté après
coup en omettant d’allonger le dernier trait de la lettre N pour figu-
rer la lettre l, ce qui se pratiquait quelquefois.
Afin de me rendre compte de ce fait, j’examinai attentivement l’ins-
cription, et, prenant au compas sa mesure à partir du commencement
jusqu’au milieu du diadème, je la reportai sur l’autre côté ; le compas
s’arrêtant sur la fin du mot col abrégé, il fut visible que le mot arien
était entièrement en dehors de cette autre moitié. Ceci prouve d’une
manière irrécusable que le mot anen avait été omis, puis ajouté après,
ainsi que l’avait pressenti l’illustre savant.
Ce fut donc à la colonie de Vienne que le questeur Lucius Lilugius,
fils de Sextus, de la tribu Aniensis, fit don de cette statue.
Placée dans notre galerie des antiques, la tête de Junon fut aussitôt
l’objet de l’admiration générale. Le bruit de cette importante décou-
verte se répandit, et le propriétaire du terrain dans lequel la tête avait
été trouvée vint en revendiquer la possession. Mais l’acquisition avait
été entourée de trop de précautions, et la renonciation du régisseur
fondé de pouvoirs trop bien constatée, pour que la vente pût être an-
nulée. L’auteur de cette revendication le reconnut, renonça par écrit
à toute prétention, et le musée de Lyon demeura paisible possesseur
de ce chef-d’œuvre.
Les recherches les plus minutieuses furent faites sur le lieu de la
découverte, mais elles furent infructueuses. D’ailleurs les précautions
que les dépositaires de cette tète avaient prises, en f entourant de bri-
ques pour la garantir, jusqu’à ce qu’ils pussent venir la reprendre, dé-
montraient assez qu’elle avait été apportée de loin, lorsque la statue
avait été brisée, et que les fragments dispersés avaient été enlevés avec
d’autant plus de soin que cette statue étant plaquée d’argent (i) avait
paru d’une valeur matérielle considérable à ceux qui avaient sauvé la
(1) Une de nos figurines du musée de Lyon, | particularité, non-seulement dans les chairs, mais
mais dont la tète manque, offre également cette | aussi dans les draperies.
M. Léon Renier, qui reconnut que le mot anen n’était que l’abrévia-
tion du mot Aniensis, nom d’une des trente-cinq tribus romaines sous
les empereurs, et que ce nom de la tribu à laquelle appartenait Lilu-
gius, ayant été oublié par le sculpteur, celui-ci l’avait ajouté après
coup en omettant d’allonger le dernier trait de la lettre N pour figu-
rer la lettre l, ce qui se pratiquait quelquefois.
Afin de me rendre compte de ce fait, j’examinai attentivement l’ins-
cription, et, prenant au compas sa mesure à partir du commencement
jusqu’au milieu du diadème, je la reportai sur l’autre côté ; le compas
s’arrêtant sur la fin du mot col abrégé, il fut visible que le mot arien
était entièrement en dehors de cette autre moitié. Ceci prouve d’une
manière irrécusable que le mot anen avait été omis, puis ajouté après,
ainsi que l’avait pressenti l’illustre savant.
Ce fut donc à la colonie de Vienne que le questeur Lucius Lilugius,
fils de Sextus, de la tribu Aniensis, fit don de cette statue.
Placée dans notre galerie des antiques, la tête de Junon fut aussitôt
l’objet de l’admiration générale. Le bruit de cette importante décou-
verte se répandit, et le propriétaire du terrain dans lequel la tête avait
été trouvée vint en revendiquer la possession. Mais l’acquisition avait
été entourée de trop de précautions, et la renonciation du régisseur
fondé de pouvoirs trop bien constatée, pour que la vente pût être an-
nulée. L’auteur de cette revendication le reconnut, renonça par écrit
à toute prétention, et le musée de Lyon demeura paisible possesseur
de ce chef-d’œuvre.
Les recherches les plus minutieuses furent faites sur le lieu de la
découverte, mais elles furent infructueuses. D’ailleurs les précautions
que les dépositaires de cette tète avaient prises, en f entourant de bri-
ques pour la garantir, jusqu’à ce qu’ils pussent venir la reprendre, dé-
montraient assez qu’elle avait été apportée de loin, lorsque la statue
avait été brisée, et que les fragments dispersés avaient été enlevés avec
d’autant plus de soin que cette statue étant plaquée d’argent (i) avait
paru d’une valeur matérielle considérable à ceux qui avaient sauvé la
(1) Une de nos figurines du musée de Lyon, | particularité, non-seulement dans les chairs, mais
mais dont la tète manque, offre également cette | aussi dans les draperies.