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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 4
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Lenormant, François: Jupiter Heliopolitanus
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0089

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— 81

politanus (1). Sur un point il semble y avoir contradiction formelle entre le dire de
Macrobe et la figure sculptée : l’écrivain dit que le Jupiter d’Héliopolis était imberbe,
tandis que sur le cippe de Nîmes on croit discerner que le dieu aurait un profil barbu
tourné vers la droite. Ceci n’est pourtant pas absolument certain, et dans l’état d’é-
paufrure de cette partie du bas-relief cette apparence fugitive pourrait être trom-
peuse. Mais en même temps l’assertion de Macrobe est ici de nature à soulever de
grands doutes ; la représentation sans barbe d’un dieu de premier ordre, et surtout
d’un dieu personnifiant le soleil, la plus haute expression de la puissance mâle dans
la nature, eût été bien contraire aux habitudes de la symbolique de l’Asie. Les Sy-
riens, remarque avec raison Lucien (2), « regardent comme la plus sotte erreur de
donner aux dieux des formes imparfaites, et pour eux la jeunesse est un état d’im-
perfection. »

Aucun monument ne permettait jusqu’ici )de contrôler les renseignements de
l’auteur des Saturnales sur le type plastique du dieu d’Héliopolis de Célésyrie ; les
monnaies mêmes de cette ville n’en donnent pas la figure. Le cippe de Nîmes nous
fournit ainsi une représentation de dieu jusqu’à présent unique, dont l’importance
m’a frappé en examinant l’original l’année dernière à la Maison-Carrée, et c’est ce
qui m’a conduit à penser qu’il y aurait un certain intérêt pour la science à publier
enfin cette représentation d’une manière exacte.

Les documents épigraphiques attestent la diffusion du culte de Jupiter Optimus
Maximus IJeliopolitanus dans tout le monde romain depuis le deuxième siècle de
l’ère chrétienne (3). Ce dieu avait en particulier un sanctuaire important à Pouz-
zoles (4). Un des collegia qui le desservaient se montre à nous, dans les inscrip-
tions, formé par les Berytenses qui Puteolis consistant, de même que c’est un homme
de Béryte qui adresse au même dieu la dédicace de Nîmes. Le voisinage d’Hélio-

les deux érudits que nous venons de nommer, les
représentations des cylindres assyriens et babylo-
niens publiés dans Cullimore, Oriental cylinders,
n05 96 et 107, et Lajard, Culte de Mithra, pl. xxvm,
n° 9, xxx, n° 1, liv B, n° 1. Le dieu ainsi figuré
est celui de l’atmosphère , de la foudre et des
pluies (voy. mon Commentaire de Bérose, p. 93
et suiv.), Bin, appelé aussi Ramanu, le Rimmon
de la Bible, dont les attributs essentiels et carac-
téristiques sont la hache et le foudre, même quand
il n’est pas monté sur le taureau (Layard, Monu-
ments of Nineveh, pl. lxv ; Lajard, Culte de Mi-
thra, pl. xxxvi, 20, 8). Nous arrivons ainsi à
déterminer le nom sémitique précis du dieu que
les Romains ont traduit par Jupiter Dolichenus.
C’était Rimmon, nom divin fort célèbre en Syrie
(II Reg., V, 18; cf. Zachar., XII, 10 ; I Reg.,XV,
18), tandis que celui de Bin ne paraît jamais avoir

franchi l’Euphrate. Quant à la Juno Dolichena,
associée à ce dieu par quelques monuments, c’est
manifestement Sala, l’épouse de Bin ou Rimmon
dans les documents assyriens (Tablettes mytholo-
giques : Cuneif. inscr. of West. As., t. III, pl.
67, n° 1; 66, recto, col. 2, 1. 15 et col. 6, 1. 27.
— Inscription de Bavian : Ibid., pl. 14, 1. 48),
dont le nom, combiné avec l’épithète de « mère »,
Sala umrnu, a donné naissance à la forme grecque
2y.Xap.gu (voy. mon Commentaire de Bérose, p. 95;
et mes Lettres assyriologiques, t. II, p. 250).

(1) Orelli, Inscr. lut., n° 1234; Seidl, p. 52,
n° 22.

(2) De dea Syr., 35.

(3) Marini, Atti degli Arvali, t. II, p. 541 ;
Preller, Rœmische Mythologie, p. 720.

(4) Mommsen, Inscr. regn. Neapolit. latin.,
n0* 2475, 2476 et 2488.
 
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