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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 6
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Mansell, C. W.: [Text]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0156

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— 148

massue à côté de lui ; le lion a sauté sur ses épaules et c’est en l’étreignant dans scs
bras, comme le montrent certaines peintures de vases d’ancien style, qu’Hercule
cherche à l’étouffer. Dans le champ on distingue les traces de deux caractères phé-
niciens, assez indistincts, qui semblent être Cette intaille est d’un grand intérêt
pour montrer l’origine directement asiatique de certaines représentations mytholo-
giques adoptées el copiées par l’art hellénique, qui les appliquait aux mythes de la
Grèce. C’est pour nous conformer à l’analogie et préciser le rapprochement qui
s’impose sous ce rapport, que j’ai employé le nom d’IIercule. Pour être véritable-
ment exact, en interprétant un monument phénicien, il faut appeler le dieu ici
représenté Melqarth, le grand dieu de Tyr. C’est là, en effet, celui des dieux de
Chanaan que les Grecs ont identifié à leur Héraclès, celui qui était représenté
triomphant du lion (des monuments très-nombreux de la numismatique et de la
glyptique le prouvent), celui enfin dont les mythes ont fourni de nombreux traits
à la fable héracléenne.

La seconde intaille, représentant une tête imberbe et casquée aux longs cheveux,
occupe le plat d’un scarabée en jaspe rouge. M. de Witte a dit que cette tête était
« probablement celle d’Arès, telle que la reproduisent certaines médailles de Soli
en Cilicie ». Malgré la grande autorité qui s’attache aux jugements de ce savant,
c’est la tête d’Athéné que l’on reconnaît d’ordinaire, et, je crois, avec raison, sur
les monnaies de Soli (1), et c’est elle que nous devons voir aussi sur cette pierre (2),
ou du moins la tète de la déesse phénicienne que les Grecs assimilaient à Athéné
parce qu’elle était représentée de même. D’après l’inscription de Lapithos dans file
de Cypre (3), cette déesse est Anctt. Mais dans d’autres parties de la Phénicie et de
la Palestine, c’est Astarté qui se montre sous les traits d’une déesse armée et guer-
rière (4), comme l'Istar de l’Assyrie (5). C’est dans le temple de cette divinité que
les Philistins vainqueurs dédient les armes de Saül (6). A Cypre on la surnommait
Ëyysioç (7). Sur les monnaies de Sidon(8), d’Anthédon (9) et de Bosra (lO), elle tient
la lance à la main. C’est^comme déesse guerrière, aussi bien qu’Anata, qu’Astarté
vit son culte adopté des Egyptiens au temps des conquêtes de la XVIIIe et de la XIXe
dynastie, et qu’elle est encore figurée dans les bas-reliefs ptolémaïques du temple
d’Edfou, parmi les auxiliaires divins d’Horus (11). En Grèce, partout où le culte
d’Aphrodite a é té directement apporté par les Phéniciens, à Cythère (12), à Sparte (13),
à Corinthe (14), nous rencontrons une Yénus armée.

Enfin la dernière des pierres dont nous reproduisons le sujet, toujours dans les
proportions de l’original, comme pour les deux autres, est un scarabée en cornaline,
d’un travail extrêmement fin, montrant la tète de face du dieu appelé sur les monu-

(1) Mionnet, Descr. de fnéd. cint., t. III, p. 610
et suiv.; Suppl., t. VII, p. 247 ; Brandis, Das
Münz-Mciss-und Geioichtsiuesen in Vorderasien,
p. 499.

(2) Dans les idées orientales (Lucian., De dea
Syr., 35) un dieu viril analogue à Arès aurait été
représenté barbu.

(Il faut pourtant observer ici qu’une intaille à
légende phénicienne, publiée par M. de Yogüé,
Mélanges d’archéologie orientale, pl. v, n° 22,
nous montre un Arès nu et imberbe , évidemment
copié de l’art grec. F. L.)

(3) Journal asiatique, août 1867, p. 120 ; voy.
plus haut, p. 14.

(4) Movers, Die Phœnizier, t. I, p. 633 et s.

(5) F. Lenormant, Essai de commentaire de
Bérose, p. 116-121; La légende de Sémiramis,

p. 42.

(6) I. Sam., XXXI, 10.

(7) Hesych., s. v.

■ (8) Eclchel, Doctr. num. vet., t. III, p. 371.

(9) Ibid., p. 443.

(10) Ibid., p. 501.

(11J Naville, Textes relatifs au mythe d’Horus,
recueillis dans le temple d’Edfou, pl. xiii. Astarté
y est représentée avec une tête de lionne, sur-
montée du disque solaire ; elle tient à la main un
fouet et est debout sur un char que traînent quatre
chevaux, foulant aux pieds un ennemi vaincu.

(12) Pausan., III, 23, 1.

(13) Pausan., [III, 15, 8: Plutarch., De fort.
Roman., t. VII, p. 260, ed. Reiske.

(14) Pausan., II, 4, 7.
 
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