DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Houssaye, Henri: Deux figurines de la nécropole de Tanagra
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0080
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Malgré cette plainte patriotique où la révolte se sent sous l’ironie,
le nom de Béotien est resté comme une injure dans toute l’antiquité
gréco-latine. Après Platon, après Ménandre, après Horace, Plutar-
que lui-même, qui oubliait sans doute qu’il était Béotien, prodiguait
les épigrammes à l’ignorance, à la grossièreté et à la bêtise des Béo-
tiens (i). De nos jours, le mot « béotien» est passé dans le langage
usuel, et l’on qualifie ainsi l’homme dont l’intellect épais semble peu
accessible aux choses de l’esprit. Bien cependant n’est plus injuste.
Pour apprécier combien cette injure est imméritée, il n’est pas besoin
de se rappeler le génie tactique d’Epaminondas, de relire les poèmes
d’Hésiode, les fragments de Corinne, les odes de Pindare, les Vies
de Plutarque, tous Béotiens, comme on sait; il suffit d’aller au Louvre
et de donner un coup d’œil aux vitrines où sont exposées les terres-
cuites de Tanagra. Quoi de plus opposé à la prétendue lourdeur béo-
tienne que ces ravissantes figurines, si élégantes, si coquettes, si
gracieuses ?
Ce fut par hasard, il y a une dizaine d’années, qu’on découvrit les
premières figurines de Tanagra. Des paysans travaillant la terre dans
la vallée du Sari mirent à découvert des sarcophages antiques qui
renfermaient avec des vases et des débris de poteries multiformes une
multitude de figurines de terre-cuite. Le sol fouillé dans d’autres
parties de la plaine, non loin de la colline rocailleuse où s’élevait
Tanagra, en fit trouver aussi un grand nombre. La plupart de ces
statuettes étaient mutilées ; de beaucoup d’autres il ne restait que
poussière ; mais il y en avait aussi dans un état de conservation des
plus rares. Ces figurines, de diverses grandeurs, variant entre six et
quarante centimètres de hauteur, représentent des femmes, des en-
fants, de jeunes hommes. Modelées avec un art exquis à la partie anté-
rieure, ces statuettes n’étaient destinées qu’à être vues de face, carie
dos n’est pas même ébauché. Il présente une surface arrondie, per-
cée au milieu d’une sorte de trou d’évent, de la forme et de la dimen-
sion d’un œuf de pigeon. Un grand nombre de terres-cuites portent
(1) Plutarch., De esu carnis.
Malgré cette plainte patriotique où la révolte se sent sous l’ironie,
le nom de Béotien est resté comme une injure dans toute l’antiquité
gréco-latine. Après Platon, après Ménandre, après Horace, Plutar-
que lui-même, qui oubliait sans doute qu’il était Béotien, prodiguait
les épigrammes à l’ignorance, à la grossièreté et à la bêtise des Béo-
tiens (i). De nos jours, le mot « béotien» est passé dans le langage
usuel, et l’on qualifie ainsi l’homme dont l’intellect épais semble peu
accessible aux choses de l’esprit. Bien cependant n’est plus injuste.
Pour apprécier combien cette injure est imméritée, il n’est pas besoin
de se rappeler le génie tactique d’Epaminondas, de relire les poèmes
d’Hésiode, les fragments de Corinne, les odes de Pindare, les Vies
de Plutarque, tous Béotiens, comme on sait; il suffit d’aller au Louvre
et de donner un coup d’œil aux vitrines où sont exposées les terres-
cuites de Tanagra. Quoi de plus opposé à la prétendue lourdeur béo-
tienne que ces ravissantes figurines, si élégantes, si coquettes, si
gracieuses ?
Ce fut par hasard, il y a une dizaine d’années, qu’on découvrit les
premières figurines de Tanagra. Des paysans travaillant la terre dans
la vallée du Sari mirent à découvert des sarcophages antiques qui
renfermaient avec des vases et des débris de poteries multiformes une
multitude de figurines de terre-cuite. Le sol fouillé dans d’autres
parties de la plaine, non loin de la colline rocailleuse où s’élevait
Tanagra, en fit trouver aussi un grand nombre. La plupart de ces
statuettes étaient mutilées ; de beaucoup d’autres il ne restait que
poussière ; mais il y en avait aussi dans un état de conservation des
plus rares. Ces figurines, de diverses grandeurs, variant entre six et
quarante centimètres de hauteur, représentent des femmes, des en-
fants, de jeunes hommes. Modelées avec un art exquis à la partie anté-
rieure, ces statuettes n’étaient destinées qu’à être vues de face, carie
dos n’est pas même ébauché. Il présente une surface arrondie, per-
cée au milieu d’une sorte de trou d’évent, de la forme et de la dimen-
sion d’un œuf de pigeon. Un grand nombre de terres-cuites portent
(1) Plutarch., De esu carnis.