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et Gupido, dont les médaillons contorniates nous ont conservé les portraits. Le poète
Martial, lui-même, est jaloux de la réputation du cheval Andrémon, non sum Andre-
mone clccrior caballo. Pour continuer l’énumération des inspirations que l’art antique a
puisées dans le cirque, il faudrait ajouter un grand nombre de pierres gravées, quel-
ques peintures et d’intéressantes mosaïques.
Préoccupés avant tout de demander à des conceptions idéales le secret de la beauté
de leurs œuvres, les sculpteurs romains du siècle d’Auguste peuplent le cirque d’A-
mours dont ils varient à l’infini les postures : tantôt l’aurige ailé, debout sur le char
léger, pousse devant lui ses coursiers emportés dans une allure impétueuse, plein
d’audace et de confiance ; tantôt, par un de ces revirements de la fortune qui devaient
être bien fréquents, le char est brisé, les chevaux s’abattent, l’aurige est précipité sous
les roues.
Le bas-relief dont nous donnons le dessin dans la planche 10, quoiqu’il soit anté-
rieur d’au moins un siècle à Constantin et aux médaillons contorniates, n’appartient pas
à la grande époque de l’art romain. L’artiste ne place plus dans les chars des habitants
de l’Olympe : on sent que Sénèque et Lucien ont passé par là. Ce n’est plus le beau idéal
que l’on cherche, c’est l’exactitude; ce ne sont plus des chevaux olympiens à la puis-
sante encolure , ce sont des chevaux gaulois petits et rapides, le garrot un peu grêle, le
col court, la crinière épaisse et soyeuse. Ce sont des auriges, revêtus du costume officiel,
dont tous les détails sont reproduits avec soin. L’un des chars vient de parvenir au bout
de la spina, il est séparé par la triple méta de son rival qui le suit de près, et agite son
fouet pour accélérer l’allure de son attelage (1). Les rênes sont enroulées autour de la
taille des cochers pour augmenter leur force de résistance (2). La partie inférieure du
sarcophage représente la balustrade du cirque. Ce bas-relief était brisé en sept morceaux
quand nous le rencontrâmes l’automne dernier dans un magasin de la gare de Saint-
Paul à Lyon. Nous procédâmes immédiatement à une enquête avec le concours de
M. Félix Mangini, directeur des travaux, qui mit une extrême obligeance à nous aider
à recueillir les renseignements que nous publions aujourd’hui.
La matière est ce calcaire jurassique que l’on trouve sur plusieurs points des environs
de Lyon, et que l’on nomme vulgairement pierre de choin, roche dure et compacte
très-propre à la fabrication des monolithes. Elle mesure 1 mètre 48 centimètres de
longueur sur 0m,73 de hauteur et 0m,lS cl’épaisseur. Après avoir été photographié,
le bas-relief a été placé, par les soins du sav ant M. Martin-Daussigny, dans le cloître
du palais Saint-Pierre, si riche en monuments lapidaires.
(I) D’après Montfaucon, dans les courses de
deux biges, comme celle qui fait l’objet de notre
bas-relief, l’un des chars était peint en blanc, l’au-
tre en noir; ils représentaient l’un le jour, l’autre
la nuit.
(2) C’est cette disposition des rênes enroulées
autour du corps de l’aurige qui est donnée comme
la cause de la fin prétendue d’Oreste dans le récit
trompeur que Sophocle fait faire par un des per-
sonnages de son Electre.
et Gupido, dont les médaillons contorniates nous ont conservé les portraits. Le poète
Martial, lui-même, est jaloux de la réputation du cheval Andrémon, non sum Andre-
mone clccrior caballo. Pour continuer l’énumération des inspirations que l’art antique a
puisées dans le cirque, il faudrait ajouter un grand nombre de pierres gravées, quel-
ques peintures et d’intéressantes mosaïques.
Préoccupés avant tout de demander à des conceptions idéales le secret de la beauté
de leurs œuvres, les sculpteurs romains du siècle d’Auguste peuplent le cirque d’A-
mours dont ils varient à l’infini les postures : tantôt l’aurige ailé, debout sur le char
léger, pousse devant lui ses coursiers emportés dans une allure impétueuse, plein
d’audace et de confiance ; tantôt, par un de ces revirements de la fortune qui devaient
être bien fréquents, le char est brisé, les chevaux s’abattent, l’aurige est précipité sous
les roues.
Le bas-relief dont nous donnons le dessin dans la planche 10, quoiqu’il soit anté-
rieur d’au moins un siècle à Constantin et aux médaillons contorniates, n’appartient pas
à la grande époque de l’art romain. L’artiste ne place plus dans les chars des habitants
de l’Olympe : on sent que Sénèque et Lucien ont passé par là. Ce n’est plus le beau idéal
que l’on cherche, c’est l’exactitude; ce ne sont plus des chevaux olympiens à la puis-
sante encolure , ce sont des chevaux gaulois petits et rapides, le garrot un peu grêle, le
col court, la crinière épaisse et soyeuse. Ce sont des auriges, revêtus du costume officiel,
dont tous les détails sont reproduits avec soin. L’un des chars vient de parvenir au bout
de la spina, il est séparé par la triple méta de son rival qui le suit de près, et agite son
fouet pour accélérer l’allure de son attelage (1). Les rênes sont enroulées autour de la
taille des cochers pour augmenter leur force de résistance (2). La partie inférieure du
sarcophage représente la balustrade du cirque. Ce bas-relief était brisé en sept morceaux
quand nous le rencontrâmes l’automne dernier dans un magasin de la gare de Saint-
Paul à Lyon. Nous procédâmes immédiatement à une enquête avec le concours de
M. Félix Mangini, directeur des travaux, qui mit une extrême obligeance à nous aider
à recueillir les renseignements que nous publions aujourd’hui.
La matière est ce calcaire jurassique que l’on trouve sur plusieurs points des environs
de Lyon, et que l’on nomme vulgairement pierre de choin, roche dure et compacte
très-propre à la fabrication des monolithes. Elle mesure 1 mètre 48 centimètres de
longueur sur 0m,73 de hauteur et 0m,lS cl’épaisseur. Après avoir été photographié,
le bas-relief a été placé, par les soins du sav ant M. Martin-Daussigny, dans le cloître
du palais Saint-Pierre, si riche en monuments lapidaires.
(I) D’après Montfaucon, dans les courses de
deux biges, comme celle qui fait l’objet de notre
bas-relief, l’un des chars était peint en blanc, l’au-
tre en noir; ils représentaient l’un le jour, l’autre
la nuit.
(2) C’est cette disposition des rênes enroulées
autour du corps de l’aurige qui est donnée comme
la cause de la fin prétendue d’Oreste dans le récit
trompeur que Sophocle fait faire par un des per-
sonnages de son Electre.