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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 4
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Chanot, E. de: Miniatures d’un manuscrit de Nicandre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0097

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— 89 —

les artistes anciens. En effet, au rapport des proportions qui existe entre le person-
nage et les deux animaux, à sa jeunesse (car c’est un adolescent plutôt qu’un
homme), enfin à l’agencement général de la composition, sans la place qu’elle tient
dans le manuscrit, on serait d’abord tenté de l’interpréter plutôt par la métamor-
phose d’Ascalabos Cet épisode de la fable de Déméter devait tenir une place dans
les scènes mythologiques d’une illustration antique des poèmes de Nicandre, car
il est raconté dans les Theriaca (1). Tl n’y aurait rien d’absolument impossible à ce
que le copiste du xie siècle, auquel nous devons le manuscrit de Paris, trouvant
dans l’original ancien qu’il reproduisait une vignette de la transformation d’Asca-
labos, ne l’ait pas conservée à sa place, sans doute parce qu’elle ne serait pas
tombée dans sa copie à un endroit qui lui parût convenable. Il en a agi de même
avec la peinture de la Naissance des serpents. Mais, au lieu de la rejeter à la fin,
sur les feuillets de garde, il l’aura introduite dans les Alexipharmaca, auprès d’un
passage auquel elle pouvait aussi s’appliquer. En effet, dans l’un et l’autre cas,
la pose de la figure et les taches de la peau, qui eussent très-bien convenu à Asca-
labos dans sa métamorphose, étaient également en situation. Ce n’est là qu’une
conjecture, mais on peut invoquer en sa faveur cette circonstance que le prototype
antique de notre manuscrit ne fournissait certainement presque aucune peinture
pour l’illustration des Alexipharmaca, tandis qu’elles y étaient très-multipliées pour
les Theriaca. En effet, pour les Alexipharmaca, placés par lui en second rang, le
copiste a laissé en blanc presque tous les endroits où il voulait mettre plus tard
une miniature, sans doute en attendant qu’un autre modèle lui permît de compléter
la décoration de son volume.

E. de CIIANOT.

(1) Y. 483-487. C’est, du reste, à Nicandre de
Colophon que l’épisode de la métamorphose d’As-
calabos en lézard a dû sa principale célébrité. Dans
la tradition attique plus ancienne, dont Apollodore
(I, 5, 3) s’est fait le rapporteur, Ascalaphos était
précipité par Déméter dans l’Hadès et recouvert
d’une pierre énorme qu’Hercule soulevait plus tard,
quand il descendait vivant dans les sombres de-
meures (Apollodor., II, 5, 12, 6. — Clavier et
Heyne ont reconnu l’interpolation manifeste de la
phrase ’AmcaXacpov piv oùv Ayip.7]Tzp È-nroiTiaev 5>tov placée
un peu après). La métamorphose en lézard avait
été chantée avec développement par Nicandre dans
le livre VIe de son poëme perdu des 'ETep&ioûiu£va
(Nicand., fragm. 56, p. 63, ed. O. Schneider), et
c’est de là qu’a été extrait le récit d’Antoninus Li-
beralis (Metamorph., 24). Il semble aussi que sur

ce point ce soit Nicandre qu’a imité Ovide (Metam
Y, v. 444-461), dont les vers sont devenus à leur
tour la source de la narration de Lactantius Pla-
cidus (Narrcit. fabnl., Y, 7) ; ce dernier a seule-
ment substitué au nom d’Ascalabos son équiva-
lent latin Stelles. Mais nous ne saurions admettre
que Nicandre ait inventé cet épisode tout d’une
pièce, comme semble le penser M. R. Foerster
(.Rciub und Rückkehr der Persephone, p. 82). Il aura
adopté quelque version locale du mythe, peut-être
originaire de l’Asie Mineure, sa patrie; et l’an-
cienneté de cette version est attestée par la forme
du nom de la mère d’Ascalabos, Mbu.n, « celle qui
mélange » le cycéon, la boisson mystique (voy.
G. Curtius, Grundzuge der Griech. Etymologie,
t, I, p. 299).
 
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