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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Chanot, E. de: Artémis Nanæa
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0025

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17 —

lennellement dans le temple d’Érech. Ceci se passait en 645 av. J.-C. Yoici en quels
termes le monarque assyrien raconte le retour de l’image de Nana dans la princi-
pale version de ses annales officielles (1) :

« La déesse Nana, qui depuis 1635 ans avait été profanée, enlevée et forcée de
<( résider dans Elarn, lelieu qui ne lui convenait pas, proclama alors ma gloire pour
« la domination de la terre, avec les dieux ses pères. Elle me confia le soin de son
« retour en ces termes : « Assourbanipal, fais-moi sortir de l’Elam maudit et fais-

« moi rentrer dans la Demeure d’Anou.» Je saisis les mains de sa grande divi-

« nité, et elle prit la route droite qui réjouissait son cœur pour revenir à la Demeure
« d’Anou. Le 1er du mois de kisiliv, je la fis entrer à Érecli, dans la Demeure de la
« splendeur d’Anou, le lieu de ses délices, et je lui élevai un autel perdurable. »

Huit siècles après, saint Méliton, écrivant son Apologie pour les chrétiens adres-
sée à Marc-Aurèle, recueillait une légende mythologique sur la captivité de la Nana
de Suse, dans laquelle il est impossible de ne pas retrouver un écho de ces évé-
nements, appartenant pourtant à l’histoire, et il la racontait, suivant son habitude,
sous une forme toute évhémériste :

« Les Élamites adorèrent Nani, fille du roi d’Elam. Les ennemis l’ayant faite
« prisonnière, son père lui fit élever une statue et un temple à Suse, forteresse qui
« est dans le pays d’Elam (2). »

Transplanté dans le pays d’Elam au milieu des circonstances qui viennent d’être
indiquées, et complètement naturalisé dans cette contrée, le culte de Nana y avait
gardé toutes les formes qui lui étaient propres en Chaldée, avec les idées parti-
culières auxquelles ces formes se rattachaient, et nous les y trouvons exactement
conservées au deuxième siècle avant l’ère chrétienne. Ainsi le livre des Maccha-
bées (3) raconte que c’était pour épouser Nanæa, d>ç cuvoix-rjcwv ocôt^ et recevoir en-
suite en dot les trésors de son temple, qu’Antiochus Epiphane s’était rendu à
Suse. Et cette étrange donnée est expliquée par le titre qu’une partie des plus an-
ciens rois chaldéens, particulièrement ceux de la cité de Karrak, prennent dans
leurs inscriptions en langue accadienne, dam Dingiri, « époux de Nana (4). » La
forme symbolique et rituelle de la prise de possession de la souveraineté était un
hymen avec la déesse.

Nana, importée de Chaldée, paraît avoir été identifiée dans l’Élam avec l’antique
déesse nationale de Suse, appelée Nakhounte ou Nakhounta dans les inscriptions
indigènes (5), et cette assimilation tenait probablement à une parenté de conception

(-1) IbicL, p. 234 et suiv. ; cf. p. 249 et suiv.

(2) Spicileg. Solesm., t. II, p. xliii; Renan, Mé-
moires de VAcad, des Inscr., nom. sér., t. XXIII,
2e part., p. 322 et suiv.

(3) II Maccab., I, 14.

(4) Voy. mes Études accadiennes, II, 1, p. 329;
Gelzer, Zeitschr. fur Ægyptische Spr. und Alter-
thumsk., 1873, p. 130.

(3) Voy. ma Magie chez les Chaldéens, p. 321.
 
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