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grâce et la beauté. Comme dans l’admirable statue conservée au Louvre, la déesse
est vêtue de la courte tunique dorienne, qui laisse à nu les bras et les jambes et
qu’une étroite ceinture retient à la taille. Un voile posé sur les épaules s’enfle der-
rière la tête et marque la rapidité de la course. La maiu gauche de la déesse tient
un arc; la droite est levée. A voir cette main ouverte et d’une grandeur dispro-
portionnée, cet index replié sur le pouce d’une manière si archaïque, si hiératique
dirions-nous presque, on serait tenté d’y chercher un geste symbolique emprunté
aux religions de l’Asie. Cependant un examen plus attentif montre au-dessus de
l’épaule droite un carquois, qui se confond presque avec le voile. On voit même,
entre le carquois et la main, un double trait indiquant la flèche que saisit la déesse.
Le doute n’est donc pas possible sur l’action qu’accomplit notre divinité; elle
s’apprête à lancer un trait.
A côté de la divine chasseresse se trouve son animal favori (1), la biche de
Cérynée, dont les bois étaient d’or, au dire des poètes de la Grèce (2). En même
temps que la biche s’élance un chien, qui semble être de même race que celui de
la Diane de bronze du Musée de Lyon (3).
Une inscription grecque, dont les caractères sont d’époque romaine, nous
apprend que la stèle avait été placée par une femme nommée Epicarpia sur la tombe
de son très-cher Agathéan.
CniKAPniA ATAOEANI ’Emjcapiua AyocOeavt
TOl) rAYKYTATCO tô y\uy,uzâ.xio
MNIAC XAPIN [iv(e)taç yapiv
Quelques savants pensent que toute divinité représentée sur une stèle funéraire
n’est autre que le mort lui-même dans son état d’immortalité. Mais ici l’apothéose
ne peut pas avoir fait d’un jeune homme une Artémis. Il faut donc se souvenir de
ce que Diane est, avec son frère Apollon, la déesse dont les flèches homicides mois-
sonnent les jeunes gens qui meurent avant l’heure (4). C’est le rôle qu’elle a dans
le mythe des enfants de Niobé, dont la représentation sur les sarcophages et sur
les vases peints a une signification funèbre si caractérisée.
vement des bras est le même que dans notre stèle ;
mais la déesse n’y est pas accompagnée de la
biche, et elle ne porte pas la tunique dorienne
mais bien la tunique talaire.
(1) La biche et le chien se trouvent d’une ma-
nière fort analogue auprès de Diane dans une
statue du Musée de Naples (Clarac, pl. S70 B,
n° 1224 B). Auprès des pieds d’une autre, au
Musée de Dresde, le chien saisit une biche bles-
sée (.Augusteum, pl. ci ; Leplat, pl. lix ; Clarac,
pl. 570, n° 1216). La biche se dresse pour ca-
resser la déesse dans la belle Diane de la Glypto-
thèque de Munich (Clarac, pl. 566, n° 1246 B;
Müller - Wieseler, Denkm. d. ait. Kunst, t. II,
pl. xvi, n° 168).
(2) Schol. ad Pind., Olymp., III, 52.
(3) Gazette archéologique, 1876, pl. 13.
(4) Homer., Iliad., fil, 605 et s.
grâce et la beauté. Comme dans l’admirable statue conservée au Louvre, la déesse
est vêtue de la courte tunique dorienne, qui laisse à nu les bras et les jambes et
qu’une étroite ceinture retient à la taille. Un voile posé sur les épaules s’enfle der-
rière la tête et marque la rapidité de la course. La maiu gauche de la déesse tient
un arc; la droite est levée. A voir cette main ouverte et d’une grandeur dispro-
portionnée, cet index replié sur le pouce d’une manière si archaïque, si hiératique
dirions-nous presque, on serait tenté d’y chercher un geste symbolique emprunté
aux religions de l’Asie. Cependant un examen plus attentif montre au-dessus de
l’épaule droite un carquois, qui se confond presque avec le voile. On voit même,
entre le carquois et la main, un double trait indiquant la flèche que saisit la déesse.
Le doute n’est donc pas possible sur l’action qu’accomplit notre divinité; elle
s’apprête à lancer un trait.
A côté de la divine chasseresse se trouve son animal favori (1), la biche de
Cérynée, dont les bois étaient d’or, au dire des poètes de la Grèce (2). En même
temps que la biche s’élance un chien, qui semble être de même race que celui de
la Diane de bronze du Musée de Lyon (3).
Une inscription grecque, dont les caractères sont d’époque romaine, nous
apprend que la stèle avait été placée par une femme nommée Epicarpia sur la tombe
de son très-cher Agathéan.
CniKAPniA ATAOEANI ’Emjcapiua AyocOeavt
TOl) rAYKYTATCO tô y\uy,uzâ.xio
MNIAC XAPIN [iv(e)taç yapiv
Quelques savants pensent que toute divinité représentée sur une stèle funéraire
n’est autre que le mort lui-même dans son état d’immortalité. Mais ici l’apothéose
ne peut pas avoir fait d’un jeune homme une Artémis. Il faut donc se souvenir de
ce que Diane est, avec son frère Apollon, la déesse dont les flèches homicides mois-
sonnent les jeunes gens qui meurent avant l’heure (4). C’est le rôle qu’elle a dans
le mythe des enfants de Niobé, dont la représentation sur les sarcophages et sur
les vases peints a une signification funèbre si caractérisée.
vement des bras est le même que dans notre stèle ;
mais la déesse n’y est pas accompagnée de la
biche, et elle ne porte pas la tunique dorienne
mais bien la tunique talaire.
(1) La biche et le chien se trouvent d’une ma-
nière fort analogue auprès de Diane dans une
statue du Musée de Naples (Clarac, pl. S70 B,
n° 1224 B). Auprès des pieds d’une autre, au
Musée de Dresde, le chien saisit une biche bles-
sée (.Augusteum, pl. ci ; Leplat, pl. lix ; Clarac,
pl. 570, n° 1216). La biche se dresse pour ca-
resser la déesse dans la belle Diane de la Glypto-
thèque de Munich (Clarac, pl. 566, n° 1246 B;
Müller - Wieseler, Denkm. d. ait. Kunst, t. II,
pl. xvi, n° 168).
(2) Schol. ad Pind., Olymp., III, 52.
(3) Gazette archéologique, 1876, pl. 13.
(4) Homer., Iliad., fil, 605 et s.